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Dr Mahend Gungapersad : «L’Extended Programme n’existera plus à partir de janvier 2025»

Le nouveau ministre de l’Éducation, le Dr Mahend Gungapersad veut offrir au secteur une nouvelle vision. Dans l’entretien qui suit, il met en exergue les différents projets qu’il souhaite voir se concrétiser, à court, moyen et à long terme.  
 
Vous venez d'être élu et avez pris en charge le ministère de l'Éducation. Quelles seront vos principales priorités pour le secteur éducatif pendant votre mandat ?
L'une de mes priorités essentielles sera de redorer l'image du secteur éducatif qui a indéniablement souffert ces dernières années. Mon but principal sera de rendre l'école plus « humaine ». Ainsi, le contact humain, les valeurs humaines, le rapport entre humains doivent être au centre de notre interaction. Il est aussi impératif de restaurer la confiance des élèves, des parents ainsi que du personnel enseignant et non enseignant. Je vais promouvoir le dialogue entre les différents acteurs du secteur. 

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Lors de la dernière campagne électorale, le manifeste de l’Alliance du Changement a fait état de plusieurs engagements pour le secteur éducatif. Comment allez-vous vous y prendre ?
Nous devons concrétiser les engagements pris dans notre manifeste électoral. Cela inclut la mise en place de critères de 3 crédits pour accéder en Grade 12, ainsi que le remplacement du Extended Programme par un cursus mieux adapté aux besoins spécifiques de nos enfants. 

Il est également essentiel de lutter contre des fléaux tels que l'indiscipline, la violence scolaire, la drogue, le décrochage scolaire et le harcèlement. Parallèlement, je compte m'attaquer à la question du bien-être des élèves, ainsi que de l'ensemble du personnel éducatif, afin de créer un environnement propice à l'épanouissement de chacun.

Dans le concret, dites-nous comment vous allez vous y prendre ?
L’Extended Programme n’existera plus à partir de janvier 2025. Ceux qui auront échoué aux examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC), dont les résultats seront proclamés le 12 décembre prochain, pourront refaire l’examen. Par ailleurs, après chaque résultat du PSAC, l’occasion est donnée aux enfants qui échouent dans une matière de la refaire pour obtenir le Certificat. 

Cette année, nous allons étendre le nombre de matières à repasser (« resit ») au PSAC, leur permettant de les repasser et ainsi pouvoir obtenir le PSAC. Nous voulons éviter à nos enfants le calvaire de l’Extended Programme. 

Comment l’éliminer complètement, vu qu’il y a des élèves jusqu’à la Grade 9 + ?
Nous avons une année pour mettre en place un nouveau programme avec le concours de tous nos partenaires. Nous voulons un programme qui soit basé sur le « basic development », le « skills development », le « vocational development » et le « IT development ». Aucun élève ne doit être ou se sentir exclu du système. Nous allons travailler de concert avec le Mauritius Institute of Training and Development (MITD) et le National Examinations Board (NEB) pour les élèves jusqu’à la Grade 9 +. 

Qu’en est-il de la mise en place du critère de 3 crédits pour accéder en Grade 12 ?
L’accès en Grade 12 avec le critère de 3 credits entre en vigueur, aussitôt que les prochains résultats du School Certificate (SC) seront connus. Nous voulons faciliter la transition des élèves pour qu’ils puissent poursuivre leurs études, conformément à la nouvelle politique. Des dispositions seront prises en ce sens pour permettre aux élèves de passer à l’étape suivante et ainsi garantir une meilleure accessibilité aux études secondaires supérieures.

Quels sont vos plans pour améliorer la qualité de l'éducation à tous les niveaux (préscolaire, primaire, secondaire et tertiaire) ?
Pour garantir une éducation de qualité à chaque étape de la scolarité, il est primordial de revoir la manière dont nous mettons en œuvre l'enseignement différencié. Ce processus vise à s'assurer que chaque enfant, quel que soit son niveau, soit correctement encadré et puisse progresser à son rythme. Un diagnostic précoce est essentiel pour identifier les difficultés d'apprentissage et éviter à nos enfants de vivre des expériences traumatisantes à l'école. 

Il est essentiel de distinguer les élèves ayant des difficultés d'apprentissage de ceux présentant des troubles spécifiques. Les enseignants et les parents doivent également assumer pleinement leur rôle pour accompagner ces enfants.

Quels sont vos projets pour intégrer davantage la technologie dans les écoles ?
Nous vivons dans une ère où la technologie est omniprésente et incontournable. Il est donc primordial d'équiper nos écoles des infrastructures nécessaires pour intégrer la technologie dans notre écosystème éducatif. L'enseignement numérique ne doit pas se cantonner à une simple utilisation d’outils informatiques, mais être une véritable transformation pédagogique qui favorise l'accès à l'information, l'interactivité et l'innovation dans les pratiques éducatives.

Envisagez-vous de renforcer les programmes de formation des enseignants pour l'utilisation des outils numériques ?
Absolument. La formation des enseignants aux outils numériques est désormais une nécessité. Cela passera par des programmes de formation continue adaptés, qui permettront à nos enseignants de se familiariser avec les dernières innovations pédagogiques et de mieux accompagner leurs élèves dans l’ère numérique. Cette évolution est inévitable et indispensable pour garantir l’efficacité de notre système éducatif.

Avez-vous l'intention de revoir les programmes scolaires pour les adapter davantage au marché du travail et aux nouvelles compétences nécessaires ?
Il est impératif de résoudre le grand décalage qui existe entre les compétences que nous enseignons et celles qui sont réellement demandées sur le marché du travail. Cela nécessite une révision de nos programmes scolaires, mais aussi une étroite collaboration avec les secteurs économiques afin de mieux répondre aux besoins du marché. Il en va de la réussite professionnelle de nos jeunes et de la compétitivité de notre économie. La gestion des ressources humaines, placée sous mon ministère, sera également un axe stratégique dans ce processus.

Quelle est votre vision concernant l'évaluation des élèves et les systèmes d'examen ?
L’évaluation doit être un outil d’accompagnement et non un simple jugement. Elle doit nous permettre de suivre le progrès de chaque enfant et d’identifier rapidement les éventuelles difficultés. En cas de besoins spécifiques, il est essentiel que nous offrions un soutien adapté et personnalisé pour donner l'occasion à chaque élève de surmonter les obstacles. L’objectif final est de favoriser l’épanouissement de tous les élèves, quels que soient leurs défis.

Comment prévoyez-vous de renforcer les partenariats avec les collèges privés ?
Le dialogue sera la clé pour renforcer nos partenariats avec le secteur privé. Je m'engage à être à l'écoute de ce secteur afin d'étudier les possibilités de collaboration qui bénéficieront à l’ensemble de l’éducation nationale. L'objectif est de garantir un environnement éducatif harmonieux et cohérent, que ce soit dans les établissements publics ou privés, en mettant en œuvre des synergies qui contribuent à l'amélioration du système éducatif global.

Quelles mesures seront prises pour résoudre les problèmes récurrents tels que le manque d’enseignants qualifiés, les ratios élèves/enseignants, ainsi que les lacunes en orthographe et en lecture ?
La formation des enseignants et l’amélioration de leurs conditions de travail feront partie de nos priorités. Par ailleurs, il est urgent de valoriser la lecture. Je propose l’introduction d’un « reading period » dans les écoles, afin d’instaurer une culture de la lecture dès le plus jeune âge. Si nous ne réagissons pas maintenant, nous risquons de laisser une génération entière en difficulté face à ces enjeux fondamentaux.

Comptez-vous augmenter les budgets alloués aux ressources éducatives, y compris pour les élèves à besoins spécifiques ?
Si les finances de l’État le permettent, bien sûr, l’augmentation des budgets alloués aux ressources éducatives sera une priorité. Il est essentiel de veiller à ce que chaque enfant, y compris ceux ayant des besoins spécifiques, ait accès à des ressources pédagogiques adaptées à ses besoins. L’inclusion et l’égalité des chances doivent guider toutes nos décisions.

Comment prévoyez-vous de promouvoir l'inclusion dans le système éducatif pour les élèves issus de milieux défavorisés ou ayant des besoins éducatifs particuliers ?
L'inclusion passe avant tout par un accompagnement personnalisé des élèves issus de milieux défavorisés ou ayant des besoins particuliers. Il est essentiel de leur fournir les outils nécessaires pour garantir leur réussite scolaire et leur insertion dans la société. Des dispositifs d'accompagnement, de soutien et de formation pour les enseignants seront mis en place afin de répondre aux besoins spécifiques de ces élèves et favoriser leur intégration dans le système éducatif.

Avez-vous un plan pour moderniser les infrastructures scolaires ?
La modernisation des infrastructures scolaires est une priorité, mais elle dépendra des disponibilités budgétaires. Une grande partie de nos collèges d'État ne dispose pas encore d’équipements dernier cri tels que des gymnases, et leur construction entraînera des coûts importants. Cependant, si la situation financière le permet, nous pourrons envisager des projets ambitieux pour moderniser nos écoles, y compris la création d’amphithéâtres, de piscines pour la natation, et d'autres installations nécessaires au développement harmonieux de nos élèves.

 

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