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Drogue synthétique - ASSEZ ! : L’art tend la main 

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Des artistes et des représentants d’ONG se sont succédé sur le plateau de Radio Plus, lors de l’émission spéciale, le vendredi 27 novembre, de 11 à 14 heures. L’art, comme vecteur pour sortir de l’emprise de la drogue ou comme méthode de sensibilisation ; la réforme politique de la drogue ou encore les composants et la fabrication de la drogue synthétique, ont été abordés. 

L'efficacité des mesure prises actuellement ont fait l'objet  des discussions.
L'efficacité des mesure prises actuellement ont fait l'objet des discussions.

« Ensam nou sanz sa societe la, ensam nou propaz lapaix ek la zoie… » Ces paroles de « Synthétik » de The Orchestra of Souls ont donné le ton de ce plateau spécial, axé sur l’engagement des ONG et des artistes. Jean-Luc Émile, chef d’édition de Radio Plus, et l’animatrice Tia Chenney ont accueilli Nitish Joganah, le chanteur de musique engagée ; Kunal Naïk, directeur de plaidoyer chez PILS (Prévention Information Lutte contre le SIDA) et Livio Bien-aimé du centre Frère René Guillemin. 

Nitish Joganah, qui a déjà consacré tout un album à la drogue pour contribuer à une prise de conscience, indique que la musique est efficace comme moyen de sensibilisation. « Ou kapav kol lafis dimoune pa guete. Me lamizik dimoune pa kapav bouss zorey », plaide-t-il. Il trouve que la légalisation du gandia est la solution pour combattre la drogue synthétique. 

Formation Poussée

Kunal Naïk, directeur de plaidoyer chez PILS, abonde dans le même sens. Il explique que la drogue synthétique a fait son apparition à Maurice entre 2011 et 2013. Il avance que 41% des patients atterrissent à l’hôpital et ce chiffre est bien plus que ceux qui consomment de l’héroïne. 

Il fait ressortir que le traitement pour la drogue synthétique est, pour l’heure, symptomatique. « La majorité des centres de réhabilitation doivent avoir une formation poussée. Si nou ress fige lor enn politik represif, li cree enn system kot dimoune pa kapav deman led », déplore-t-il. Kunal Naïk insiste sur une réforme de la politique de drogue. Il constate que les mesures mises en place ne sont pas efficaces. « Il faut un débat objectif sur le cannabis, afin de comprendre comment on peut l’utiliser. Mo sel la per se ena enn zenerasion ki pa konn cannabis me consom syntetik », dit-il. Il ajoute que les ressources doivent se concentrer sur le combat contre les têtes pensantes de la drogue synthétique.

Selon Danny Philippe, une enquête de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime a dévoilé qu'il existe plus de 500 types de drogues de synthèse. Il estime que le plus inquiétant c'est de ne pas connaître les effets de cette drogue sur le métabolisme. 

Il confie qu’auparavant, seules l'héroïne et le brown sugar faisaient des ravages, causant de nombreux morts. Il décide alors de se porter volontaire pour venir en aide à ceux qui font face aux problèmes de drogue et d'alcool. Les premiers dégâts, il raconte les avoir découverts en travaillant avec des collégiens, soit des jeunes à partir de la Form 5. Mais, quelques années plus tard, les choses ont évolué. « La drogue synthétique a fait rage en 2013. Nous avons assisté à un rajeunissement des consommateurs, nous poussant aujourd'hui, au niveau de Drip, à assurer des campagnes de prévention dès la petite enfance. »


Intervention des artistes

Jason Heerah, producteur de musique : « Tap la porte ban artis »

« Sime syntetik n’est pas le bon chemin », dit Jason Heerah. Le chanteur-batteur et producteur de musique est intervenu via Skype. Il dit que les artistes sont conscients de leur rôle. « En tant que producteur, mon rôle est de trouver des talents qui ont emprunté les mauvais chemins et qui n’ont pas encore réalisé leur potentiel. Leur entourage doit les encourager à faire montre de leur talent. Tap la porte ban artis ki fer lamizik », encourage-t-il. 

Blakkayo : « Si parmi 100 jeunes j'arrive à sortir 10 de la drogue, c'est déjà une victoire »

Le chanteur Blakkayo, connu pour ses morceaux engagés, est intervenu en direct. Il est d'avis que si la drogue synthétique fait des ravages aujourd'hui, c'est parce qu'elle est accessible aux jeunes et vendue à moindre coût. « Je passe mon temps à donner des conseils aux jeunes. Si parmi 100 jeunes j'arrive à sortir 10 de la drogue, c'est déjà une victoire. » Blakkayo indique qu'il faut mettre en place un système de prévention que les jeunes auront envie d'écouter. Laura Beg et Blakkayo ont d'ailleurs collaboré avec Drip pour le lancement officiel d'une vidéo sur la chanson « One Love » dans le cadre de la Journée mondiale de l'enfance. La vidéo a été présentée lors de l'émission. 

Laura Beg : « Ce fléau est une maladie pour la société »

Laura Beg, également invitée dans l'émission, a fait ressortir qu’en tant qu'artistes, ils se doivent de toujours prôner l'amour. « Les enfants découvrent la drogue comme un cadeau empoisonné. Aussitôt qu'ils tombent dans ce fléau, ils deviennent influençables. Nous sommes là pour leur dire à quel point il est difficile de sortir de ce piège une fois tombés dedans ». Laura décrit ce fléau comme « une gangrène, une maladie pour la société. En tant que maman j'ai des craintes, en tant que parent je me dois d'inculquer à mon enfant des valeurs et lui expliquer le mal que la drogue cause à toute une famille ». Laura Beg fait un appel au gouvernement afin d'introduire une plateforme pour venir en aide aux parents, aux ONG, et implémenter un système qui pourra toucher toutes les couches de la société.

Bruno Raya : « Nous voyons certains cas empirer à cause du rejet des parents »

Bruno Raya, qui compte 28 ans de carrière, confie avoir plusieurs fois essayé d'aider les jeunes et les orienter vers ses contacts. « Notre mission était de combattre la drogue. Aujourd'hui, les choses se sont envenimées, la drogue s'est propagée, elle est fabriquée localement. C'est triste de voir des talents condamner leur carrière juste à cause de la drogue ». Il raconte voir dans son quartier, des jeunes diplômés et sans emploi tomber dans le fléau de la drogue. « Une personne qui consomme de la drogue synthétique en redemande chaque trente minutes à une heure ». Bruno Raya se dit touché par ces jeunes qui sont rejetés par les parents. « Nous voyons certains cas empirer à cause du rejet des parents. Mais, ce combat n'est pas vain. Les autorités doivent suivre les pas des ONG. »

Laura Beg et Bruno Raya étaient aussi sur le plateau spécial.
Laura Beg et Bruno Raya étaient aussi sur le plateau spécial. 

 

La lumière au bout du tunnel

Livio Bien-aimé du centre Frère René Guillemin, utilise l’art pour aider les usagers à sortir de l’emprise de la drogue synthétique. « L’art est une auto-thérapie. À travers des activités artistiques, la personne se valorise. Souvan ban zen pa konn valer ki zot ena. Nou bisin crwar dan nou mem », déclare-t-il. Musique, peinture, expression corporelle ou encore slam sont les outils utilisés. Lors d’un atelier de slam, un jeune dit à Livio Bien-aimé qu’il ne sait pas écrire. « Mo dir li desine. Les idées ont pris forme sur papier. La façon dont il s’exprimait c’était comme écrire un texte », raconte-t-il. 

Livio Bien-aimé avance qu’il préfère se concentrer sur le côté positif car, selon lui, « la lumière est au bout du tunnel ». Il note que la souffrance est la racine de certains maux. Un jeune lui a, un jour, confié qu’il a découvert l’amour de sa mère pendant son traitement. « Sa ine touss mwa. Li dir missié, tou letan mo ti crwar mo mama pa kontan mwa. Ce n’est pas seulement la substance qui affecte la personne, mais aussi la souffrance et le manque d’affection », lâche-t-il. L’environnement, le vécu, l’expérience humaine et sociale, le mal-être et l’éducation sont des facteurs à considérer. L’art comme méthode de traitement se fait sur le long terme, précise-t-il. 

Livio Bien-Aimé, confie que les signes précurseurs sont multiples. Ils ont un changement de comportement, ont du mal à communiquer et commencent à cacher des choses. 

Le centre a pour projet de mettre en place une maison d'accueil pour que les jeunes puissent se retrouver et pour leur montrer qu'ils ont de la valeur et du potentiel. « Ils ont le droit d'être acteurs de leur vie et doivent arrêter d'être des victimes. » Vous pouvez contacter le centre sur le 54585766 ou le 57585156. 

 

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