Pour Eric Chinje, Chief Executive Officer de l’African Media Initiative (AMI), Ameenah Gurib-Fakim, Chief Guest à l’ouverture du forum des patrons de presse et des journalistes d’Afrique qui s’achève à Johannesburg vendredi, pourrait être celle qui va booster le monde des médias en Afrique.
Quel est le rôle de l’AMI ?
Le but premier de l’AMI est de faciliter la recherche et de trouver des solutions pour les médias. Actuellement, il y a un problème de renforcement de capacités. On veut donner une orientation à ceux qui ont les moyens d’aider les médias africains. On aide les dirigeants des médias à mieux structurer leur entreprise en cette ère de la technologie.
Pensez-vous que les patrons de presse ne font pas assez ?
On espère que les patrons de presse ne pensent pas qu’au profit et qu’ils jouent le jeu.
N’y a-t-il pas un nivellement vers le bas sur le plan journalistique?
C’est le cas en Afrique, malheureusement.
Qu’est-ce qui cloche, selon vous?
Les médias attirent des personnes sans vocation. La plupart le font pour un salaire à la fin du mois. Et c’est dommage, ils sont la majorité. Il faut identifier ceux qui ont la gagne, la passion, la vocation. Sinon…
Il y a le phénomène de ‘citizen journalism’ qui prend de l’ampleur. Y a-t-il un danger ?
On ne peut se battre contre une force, il faut juste l’incorporer.
N’y a-t-il pas un danger quand le quidam se prend pour journaliste et balance n’importe quoi sur un site ?
Si. Ce danger existe, mais il faut faire un tri… Le citoyen est devenu un producteur. Il faut trouver d’autres moyens de faire survivre les médias dans un environnement numérique.
Une question qui peut fâcher: le commercial tente de prendre le dessus sur l’éditorial. Comment trouver le juste milieu ?
C’est un réel problème dans le monde et cela prend de l’ampleur en Afrique. Un patron de presse doit savoir ce qu’il a choisi. S’il a lancé un journal ou une radio privée et qu’il veut que son entreprise progresse, il a un choix. S’il pense que c’est pour faire du profit, il faut changer de métier. Mais s’il croit dans son organe de presse, il va réussir, quitte à faire des pertes au départ, mais au final, il sera gagnant. Son rôle premier est d’éduquer.
Avez-vous confiance dans l’avenir des médias ?
Au niveau de AMI, nous sommes déterminés à donner un coup de main pour la survie des médias.
Pourquoi avoir choisi Ameenah Gurib-Fakim pour l’ouverture de ce séminaire ?
Le choix est clair : Ameenah Gurib-Fakim, est parmi les rares, sinon la seule, sur le continent africain à trouver des solutions. Elle peut être notre partenaire dans la vision que notre organisme a pour l’Afrique. Il existe un énorme fossé entre les dirigeants africains et les médias. Mme Fakim peut réduire ce fossé et être l’ambassadrice de AMI.
Vous devez savoir que ce n’est pas le grand amour entre les médias et le gouvernement du jour dans n’importe quel pays, principalement en Afrique...
Le dialogue est essentiel. C’est pour cela qu’Ameenah Gurib-Fakim est notre ambassadrice. Elle est une scientifique, elle est une ambassadrice. Elle est une winner.
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5142","attributes":{"class":"media-image alignnone wp-image-6456","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"960","height":"540","alt":"Ameenah Gurib-Fakim "}}]]
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5142","attributes":{"class":"media-image alignnone wp-image-6456","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"960","height":"540","alt":"Ameenah Gurib-Fakim "}}]]
Ameenah Gurib-Fakim: « Le bon journalisme est un baromètre de la société »
Intervenant lors du forum des patrons de presse, jeudi, à Johannesburg, la présidente de la République de Maurice a lancé plusieurs messages à propos du rôle des médias en Afrique. Elle est d’avis que si les médias veulent survivre, il faut investir dans la formation les journalistes et attirer et conserver des talents.
Ameenah Gurib-Fakim a mis l’accent sur la rigueur du journaliste dans l’exercice de ses fonctions. « Good journalism is a barometer of the society and we must pinpoint their errors, if ever, pour qu’il y ait plus de professionnalisme », a-t-elle fait ressortir. « Dans cette optique, ajoute-t-elle, les patrons de presse doivent investir dans le capital humain pour qu’il y ait des professionnels et en retour, ils peuvent s’assurer que leurs entreprises réalisent des profits. »
[panel contents="Elle a charmé l’assistance. Ameenah Gurib-Fakim a fait grosse impression lors de son intervention au forum des patrons de presse à Johannesburg. Très sobre mais imposante dans son discours, elle s’est prêtée à des selfies, à des discussions impromptues, mais surtout elle a été humble dans son approche. On se pressait pour faire des photos, pour lui parler, lui faire des gestes amicaux. Les gardes du corps se tenaient à l’écart, tout en restant vigilants. Bref, c’était une femme adulée, pour dire le moins." label="Standing ovation…" style="info" custom_class=""]
Elle a fait le lien entre la science et le journalisme qui serait « intrinsèque » et que la marche vers la démocratie « peut être rocailleuse », mais qu’il y a un prix à payer pour cela.
Mme Fakim a également parlé de l’importance de la technologie informatique dans les médias.
Elle trouve que « c’est devenue incontrôlable mais irréversible et importante dans le fonctionnement des medias ».
Questions à Ameenah Gurib-Fakim
Pourquoi avoir répondu à l’invitation de AMI? À travers les médias, on peut faire la différence. C'est un outil essentiel dans la vie de tous les jours. Mais le fait demeure que les journalistes doivent être formés Qu'est-ce qui cloche chez nos jeunes journalistes ? La rigueur doit être de mise dans le journalisme. Comment pouvez-vous aider à faire comprendre que le journalisme n’est pas quelque chose qui s’impose ? Il y a des titres en Une qui ne devraient pas l’être.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !