La fête Eid est d’abord synonyme de partage. Et ils sont nombreux les familles musulmanes à venir en aide aux démunies de toutes les confessions religieuses. Rencontre avec ces bienfaiteurs du ramadan.
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« C’est gratifiant de savoir qu’on a été en mesure d’aider des personnes qui sont dans le besoin »
«La générosité masque nos imperfections », disait dans le temps, le calife musulman Hazrat Ali. Mais la générosité pendant le ramadan, c’est plus pour se rapprocher de Dieu, en passant par les plus vulnérables.
C’est justement la voie qu’a choisie Shaheer Sookharry. Cet habitant de Port-Louis le fait depuis plusieurs années pour honorer la mémoire de sa maman et de son frère. « Mon frère et ma mère, faisaient ensemble des donations aux nécessiteux. Après leur disparition, j’ai repris le flambeau pour leur rendre un fervent hommage. »
Et à ce jour, près de 600 familles bénéficient de l’aide de Shaheer et de ses proches. « Nous sommes trois à procéder à la distribution de vivres : ma sœur, mon père et moi-même. Pendant le mois du ramadan, nous remplissons un camion avec des denrées alimentaires avant de les distribuer dans les quatre coins de l’île. »
Pour Shaheer, sa plus grande satisfaction réside dans le sourire donné aux plus vulnérables. « Rien n’est comparable aux sourires des démunis, quand on leur offre de quoi manger à leur faim et de boire à leur soif. C’est ma plus grande satisfaction. Et c’est justement ce qui me donne l’envie de le faire année après année. »
Et quand il en vient à la générosité, Shaheer ne fait pas non plus de distinction. « Ma générosité ne s’arrête pas à une religion en particulier, parce que la misère ne touche pas uniquement une communauté. C’est pour cela que les bénéficiaires touchent tous les Mauriciens indistinctement de leurs confessions religieuses. »
Par ailleurs, Shaheer, procède à la distribution de vivres durant toute l’année. « Les gens qui me connaissent savent que ma porte est toujours ouverte pour eux. Il suffit de demander pour avoir de quoi se nourrir pendant toute l’année. »
Ce bon samaritain qui procède à ces donations obtient beaucoup de grâces. « Je ne donne pas pour avoir quelque chose en retour. N’empêche que depuis que je le fais je dois avouer que je suis beaucoup plus prospère. »
Aisha Asghar abonde dans le même sens. Cette habitante de Midlands affirme qu’effectuer des donations a complètement changé sa vie. « C’est gratifiant de savoir qu’on a été en mesure d’aider des personnes qui sont dans le besoin. Leurs bénédictions m’ont beaucoup aidé dans la vie. »
Comme Shaheer, Aisha s’organise aussi au sein de sa famille pour la distribution de vivres. « Avec ma famille, on cotise pour acheter de la nourriture pour les démunis. Dans certains cas, nous offrons aussi de l’argent. Pour la distribution, nous allons nous-mêmes, à la rencontre des familles pour leur offrir de quoi se nourrir. »
Par ailleurs, Aisha, ne compte pas non plus s’arrêter en si bon chemin. « J’aime ce que je fais et je me vois mal arrêter du jour au lendemain en sachant que les personnes qui dépendent de moi ne vont plus recevoir des vivres. C’est pour cette raison qu’aussi longtemps que je vivrai, je vais continuer à faire des dons. »
R. C., habitante de Plaine-Magnien, explique que la Zakat fait partie des cinq piliers de l’Islam. « La Zakat est un soutien financier apporté aux pauvres. Par la grâce de Dieu, mon époux et moi menons une vie confortable. Chaque année, nous partageons un pourcentage de nos biens avec huit familles qui sont dans le besoin. Le jour de l’Eïd, nous servons également un repas à trois autres familles », confie notre interlocutrice. Cette mère de deux enfants ajoute que Dieu bénira sa famille en retour.
La générosité des associations
« Chaque famille musulmane a le droit de célébrer l’Eïd ul-Fitr comme il se doit. Nous mettons du baume au cœur des familles démunies en leur offrant un repas pour la fête »
L’Eïd ul-Fitr est une fête de piété, de joie et de partage. Les musulmans se serrent alors les coudes pour couvrir les besoins des nécessiteux pendant les célébrations. Al Murtaaza Islamic Welfare Association (Hajj & Umrah Group) mène ces œuvres caritatives depuis plusieurs années.
Feiz Bengah, secrétaire de l’association, est sur le terrain depuis huit ans. Il tient cette envie d’aider les autres, de son père Moortaza, fondateur de l’association. « Nous avons offert un lot de produits alimentaires à 250 familles vulnérables de Port-Louis et de ses environs. La distribution a eu lieu le samedi 24 juin » , raconte Feiz Bengah.
Chacune de ces familles a reçu de la viande de bœuf, du riz, des pommes de terre, des oignons, de l’ail, du gingembre, de l’huile, du sucre, de la farine, du beurre clarifié et des vermicelles. Un lot de produit convient à une famille de trois à quatre personnes.
« Chaque famille musulmane a le droit de célébrer l’Eïd ul-Fitr comme il se doit. Nous mettons du baume au cœur des familles démunies en leur offrant un repas pour la fête. Ce don est fait sur une base volontaire et nous accomplissons notre devoir », explique le jeune homme. Il soutient que l’organisation de ce don débute avant le ramadan.
Les volontaires de l’association lancent un appel de générosité à leurs amis et proches. Le message est aussi relayé sur les réseaux sociaux. L’association reçoit graduellement des denrées alimentaires et surtout de dons en espèces. La somme recueillie est ensuite utilisée pour acheter les ingrédients nécessaires pour préparer un briani et des douceurs.
La distribution a généralement lieu la veille de l’Eïd. Les membres de l’association se mobilisent pour se rendre chez chaque famille. « Il y a deux ans, nous avons également offert du tissu aux musulmanes pour qu’elles aient une tenue neuve. Cette année, le temps a fait défaut », confie le secrétaire.
D’après Feiz Bengah, Al Murtaaza Islamic Welfare Association (Hajj & Umrah Group) a travaillé avec une organisation pour recenser les familles pauvres. Elles ont été ajoutées au répertoire que possède déjà l’association.
Cela fait près de dix ans depuis l’association Ghawf-O-Kwajah collecte des denrées alimentaires avant de les donner aux nécessiteux. Cette année, 400 familles de résidences Martial, Vallée-Pitot, Vallée-des-Prêtres et résidences La-Cure, entre autres, en ont bénéficié.
Javed Soyfoo, responsable de communication indique que la distribution des aliments a commencé depuis jeudi 22 juin. Les bénéficiaires ont ainsi reçu du riz, du lait, du sucre, du sel, des vermicelles, de la farine, du beurre, de l’huile et deux sachets de grains secs.
« De ce fait, ils peuvent préparer le repas de l’Eïd. Le créateur nous a donné ce dont nous avons besoin, alors cela nous fait plaisir de venir en aide aux plus vulnérables », fait ressortir Javed Soyfoo.
Ghawf-O-Kwajah procède aussi au partage des aliments pendant le mois sacré du ramadan. Une boîte de datte est ajoutée à liste mentionnée plus haut pour permettre à ceux dans le besoin de rompre le jeûne. Il souligne que l’association fait des dons alimentaires tous les mois à des familles de différentes confessions.
Imam Ziad Said Mohideen : « C’est le prophète qui a encouragé les fidèles à célébrer Eid »
« Pendant le ramadan, les musulmans font les mêmes prières qu’ils font tous les jours. Mais comme c’est un mois béni par Allah, les prières qui montent vers Lui sont beaucoup plus aptes à être exaucées »
Eid, c’est d’abord un grand moment de réjouissance pour l’imam Ziad Said Mohideen. Officiant à la Jummah Mosque, à Port-Louis, le religieux explique que c’est le prophète qui a ancré l’Eid dans l’islam.
« Avant, il n’y avait aucune obligation de célébrer cette fête. C’est le prophète qui a encouragé les fidèles à célébrer Eid. Parce qu’il faillait bien marquer la fin du ramadan, qui correspond à un mois de jeûne pour les musulmans. Et depuis la tradition est restée. »
Pendant ce mois sacré, les prières sont exaucées. « Pendant le ramadan, les musulmans font les mêmes prières qu’ils font tous les jours. Mais comme c’est un mois béni par Allah, les prières qui montent vers Lui sont beaucoup plus aptes à être exaucées. »
Et pendant la journée, il y a un moment propice pour s’attirer les faveurs du Créateur. « Les musulmans se recueillent quelques minutes avant de rompre le jeûne. Ce laps de temps précédent l’iftar est très propice pour des invocations. C’est pour cette raison c’est un moment très important dans la journée. »
Par ailleurs, si chaque tranche de la journée a une importance particulière, il en est de même pour les trois tranches de 10 jours avant les célébrations de Eid. « Pendant le ramadan, les dix premiers jours correspondent aux bénédictions qu’envoie le Créateur. On associe par la suite le 11e et le 20e jour, au pardon. Du 21e au 30e jour, le Créateur nous libère de l’enfer en considérant nos comportements vertueux. »
Et le jour de Eid, est principalement consacré à la prière et à la réjouissance. « Le jour de Eid, avant le lever du soleil, les hommes vont à la mosquée. De retour chez eux, c’est l’heure de la purification à travers le bain et les parfums. C’est aussi à ce moment qu’ils endossent de beaux vêtements avant d’effectuer la fitra, une donation aux démunies. »
Après cela c’est le retour à la mosquée pour écouter le sermon de l’imam. « Traditionnellement l’imam officiant, rappellera aux fidèles de continuer à faire de bonnes actions après le mois de ramadan. Par la suite, ce sera l’heure de la prière de l’Eid, après lesquelles surviennent alors les accolades. »
Pour l’imam, l’Eid c’est aussi le moment de passer un moment en famille. « Après la mosquée, il est important de se réunir autour d’une table pour partager un repas en famille. Pour l’Eid, il est également important de rendre visite aux défunts ou d’avoir une pensée pour eux. »
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