Le leader de l’opposition a critiqué l’absence de mesures concrètes dans le Budget 2019-20. Il a prévenu que la proposition de puiser dans les réserves de la Banque de Maurice pour éponger la dette publique pourrait handicaper l’institution dans sa mission relative à la politique monétaire.
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Xavier-Luc Duval a lancé les débats budgétaires le jeudi 13 juin 2019 à l’Assemblée nationale. Décortiquant le Budget 2019-20 présenté par Pravind Jugnauth lundi, le leader de l’opposition a dit regretter l’absence de solutions concrètes aux défis auxquels seront confrontés plusieurs secteurs. Il a accusé le Premier ministre de se contenter de jeter des subsides à différents secteurs.
Mais s’il y a un sujet sur lequel il s’est surtout appesanti, c’est la mesure budgétaire visant à puiser dans le Special Reserve Fund de la Banque de Maurice (BoM) pour éponger les dettes externes du gouvernement. Selon Xavier-Luc Duval, il n’y a que deux choses au niveau de la BoM que l’État peut prétendre posséder : son capital de Rs 2 milliards et ses réserves de Rs 16 milliards.
« Les réserves en devises sont une toute autre question. Elles n’appartiennent pas au gouvernement mais à tous les créanciers de la Banque de Maurice », a-t-il expliqué. Selon le leader de l’opposition, le gouvernement ne peut donc s’intéresser qu’à ses propres réserves de Rs 16 milliards.
«Paper profit»
Si les chiffres détaillés ne sont pas disponibles, Xavier-Luc Duval a expliqué qu’il estime que Rs 3 milliards des Rs 16 milliards sont des « general reserves », dont 85 % peuvent être distribués au gouvernement sous forme de dividendes alors que les Rs 13 milliards restants font partie du Special Reserve Fund.
Il a souligné qu’il ne s’agit pas de profits réalisés, mais de bénéfices théoriques (paper profit). « C’est comme si vous investissiez Rs 100 000 dans l’or et qu’à la fin de l’année, cet or valait Rs 150 000. Vous faites des profits de Rs 50 000 et c’est cela qui va dans le Special Reserve Fund. » Sauf que la valeur de l’or fluctue, a-t-il précisé. « Au moment où on réalise la transaction, on peut faire des pertes. Cet argent peut disparaître comme un mirage. »
Il a également parlé de la Bank of Mauritius Act, qui stipule que ces fonds peuvent être utilisés uniquement pour augmenter le capital de l’État dans la BoM ou, de manière exceptionnelle, pour la politique monétaire. « Cette année, la Banque de Maurice a utilisé Rs 2,3 milliards pour la politique monétaire. L’année précédente, c’était Rs 1,9 milliard. Si cet argent disparaît, où la Banque de Maurice va-t-elle en trouver ? Nous mettons notre roupie en danger ! » a prévenu Xavier-Luc Duval.
Le leader de l’opposition a longuement parlé du secteur touristique. Il a notamment souligné que si les arrivées à Maurice connaissent une croissance négative depuis le début de l’année alors que les Seychelles et les Maldives enregistrent une croissance importante. Il a aussi critiqué la décision de subventionner les vols vers la Chine, indiquant qu’il s’agissait du seul pays qui connaissait une croissance négative dans tous les pays de l’océan Indien. « Il faut pêcher là où il y a du poisson », a soutenu le leader de l’opposition. L’offre touristique du pays a, selon lui, vieilli.
«Aucune stratégie»
Les chiffres sur l’emploi ont également été critiqués. « Le taux de chômage de 6,9 % n’est pas dû à une hausse du nombre d’emplois créés, mais parce que 22 000 personnes ont quitté le marché du travail », a-t-il estimé. Il a également critiqué le taux d’activité des femmes de 45 %, un chiffre qui est à 75 % au Royaume-Uni. Le sous-emploi serait aussi plus important que le chômage selon lui, vu qu’il y a 39 000 jeunes diplômés qui travaillent dans des centres d’appel.
Selon Xavier-Luc Duval, le Budget 2019-20 ne contient aucune stratégie claire pour apporter des solutions aux problèmes sectoriels. « Ce Budget ne propose aucune analyse, aucune stratégie, aucune solution », a-t-il dit. Selon lui, les seules solutions proposées consistent à jeter des subsides pour un soutien financier temporaire qui ne fera pas disparaître les faiblesses structurelles derrière ces problèmes. « Ce Budget ne propose aucune mesure pour aider les secteurs peu efficaces. Cela ressemble davantage à un plan d’action de la NDU. Il n’y a rien sur la situation macro-économique. »
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