En février 2017, lors d'une interview accordée à Nawaz Noorbux, directeur de l’information du Défi Media Group qui se trouvait à Paris, l'homme d'affaires Dawood Rawat s'était exprimé sur les bouleversements personnels et financiers qu'il avait subis suite à l'effondrement de son groupe, la BAI.
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Dawood Rawat confiait que les deux années qui ont suivi la chute de la BAI ont été particulièrement éprouvantes, non seulement pour lui mais également pour les anciens employés et clients de la compagnie, qui ont perdu leurs emplois et épargnes du jour au lendemain. « J'ai travaillé dans l'intérêt du pays, et voir la souffrance de tant de personnes me touche profondément. Aujourd'hui, ma famille et moi devons faire preuve de beaucoup d'économie pour nous en sortir. Mon épouse est un soutien indispensable dans cette période difficile, tout comme mes enfants, qui ont fait d'importants sacrifices. Malgré tout, je suis fier de leur résilience », disait-il.
Dawood Rawat admettait que la question du pardon reste délicate et prématurée. À ce moment-là, il ne souhaitait pas se concentrer sur des sentiments de vengeance, mais plutôt sur la quête de justice, non seulement pour lui-même, mais aussi pour les nombreuses personnes affectées par cette crise. Il insiste sur un point crucial : « Le groupe BAI n'a jamais été en difficulté financière. Les problèmes ont commencé lorsque le gouvernement est intervenu », s’efforçait-il de dire.
Bataille juridique
Dawood Rawat évoquait également l'avancement de sa bataille juridique contre l'État mauricien, intentée devant le tribunal d'arbitrage de Bruxelles. Il qualifiait alors la première décision favorable de « première manche » et se disait satisfait que la Cour ait permis la poursuite de l'affaire, reconnaissant son statut de citoyen français. Cependant, il restait conscient que le chemin sera long. « Nous travaillons d'arrache-pied sur les dossiers, bien que nous ayons eu un accès limité aux documents après la saisie de mes biens », disait-il.
Le contentieux concerne une réclamation de Rs 30 milliards. Dawood Rawat se disait confiant quant à l'issue, même si les ressources sont limitées. Malgré les obstacles, il s'appuyait sur des avocats de renom à Paris, qui ont accepté de prendre en charge son dossier sans exiger de paiement immédiat. Ce qui le permettait de maintenir espoir tout en cherchant à obtenir réparation.
Démission de Bhadain
Lorsqu'il avait abordé la démission de Roshi Bhadain, ancien ministre des Services financiers, Dawood Rawat ne cachait pas sa surprise. Roshi Bhadain avait attribué la responsabilité de la chute de la BAI à Vishnu Lutchmeenaraidoo, alors que Dawood Rawat disait qu’il se souvenait d'une toute autre réalité. « La personne la plus agressive ce soir-là, c'était Bhadain, accompagné de Yerrigadoo. Ils m'ont contraint à signer une lettre sous la pression. Lutchmeenaraidoo n'était même pas présent », soulignait-il.
À l’époque, Dawood Rawat estimait que Roshi Bhadain devait clarifier ses propos et expliquer les événements de manière plus transparente, surtout après les révélations de Vishnu Lutchmeenaraidoo sur sa surveillance du groupe BAI pendant des années.
Pas d'animosité
Enfin, Dawood Rawat avait abordé le changement de leadership à Maurice, avec l'accession de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre. Il s’était montré conciliant, souhaitant « bonne chance » à Pravind Jugnauth, qu'il dit connaître personnellement. « Nous n'avions aucune animosité l'un envers l'autre. Je ne comprends pas ce qui a conduit à cette situation. Si je pouvais lui adresser un message, ce serait simplement de réclamer justice », disait-il. Dawood Rawat en appelait à la lucidité de Pravind Jugnauth et de son entourage pour analyser en profondeur l'affaire BAI et restaurer l'équité pour toutes les personnes affectées.
Super Cash Back Gold (SCBG) - Salim Muthy: « Nous avons débuté un combat difficile »
Dans l'affaire BAI, Salim Muthy soutient que Dawood Rawat veut agir au mieux pour ses clients. Il envisage de reprendre les discussions avec le gouvernement en veillant à ce que personne ne soit laissé de côté. « C’est un combat très dur et pénible ». C’est en ces termes que Salim Muthy décrit la situation de ceux ayant un plan de Super Cash Back Gold (SCBG) du défunt groupe BAI et de Bramer Asset Management (BAM). En mai 2017, il a déclenché une grève de la faim en soutien aux victimes. « Je me suis lancé dans cette aventure malgré le fait que je n’étais pas un client de la BAI. Les personnes lésées sont venues me voir et nous avons débuté un combat qui comportait beaucoup de difficultés », dit-il.
Au début des négociations, il était novice et ne savait pas quelle direction prendre. Il ajoute : « Les victimes sont de toutes les couches sociales. Je tiens à souligner qu’il n’a jamais été question d’un ponzi, comme certains ont voulu le faire croire. Les clients recevaient leur argent régulièrement. À aucun moment, ils n’ont affirmé n’avoir pas reçu leur argent. Certains me disaient même qu'il obtenait leur argent, alors que les fonds perçus le mois précédent n'avaient pas encore été entièrement utilisés ».
Au moment des faits, Salim Muthy avait pris la parole au Jardin de la Compagnie, à Port-Louis, où les sept grévistes de la faim du SCBG et de BAM poursuivaient leur action. « Le gouvernement fuit devant ses responsabilités alors qu’il aurait dû respecter ses engagements. », avait-il déclaré.
Selon lui, à cette époque, les personnes pouvaient investir dans la bourse et l’économie se portait bien. « Le crash a eu des répercussions sur notre économie, affectant des investissements qui leur étaient profitables », fait-il ressortir Salim Muthy souhaitait que le gouvernement trouve une solution pour les clients du SCBG et de BAM. Ces derniers réclamaient le remboursement de leur argent injecté dans ces plans d’investissement du défunt groupe BAI. Notre interlocuteur souligne qu’à plusieurs reprises, il a eu des conversations avec Dawood Rawat qui a affirmé qu’il n’allait pas rentrer à Maurice. Toutefois, il semble que les choses vont dans le bon sens. « J’ai parlé avec un membre de sa famille qui m’a confié qu’il va m’appeler pour faire une évaluation de la situation. Le premier objectif de Dawood Rawat sera de travailler dans l’intérêt de ses clients qu’il n’a pas oublié. Avec le nouveau gouvernement, il compte discuter des affaires, en s’assurant que personne ne soit laissé derrière », indique-t-il.
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