Elle n’ira pas à l’université comme elle le souhaitait pour poursuivre ses études. L’adolescente de 15 ans, enceinte de quatre mois et demi, morte après six jours à l’hôpital, laisse un grand vide. Cette perte tragique et soudaine a bouleversé sa famille. Comment faire maintenant qu’elle n’est plus de ce monde ? « Elle était le pilier de la famille », lâche son père en pleurs.
Il ne leur reste que des souvenirs. « Ma fille était brillante dans ses études. Elle était l’aînée. C’est elle qui aidait ses deux frères âgés de 10 et 6 ans à faire leurs devoirs », explique le père de l’adolescente. Il ne peut s’empêcher de penser à la carrière qu’aurait eue sa fille. « Elle aimait la comptabilité et voulait aller le plus loin possible dans ses études », dit-il.
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Mais toutes ces aspirations ont disparu du jour au lendemain. « Elle avait obtenu des très bons résultats pour sa Form IV et devait intégrer la Form V cette année. Elle n’a jamais pu remettre les pieds au collège », lâche-t-il en sanglots. L’adolescente, ne se sentant pas bien, n’avait pu reprendre les cours et le 9 janvier dernier, à deux jours de la grande rentrée scolaire, elle avait été prise de douleurs au ventre.
« C’est lors de son admission à l’hôpital que nous avons su qu’elle était enceinte » ajoute-t-il. Elle a passé quatre jours en salle avant que sa santé ne se détériore. Admise à l’unité des soins intensifs, elle a poussé son dernier souffle le 16 janvier après midi. L’autopsie a conclu à une insuffisance respiratoire et des analyses toxicologiques sont en cours.
Les funérailles de l’adolescente ont eu lieu jeudi après-midi. « Ses amis et enseignants sont tous venus lui rendre hommage. Ce fut un moment vraiment pénible pour la famille », lâche-t-il.
Ces autres cas qui interpellent
En juin 2018, la mort d’une ado de 13 ans, mariée religieusement et enceinte de trois mois, avait choqué le pays. Elle était dans la salle de bains chez ses beaux-parents à Goodlands lorsqu’elle a été prise de malaise. Elle était épileptique et souffrait d’asthme. Une semaine plus tard, une autre ado de 13 ans, enceinte de sept mois, s’est retrouvée à l’hôpital. Après une dispute avec son compagnon, l’ado a décidé de retourner chez sa mère.
Elle a alors été rouée de coups. Jeudi 17 janvier cette année, une infirmière de l’hôpital Dr A. G Jeetoo a appelé la police. Une fille de 17 ans s’est sauvée de l’hôpital. Elle venait tout juste de mettre au monde un garçon. Déjouant la vigilance des infirmières, elle s’est enfuie en emmenant avec elle son petit de cinq jours. Les autorités se sont lancées à sa recherche.
Monique Dinan du MAM : « Un gros travail auprès des garçons »
Pour Monique Dinan, fondatrice de l’association Mouvement d’Aide à la Maternité (MAM), les garçons tout autant que les filles doivent être sensibilisés. « Il y a un gros travail à faire auprès d’eux. Il faut qu’ils apprennent à contrôler leurs pulsions, leur façon de réagir. Ils doivent savoir attendre. Nos jeunes connaissent la loi, mais est-elle suffisamment expliquée ? Il faut que les garçons prennent conscience que se jeter sur une fille leur causera de graves problèmes », explique-t-elle.
Hausse des grossesses précoces et des abus sur mineures
Le nombre de cas de grossesses précoces au cours de ces dernières années a augmenté. Ainsi, en 2017, 207 cas de grossesse concernant des filles de moins de 18 ans ont été enregistrés. Mais en 2018, le nombre de mineures enceintes grimpait à 297 ! Par ailleurs, 450 cas d’abus sur mineures ont été rapportés aux autorités en 2017, alors qu’en 2018, leur nombre est passé à 521 cas enregistrés. Ces chiffres proviennent de la Mauritius Family Planning and Welfare Association.
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