Grosse mobilisation policière le dimanche 5 janvier 2020, à Rivière-des-Anguilles, après la découverte du cadavre de Devianee Bheekun au pied d’une falaise, la veille. Les enquêteurs ont ratissé les lieux, avec l’aide de chiens renifleurs, pour tenter de recueillir des indices. L’exercice s’est soldé par un échec.
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Les funérailles de Devianee Bheekun ont eu lieu dans l’après-midi du dimanche 5 janvier 2020. Qu’est-il arrivé à cette mère de deux enfants âgés de 17 et 20 ans ? Dans quelles circonstances est-elle tombée du haut d’une falaise au pied de laquelle son cadavre nu a été retrouvé à Rivière-des-Anguilles samedi ? C’est ce que tentent de déterminer les policiers chargés de l’enquête suivant le décès de cette habitante de Surinam de 41 ans. Dimanche après-midi, le Deputy Commissioner of Police Devanand Reekoye et ses hommes ont fait une descente sur les lieux afin de recueillir des indices. Des vêtements de la victime ont été utilisés pour aider les chiens renifleurs à ratisser le site. Mais l’exercice s’est révélé infructueux.
La journée de dimanche a aussi été ponctuée d’une série d’interrogatoires. Trois personnes ont été entendues par les enquêteurs : Preetam Bheekun, qui est l’époux de la quadragénaire, le chauffeur de la fourgonnette qui déposait habituellement la femme au travail chaque matin et un ami de Devianee Bheekun. Ils ont été autorisés à rentrer chez eux en début de soirée. La femme de l’ami en question intéresse aussi les enquêteurs. Les limiers de la Major Crime Investigation Team, de l’Anti-Robbery Squad et de la Criminal Investigation Division de Rivière-des-Anguilles ont également entendu des membres de la famille Bheekun.
Durant son interrogatoire, Preetam Bheekun a retracé le fil des événements précédant la disparition de son épouse. Selon ses dires, vendredi matin, il l’a déposée à un arrêt et a attendu qu’elle prenne le bus pour se rendre au travail. La quadragénaire était femme de ménage dans une auberge à Tamarin.
Dans une déclaration à TéléPlus, Preetam Bheekun dit l’avoir appelée vers 6 h 30 pour savoir où elle était. « Linn dir mwa linn ariv Baie-du-Cap… Monn dir li kan li ariv dan travay, fer mwa kone ki linn bien rantre. » Il a ajouté qu’il l’a appelée à 7 h 30 pour savoir si elle était bien arrivée. Mais selon lui, elle n’aurait pas pris l’appel.
SMS «étrange»
Il dit avoir contacté le chauffeur de la fourgonnette pour lui demander s’il avait déposé Devianee au travail. « Li dir mwa oui, linn fini kit li. » Interrogé par les enquêteurs, Satish, le chauffeur de la fourgonnette, a dit avoir déposé la femme à un arrêt d’autobus, ajoutant qu’il a vainement attendu son appel.
Vers 8 heures, Preetam Bheekun aurait reçu un SMS de son épouse disant qu’elle était arrivée au travail. « Mo pa kone si li mem sa ou enn lot dimounn kinn avoy mwa sa mesaz la. Li dir mwa ki linn resi rantre e ki ena bokou travay. Mo pann kas latet, monn dir kitfwa li pa pe kapav sonn mwa akoz li ena bokou travay. »
Vers 11 heures, il aurait appelé sa femme pour savoir si elle finirait tôt, vu qu’il s’agissait de son premier jour de travail de l’année. « Mo ti pou dir li si zame li fini travay boner mo pou al sers li. Monn telefone telefone me li pann reponn. » Selon ses dires, il aurait ensuite reçu le SMS suivant : « Text mwa. »
Ce qui l’a interpellé puisque, dit-il, Devianee Bheekun savait qu’il ne sait pas trop écrire. « Monn trouv sa pa normal. Mo madam kone mo pa tex li zame. Zame mo pa avoy li mesaz. Mo kapav trase enn ti pe me mo pa tro konn ekrir », explique-t-il.
Dans la journée, Preetam Bheekun se serait rendu sur le lieu de travail de sa femme. « Monn atann li. Mo pann trouv li sorti. Monn sonn li. So de portab ti teign dan sa ler la. E pa dan so labitid sa. » Il aurait appelé le chauffeur de la fourgonnette qui lui aurait reconfirmé avoir déposé Devianee Bheekun au travail. « Monn atann li lor chemin. Monn touzour pa trouv nanie. Monn rantre pou demann so patron, ki Sud-Africain, si mo madam inn vinn travay. » L’employeur de son épouse lui aurait fait comprendre que celle-ci ne s’était jamais pointée ce jour-là.
Preetam Bheekun a aussitôt alerté la police qui lui a dit qu’il devait attendre le délai prescrit pour signaler la disparition de sa femme. Le lendemain, le cadavre de Devianee Bheekun a été retrouvé au pied d’une falaise à Rivière-des-Anguilles. L’Helicopter Squadron et des membres du Groupement d’intervention de la police mauricienne ont été mis à contribution pour hélitreuiller le cadavre. Celui-ci a été transporté à l’hôpital Jawaharlal Nehru. L’autopsie a révélé des blessures au niveau du crâne. La thèse privilégiée est que la blessure a été provoquée après une chute.
Plusieurs pistes explorées
Afin de déterminer les circonstances entourant la chute de Devianee Bheekun, les enquêteurs explorent plusieurs pistes. À l’instar d’un SMS envoyé à Preetam sur son cellulaire à partir du numéro de son épouse. Ce message, qui serait écrit d’une manière différente de celle de précédents messages, laisse entendre que Devianee Bheekun aurait informé son époux qu’à compter de 2020, elle referait sa vie avec un autre. Les enquêteurs creusent cette piste afin d’établir si le message a été envoyé par un autre individu.
Ils s’intéressent aussi à un homme soupçonné d’avoir entretenu une relation avec Devianee Bheekun il y a quelque temps. L’épouse de cet individu est elle aussi dans leur collimateur. Les cellulaires de ce couple sont eux aussi passés au peigne fin. Devianee et Preetam avaient-ils des problèmes de couple ? Interrogé à ce sujet, Suraj, le frère aîné de Preetam, dit n’avoir rien constaté d’anormal.
Les enquêteurs ont aussi examiné la voiture de Preetam Bheekun et le minibus. Le Forensic Science Laboratory a prélevé des empreintes. Un examen a été fait pour détecter la présence éventuelle de sang. À dimanche, la police avait toujours des difficultés à accéder aux enregistrements des caméras CCTV balayant la région.
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