Le grand drame de l’île Maurice moderne est que nous politisons tout à outrance. En fait, cela arrange tout le monde. C’est toujours plus facile de jeter le blâme sur les autres quand quelque chose ne tourne pas rond.
Être politicien, surtout quand on est au gouvernement, éprouve fortement votre capacité à encaisser les critiques des citoyens et mandants. Mais de l’autre côté, cela arrange bien les hommes (et femmes) politiques de faire croire que l’on a une solution à tout. Plus on a de pouvoir, plus on est indispensable. Et le propre des politiciens est bien de se croire incontournable.
Plus on monte dans la hiérarchie gouvernementale, plus cette soif de tout contrôler est grande. Cette posture va à l’encontre du principe démocratique qui laisse une large place à la délégation des pouvoirs. Et l’on ne parle, bien sûr, pas du genre de délégation qui donne le pouvoir à un ministère de choisir quelle personne recruter comme médecin pour les hôpitaux. ça, c’est de la centralisation.
Dans toute société moderne, l’on parle plutôt de dépolitiser, de minimiser l’intervention gouvernementale dans le fonctionnement quotidien d’un pays. C’est le modèle appliqué avec succès dans les pays les plus avancés. Chez les Scandinaves (Danemark, Suède, Norvège et Finlande), premiers dans tous les classements d’ailleurs, le politicien s’en tient à l’élaboration de la politique générale.
La Belgique est un autre bel exemple. Après les élections générales du 13 juin 2010, elle s’est retrouvée pendant 541 jours sans gouvernement ! Le pays, très décentralisé, a néanmoins pu fonctionner sans trop de problèmes. Le gouvernement démissionnaire pouvait uniquement expédier ce que l’on appelle les « affaires courantes ». Durant cette période sans réel gouvernement, la Belgique s’est payée le luxe d’afficher l’un des taux de croissance les plus élevés de la zone Euro.
À Maurice, nous gagnerions à dépolitiser au maximum, car la politique nous a fait bien du mal. L’interventionnisme a plombé les ailes d’Air Mauritius, a surchargé en ressources humaines une MBC qui n’est que le paillasson des régimes successifs, et a rendu malade bien des corps parapublics. Et ne parlons même pas de fraude et des mauvaises décisions en tous genres qui ont coûté des milliards de roupies aux contribuables.
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