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Paiement du 14e mois : Reza Uteem évoque le besoin de revoir la définition du mot «worker» dans la loi

Le ministre Reza Uteem, Reeaz Chuttoo et Eddy Jolicoeur ont abordé les enjeux du monde du travail.
  • Une révision du système de rémunération recommandée

Après presque un mois en poste, le nouveau ministre du Travail, Reza Uteem, était l’invité de l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus, pour faire un tour d’horizon, exposer les projets en cours, et aborder surtout la question du 14e mois. À ses côtés, le syndicaliste Reeaz Chuttoo et Eddy Jolicoeur, spécialiste des ressources humaines, ont mis en avant les enjeux du monde du travail.

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« Il a fallu faire un exercice d’équilibre, tout en écoutant les travailleurs et en évaluant ce qu’on pouvait donner dans de telles circonstances », a expliqué le ministre du Travail, Reza Uteem, en évoquant la décision concernant le 14e mois. Pour ce dernier, « le pari est réussi », soulignant que son ministère a fait de son mieux, même s’il reconnaît ne pas avoir pu satisfaire tout le monde. 

« On a pu satisfaire 275 000 pensionnés (retraités, veuves, orphelins et handicapés). On a aussi pu satisfaire 420 000 employés, ce qui représente 90 % de travailleurs touchant moins de Rs 50 000. Mais, il est vrai qu’on n’a pas pu satisfaire les 10 % restants, ce qui représente au moins 40 000 employés ainsi que le secteur informel. J’aurais voulu faire plus mais, malheureusement, les chiffres préparés par le ministère des finances ont limité notre marge de manoeuvre », a-t-il indiqué.

La limite de Rs 50 000 a été retenue en cohérence avec la définition de « worker » dans le Workers’ Rights Act. Cependant, le ministre du Travail a souligné la nécessité de revoir cette définition, qu’il juge inadaptée à la réalité actuelle, notamment en raison de l’inflation et des réajustements salariaux.

Reza Uteem prône un partenariat entre le patronat et les travailleurs. Il a exprimé le souhait de voir un représentant des travailleurs dans comité parapublic. « Il faut mettre fin à cette opposition entre le management et les travailleurs. Nous devons désormais parler de partenariat », a-t-il affirmé.

Pour le syndicaliste Reeaz Chuttoo, afin d’avancer dans le bon sens avec le nouveau ministre du Travail, il faut établir un état des lieux, tout comme c’est le cas pour les finances. « Cet exercice va aider à identifier les hypocrisies sans précédent qui ont eu lieu », a-t-il indiqué, en citant des exemples tels que le maintien d’une roupie faible et la déduction d’une partie du salaire des travailleurs étrangers pour les « benefits in kind » (avantages en nature), notamment le logement et la nourriture. Ce sont autant d’abus, selon Reeaz Chuttoo, qu’il faut revoir.

Abordant la question du 14e mois, le syndicaliste est revenu sur la proposition faite par la CTSP qui consistait à donner un montant fixe aux employés touchant plus de Rs 50 000. Il a expliqué que cette suggestion reposait sur trois raisons principales. « Premièrement, la plupart des personnes gagnant plus de Rs 50 000 bénéficient du soutien d’une employée de maison ou doivent assumer des frais de crèche.», a-t-il souligné. 

Deuxièmement, Reeaz Chuttoo a évoqué les résultats d’un sondage réalisé par la CTSP, révélant que les employés percevant plus de Rs 50 000 disposent souvent d’un package salarial. Cependant, il a insisté sur le fait que, conformément à l’article 24(5) du Workers’ Rights Act, les employeurs doivent spécifier le salaire de base séparément des autres allocations, telles que les heures supplémentaires ou les congés publics. « Or, ce n’est pas le cas dans le secteur privé », a-t-il ajouté. Enfin, la troisième raison avancée concerne l’abus de certaines entreprises privées qui choisissent de payer le 14e mois en plusieurs tranches.

Paiement en tranches

Concernant le paiement en tranches, le ministre du Travail est revenu sur la règle générale qui stipule l’obligation de verser la moitié du 14e mois avant le 31 décembre et l’autre moitié avant le 31 janvier 2025. « Par la suite, lors de la rédaction et de la diffusion de la loi, une disposition a été ajoutée pour permettre une flexibilité, surtout aux entreprises qui ont déjà versé le 14e mois, voire le 15e mois pour certaines. Mais, même dans ce cas, le paiement en quatre tranches ne peut se faire qu’avec l’accord de l’employé », a précisé Reza Uteem.

Les conditions sont les suivantes : le premier quart doit être versé avant fin décembre et les trois autres quarts pendant les trois premiers mois de 2025 (janvier, février et mars). Toutefois, avec l’accord de l’employé, le paiement peut être étendu jusqu’en avril ou mai.

Sur cette question, Reeaz Chuttoo a regretté l’absence de dialogue tripartite : « À l’avenir, le ministre doit s’entourer de personnes capables de lui fournir une deuxième, voire une troisième opinion. »

Stratégie de rémunération

En se joignant au débat, le spécialiste des ressources humaines, Eddy Jolicoeur, a surtout évoqué la nécessité de revoir la stratégie de rémunération. « Pour éviter ce genre d’éternels débats autour des prescriptions salariales, il est peut-être temps d’engager une autre réflexion et de repenser la stratégie de rémunération. Aujourd’hui, les approches les plus modernes en matière de rémunération consistent à avoir une partie fixe du salaire et une autre partie variable », a-t-il recommandé.

Pour ce dernier, le 14e mois est une forme de gratification, car tout salaire implique une contrepartie, comme stipulé dans le contrat de travail. « Lorsqu’on rémunère quelqu’un, on s’attend à un retour. Il y a la rémunération et la prestation de service. De ce fait, la notion de gratuité devrait être moins courante », a-t-il ajouté, tout en ajoutant qu’il aurait souhaité la tenue d’un forum où le débat porterait sur la manière de rémunérer de façon plus moderne.

Le recrutement des travailleurs étrangers

Le ministre du Travail a également annoncé sa volonté de réformer le système actuel de recrutement des travailleurs étrangers. « Nous allons réglementer l’activité des agences de recrutement. Il existe trois types de licences : les recruteurs de travailleurs étrangers à Maurice, les recruteurs de Mauriciens destinés à travailler à l’étranger et les chasseurs de têtes, c’est-à-dire ceux qui recrutent des Mauriciens pour travailler ici-même. Une fois cette réforme mise en place, il faudra passer par des recruteurs agréés par le ministère », a-t-il précisé, soulignant qu’il y a beaucoup d’abus dans ce secteur.

Le calcul de la compensation salariale de Rs 610

Afin de déterminer la compensation salariale de Rs 610, le ministre du Travail, Reza Uteem, a expliqué le calcul : « Nous avons pris le chiffre officiel de Statistics Mauritius concernant l’inflation, qui est de 3,7 %, et nous l’avons multiplié par le salaire minimum, qui est de Rs 16 500. »

 

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