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Entre espoir et désillusion

Qui de Hillary Clinton ou de Donald Trump remportera la présidentielle de novembre prochain aux États-Unis ? C’est, selon toute évidence, la question clé qui dominera l’actualité politique sur le plan global en ce début d’année. Barack Obama, prix Nobel de la paix, avait promis lors de son discours d’investiture en janvier 2009 de « make the world a safer place to live in ». Or, aujourd’hui, très peu d’entre nous se hasarderaient à reconnaître que le monde actuel est plus sûr qu’il ne l’était huit années de cela. D’ailleurs, c’est nul autre que le président américain lui-même qui avait, en août 2014, fait allusion à un « retour d’une mentalité de la guerre froide » dans le sillage de l’affaire Snowden. Si, néanmoins, le réchauffement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba constitue un élément positif de l’administration d’Obama, l’ambivalence de sa stratégie géopolitique pèse comme une épée de Damoclès sur la paix globale. Comme l’attestent d’ailleurs les nombreux points chauds qui agitent aujourd’hui la planète. D’abord, l’Ukraine. En effet, les opérations militaires conjointes américano-ukrainiennes dans l’Est de ce pays en guerre depuis 2013 avec les séparatistes pro-russes risquent d’envenimer une situation déjà très tendue, alors que c’est la relance de l’accord de Minsk qu’il fallait privilégier. S’il est vrai que la présence des soldats russes dans l’Est de l’Ukraine est un secret de polichinelle, les militaires et matériels de guerre américains dans cette région, dans le but officiel « de former les soldats ukrainiens », ne sont guère rassurants et ne convainquent personne. D’autre part, en Syrie, alors que l’entrée en scène des troupes russes aux côtés de Bashar-Al-Assad l’an dernier est très mal vue par les Occidentaux, l’on est récemment passé à deux doigts d’une confrontation militaire directe entre Moscou et les forces de l’OTAN après la destruction d’un avion militaire russe par la Turquie. Heureusement que la médiation française a pu désamorcer la bombe. Dans la région Asie-Pacifique également, la tension demeure tout aussi vive, étant donné que les États-Unis ne cessent d’intensifier leurs contacts militaires avec les pays riverains (Philippines, Malaisie, Taiwan, Vietnam…), qui ont des prétentions territoriales sur les 3,5 millions de km² de la mer de Chine, potentiellement riche en hydrocarbures, dont 90 % sont revendiqués par Pékin. En outre, la promesse de Barack Obama, faite déjà en novembre 2011 en Australie et selon laquelle les États-Unis renforceraient leur présence dans la région, se traduit ces jours-ci par le truchement d’un subterfuge commercial pour davantage couper les ailes au géant chinois. En effet, fin juillet dernier, les États-Unis, le Japon et dix autres pays de la région ont jeté les bases d’un vaste accord de libre échange, qui reste encore à être concrétisé, car les retombées économiques font toujours débat dans certains pays concernés. Cependant, les propos de Barack Obama tenus en mai 2015 dans le Washington Post trahissent singulièrement ses réelles intentions. « Si nous n’écrivons pas les règles du commerce mondial, c’est la Chine qui le fera et elle le fera de façon à protéger ses intérêts au détriment des nôtres », avait-il alors déclaré sans ambages. Autre dossier brûlant se trouvant dans la ligne de mire de Washington : l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). Mise sur pied en 2010 dans le but manifeste de contrer l’universalisme américain, cette organisation regroupant de nombreuses républiques de l’ex-URSS, mais aussi l’Iran et l’Afghanistan, est marquée par l’influence dominante de la Chine et de la Russie, d’autant que le budget militaire de ces deux États nucléaires n’a cessé de croître ces dernières années. Comme pour donner la réplique, en janvier 2012 déjà, Barack Obama avait annoncé son intention de changer son fusil d’épaule, quant à sa stratégie militaire, en faisant de l’Asie, et non l’Europe, sa priorité à côté du Moyen-Orient. Même son discours à l’Union africaine le 27 juillet dernier, après une visite dans le pays de ses ancêtres, le Kenya, n’est pas anodin. Ce déplacement tombe effectivement à un moment où l’influence chinoise, du point de vue économique et stratégique, continue de s’étendre sur le continent africain. Il va sans dire qu’entre les discours moralisateurs et l’assistance financière, technique et matérielle concrète pour le développement, le choix est on ne peut plus évident.
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