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David Chung : le banquier qui a choisi Dieu

«Comment entendre l’appel de Dieu ? » La réponse à cette question qu’il a posée au Père Yim, alors qu’il faisait ses études supérieures à Singapour, a marqué sa vie. Aujourd’hui, à 43 ans, David Chung s’apprête à ouvrir un nouveau chapitre de son existence. Dans une semaine, cet ancien banquier sera ordonné prêtre. 

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Ce choix, une évidence aujourd’hui, n’a pourtant pas été sans défis. David Chung explique qu’il a toujours nourri le désir de consacrer sa vie à Dieu. « Je dois vivre ma vie en cohérence avec ma foi et la consacrer à Dieu », affirme-t-il. Issu d’une famille où sa mère, croyante et pratiquante, lui a transmis la foi, il précise que son père, quant à lui, restait distant face à toute forme de croyance. Ses parents l’ont toujours laissé libre dans le choix de ses études et de sa carrière, souligne-t-il. 

C’est ainsi qu’après ses études secondaires au Collège Royal de Port-Louis, il s’est envolé vers Singapour pour des études supérieures en gestion de l’information et de la communication ainsi qu’en psychologie. Là-bas, il assistait régulièrement à la messe dans une église proche de son campus avec son colocataire, qu’il encourageait à l’accompagner. Un jour, cet ami lui a posé une question décisive : « Si Dieu te demandait de tout quitter pour le suivre, que ferais-tu ? » Sans hésiter, David Chung a répondu qu’il le ferait. « C’était une évidence », explique-t-il. 

Alors qu’il était en deuxième année d’études, après une messe de l’après-midi, David Chung a eu l’occasion de communier sous les deux espèces, avec le corps et le sang du Christ. Ce fut une première expérience pour lui, marquée par une grande panique à l’approche de son tour, raconte-t-il. Il est resté un long moment à prier, sans voir le temps passer. Ce n’est qu’à l’extinction des lumières qu’il s’est rendu compte qu’il était seul. 

En sortant, il a trouvé le prêtre, le Père Stephen Yim, qui l’attendait sur le parvis. « Je m’attendais à être réprimandé pour avoir tardé, mais au lieu de cela, il m’a demandé mon nom », confie-t-il. Le prêtre l’a ensuite invité à dîner avec lui et ses vicaires. « J’étais partagé entre la peur de dire oui et la crainte de refuser », se souvient-il. Au cours de la conversation, il a osé poser la question sur l’appel de Dieu. Le Père Yim lui a alors expliqué que l’appel de Dieu est omniprésent, mais qu’il se manifeste de manière douce et subtile. « La voix de Dieu est souvent noyée par les appels du monde », lui a-t-il dit. 

À son retour à Maurice après huit ans passés à l’étranger, David Chung a d’abord travaillé dans une entreprise de construction, puis dans plusieurs banques commerciales. Parallèlement, il a partagé son expérience avec le Père Robert Bathfield, son accompagnateur spirituel. Ce dernier a compris qu’il était partagé entre son désir de mener une vie « normale » – avoir un travail, se marier, fonder une famille – et l’appel de Dieu. 

Il raconte que le Père Bathfield l’a rassuré en lui expliquant que tous les hommes ne sont pas appelés à devenir prêtres, tout comme toutes les femmes ne sont pas appelées à devenir religieuses. Il lui a également fait comprendre qu’il est tout à fait possible de vivre pleinement sa foi chrétienne en étant un bon père ou une bonne mère de famille, en témoignant du Christ à travers ses actions, son travail et son comportement. Cette manière d’être peut interpeller les autres et toucher des personnes que le prêtre ne rencontrerait pas forcément. Cependant, David Chung explique qu’il se sentait coupable de désirer une vie ordinaire alors qu’il était attiré par le sacerdoce. Renoncer à cet appel lui semblait être une « trahison » envers Dieu. 

Néanmoins, cela lui a demandé un long temps de discernement avant de prendre sa décision. En 2013, il a pris contact avec le service des vocations pour débuter son discernement. Mais il a ensuite pris du recul pour cofonder, avec d’autres personnes, la St Malo Cooperative Credit Union. Ce « temps de recul », fait-il comprendre, ne représentait pas un abandon définitif de son engagement dans la prêtrise, mais plutôt une mise de côté temporaire de cette vocation à un moment donné de sa vie. 

Ce n’est qu’en 2018 qu’il a repris contact avec le service des vocations, avant d’intégrer le séminaire Saint-Jean de Nantes pour commencer sa formation. Sa mère, pleinement consciente de son cheminement spirituel, l’a toujours soutenu avec bienveillance. Cependant, avoue-t-il, elle a eu besoin de temps pour accepter son entrée au séminaire, d’autant plus que David lui avait un jour confié qu’il ne souhaitait plus poursuivre cette voie. Après une année de stage pastoral en 2020, interrompue par la pandémie de COVID-19, il a poursuivi ses études au séminaire pontifical Saint-Bède-le-Vénérable à Rome, où il a été ordonné diacre en 2023. Il a achevé ses études en juin 2024.

En évoquant la vocation religieuse et sacerdotale, il souligne que ce n’est pas une vie de facilité où « on se tourne les pouces », mais une vie où l’on est appelé à être heureux. « Il en est de même pour la vocation au mariage, où le couple est aussi appelé à trouver le bonheur. La vocation religieuse et le sacerdoce sont des chemins de bonheur », déclare-t-il. À travers son engagement, il espère interpeller les gens sur l’importance des prêtres dans la société.

Aujourd’hui, en tant que prêtre, il sait qu’il a fait le choix de vivre dans le célibat et de renoncer à une carrière « mondaine ». « Ce n’est pas une vie “normale”, mais c’est celle que j’ai choisie pour répondre à l’appel de Dieu. »

Enfant unique d’une famille où seule sa mère, croyante et pratiquante, lui a inculqué la foi catholique, David Chung revient sur son parcours. Il aurait pu devenir banquier et mener une vie « normale », mais tiraillé par le désir d’être prêtre, il a choisi le sacerdoce.

L’exigence du travail pastoral

Selon David Chung, être prêtre dans le monde d’aujourd’hui n’est pas une tâche facile, mais pour accomplir leur mission, les prêtres ont besoin du soutien de tous. « Cela n’a jamais été simple de proclamer l’Évangile, qu’il faut annoncer à temps et à contretemps. Il est essentiel de rappeler aux gens qu’à la fin de notre vie, la mort n’est pas le point final, mais le début de la vie éternelle avec Dieu », explique-t-il.

David Chung ajoute que le travail pastoral est exigeant, car il consiste à rappeler que la vie ne se limite pas aux choses matérielles et que Dieu existe. 

« La mission consiste à faire connaître que Dieu est amour et qu’il souhaite offrir le véritable bonheur à chacun. »

 

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