Entre 200 et 250 candidats se rendent chaque jour aux Casernes centrales en vue d’obtenir leur permis de conduire. Certains passent par des moniteurs dûment enregistrés alors que d’autres choisissent de recourir aux moniteurs « marrons ». Quelques candidats se font aider par leurs proches. Comment cohabitent les moniteurs agréés et les moniteurs « marrons » ?
Un millier de moniteurs « marrons » opèrent à travers le pays actuellement, selon la Driving School & Instruction Federation. « Ils utilisent des voitures identiques à ceux qu’utilisent les moniteurs agréés. Ce qui fait que le public, parfois, n’arrive pas à distinguer les faux des vrais, même si les voitures que nous utilisons arborent des plaques d’immatriculation de couleur orange avec des caractères de couleur blanche », déplore Manoj Rajcoomar, le secrétaire de la fédération.
Les moniteurs agréés reprochent aux moniteurs « marrons » de pratiquer la concurrence déloyale en réclamant des frais inférieurs. « L’activité des moniteurs sans permis impactent négativement sur nous. Le nombre de nos élèves ne fait que diminuer.
Les cours d'un moniteur « marron » est à Rs 150 la demi-heure contre Rs 250 à Rs 300 pour un moniteur agréé », déplore le moniteur agréé Salim Dargaye. Manoj Rajcoomar abonde dans le même sens en faisant ressortir que le business est devenu tellement florissant pour les moniteurs « marrons » que certains possèdent plus d’une voiture et emploient des proches.
La concurrence déloyale pointée du doigt
Dressant le profil de ces moniteurs sans permis, Salim Dargaye avance qu’il s’agit, dans certains cas, de personnes à la retraite. « Li pena nanryen a fer. Li met en plak L li roul roule », avance-t-il. Manoj Rajcoomar, pour sa part, indique qu’il s’agit dans certains cas d'employés du secteur public comme du privé. « Après leurs heures de travail, ils jouent le rôle de moniteurs. »
Mauvaise image
Manoj Rajcoomar et Salim Dargaye énumèrent plusieurs conséquences liées à l’opération des moniteurs sans permis, dont l’image de la profession. Certains de ces « fraudeurs » terniraient l’image des auto-écoles. « Ena pe donn leson pe fim sigaret, pe manz touzour, finn aret lor enn lakroize pou pran zelev, pa met sintir, etc », indique Manoj Rajcoomar.
Manoj Rajcoomar et Salim Dargaye sont convaincus que les cours dispensés par les moniteurs « marrons » ne sont pas de haut niveau en raison du manque d’expérience. « Sans compter que les leçons se font dans une voiture et le test dans une autre. Ce qui peut déstabiliser le candidat qui est déjà stressé par les épreuves à passer », affirme Salim Dargaye. Ou alors, souligne-t-il, à quelques jours des épreuves, le moniteur sans permis réfère le candidat au moniteur agréé, histoire de se familiariser avec la voiture car c’est dans cette voiture que le candidat va passer les épreuves.
Les moniteurs « marrons » ne paient pas de charges, que ce soit pour la taxe à la MRA, les frais liés à l’obtention et au renouvellement d’un permis ou encore d’une assurance, entre autres. Sans compter qu’ils sont dispensés d’avoir un « local ».
À entendre divers moniteurs, il y aurait pas mal de dépenses liées à l’opération d’une auto-école. « Les dépenses sont nombreuses. Avec les permis, l’essence, les assurances, sans compter la maintenance du véhicule et le « leasing » s’il s’agit d’une voiture achetée sous cette formule, le montant des dépenses d’une Driving School s’élève à plusieurs dizaines de milliers de roupies chaque mois ».
- Essence : Entre Rs 600 à Rs 700/jour
- Permis : Rs 2 500/an
- Emplacement : Rs 10 000/mois
- Secrétaire : Rs 9 000/mois
- Services essentiels : Rs 3 000/mois
- Assurance : Rs 13 000/an
- Taxe : Rs 15 000 – Rs 30 000/an (dépendant du nombre de leçons dispensées)
Comment y mettre un frein ?
Pour Salim Dargaye, la solution est simple. Il suffirait de rendre la formation obligatoire dans une auto-école agréée. « C’est le cas actuellement pour les motocyclistes, alors pourquoi ne pas l’étendre aux automobilistes ? A la limite, si une personne n’a pas les moyens de se payer les services d’une auto-école, on pourrait permettre qu’un membre de sa famille assure sa formation, mais il faut que ce soit un ‘next of kin’, soit un parent direct », préconise-t-il.
Pour Manoj Rajcoomar, le problème d’auto-école « marron » peut être résolu de trois façons. « Primo, il faut que les candidats exigent du moniteur son Instructor’s Licence, car bien que la voiture puisse être, dans certains cas, celle d’une auto-école, il y a une quinzaine de moniteurs agréés qui ne bougent pas de chez eux et qui font travailler d’autres moniteurs sans permis à leur place », dit-il.
Secundo, le secrétaire de la Driving School & Instruction Federation demande que les autorités se montrent moins indulgentes envers les moniteurs sans permis. Et tertio, que les moniteurs agréés cessent d’être complices de leurs confrères « marrons ». « Si moniter pa vinn complis ek froder, be froder so bann zelev pa pou ena loto pou al fer lexame », fait ressortir Manoj Rajcoomar.
Augmenter le nombre de moniteurs
Ce secteur peut accueillir davantage de Driving Instructors. Nos deux interlocuteurs sont unanimes à ce sujet. « Il y a environ 150 moniteurs agréés. Entre 80 % et 85 % de ces moniteurs sont âgés de plus de 60 ans. Combien de temps encore allons-nous pouvoir travailler ? Aussi, lorsque la possibilité a été donnée aux moniteurs d’obtenir une deuxième voiture, nous avons demandé à la police de régulariser les moniteurs « marrons ». Donn zot lexame, donn zot zot permi ek les zot travay », réclame Salim Dargaye, estimant qu’un cinquantaine d’instructeurs additionnels seront d'une grande aide.
Idem pour Manoj Rajcoomar. Selon lui, le secteur peut facilement accueillir une centaine de Driving Instructors additionnels. « Sauf que cela relève des autorités compétentes », dit-il. Toutefois, Manoj Rajcoomar est d’avis qu’augmenter le nombre de Driving School n’apportera pas plus de professionnalisme au métier. « Ce qu’il faut, ce sont des écoles élargies avec plusieurs instructeurs. Ce qui apportera une certaine standardisation dans les leçons dispensées, plus de concurrence et cela faciliterait le contrôle au niveau des autorités également », souligne-t-il.
Connivence entre moniteurs agréés et moniteurs « marrons »
Quelques moniteurs agréés seraient de mèche avec des moniteurs sans permis. C’est ce que révèlent Salim Dargaye et Manoj Rajcoomar. Les deux moniteurs lèvent un coin de voile sur cette pratique qu’ils disent dénoncer, mais sans succès.
Selon Salim Dargaye, quelques moniteurs agréés travailleraient main dans la main avec des moniteurs sans permis. « Ces moniteurs agréés dirigent les candidats vers les auto-écoles « marrons ». Quant à eux, ils se contentent de mettre leur voiture à la disposition du candidat le jour de l’examen, sachant que cela rapporte Rs 1 500 pour un examen », dit-il.
Manoj Rajcoomar, de son côté, parle de « fraudeurs » qui agiraient comme « feeder school » pour des « moniteurs malhonnêtes ». « Je dénombre ces derniers à environ une quarantaine », affirme Manoj Rajcoomar. « Ces moniteurs reçoivent des élèves fournis par les fraudeurs. C’est ainsi que le moniteur se retrouve tous les jours aux Casernes centrales avec des candidats devant passer les épreuves pratiques », poursuit-il. Or, selon les calculs de Manoj Rajcoomar : « avec une moyenne de 8 à 10 leçons par jour, en temps normal, un moniteur devrait se retrouver uniquement 2 ou 3 fois aux Casernes par semaine. »
Le secrétaire de la Driving School & Instructions Federation déplore que cette pratique soit tolérée, voire encouragée par des moniteurs agréés. « Des moniteurs qui sont road safety conscious n’agiraient jamais de la sorte », souligne Manoj Rajcoomar. « S’i un moniteur reçoit ne serait-ce que trois candidats par jour, cela revient à Rs 4 500 et, cela, tout en mettant simplement sa voiture à la disposition de ces candidats pour les épreuves pratiques », dénonce cet ancien enseignant.
Certains moniteurs n'ont pas la patience requise»
D’ailleurs, précise-t-il, certains moniteurs sans permis qui travaillent pour leur propre compte n’hésitent pas à monnayer ce « service » aux moniteurs agréés. « Froder la pou dir moniter : mo donn twa tant zelev, Komie to pou donn moi par latet ? Généralement, le moniteur empocherait Rs 1 000 et les Rs 500 reviendront au fraudeur », dit-il. Manoj Rajcoomar indique aussi que certains moniteurs iraient volontairement démarcher des sans-permis pour leur proposer leur voiture lorsque leur candidat devra se rendre aux casernes. D’où la nécessité, selon lui, d’une réforme complète.
Notre interlocuteur annonce l’introduction prochaine d’un carnet d’apprentissage. « Chaque candidat devra faire 40 heures de formation, lesquelles seront dûment notées et signées par le moniteur. Avec cette pratique de diriger des candidats vers des fraudeurs, les moniteurs ne pourront prétendre avoir dispensé des leçons à deux personnes simultanément. Ce qui permettra aussi aux officiers de police d’avoir un contrôle sur ces malfaiteurs », souligne Rajcoomar.
Collaboration
De leur côté, des moniteurs « marrons » font ressortir un manque de moniteurs agréés dans ce secteur. Au point que même ceux dûment enregistrés solliciteraient quotidiennement leurs services. « Le moniteur est aux Casernes centrales toute la journée, qui va se charger de donner des leçons à ses élèves ? Ce sont les fraudeurs qui travaillent avec lui qui vont s’en charger », déclare cette jeune monitrice.
Et lorsque ces moniteurs agréés se retrouvent débordés, il n’est pas rare, selon notre interlocutrice, que ces moniteurs fassent appel à eux. « C’est nous qui venons à leur rescousse. Ils nous appellent et nous demandent de récupérer l’élève à tel endroit. Sauf que ce sont eux qui vont empocher lse frais d’entrée pendant que nous, nous allons devoir nous contenter du tarif d’une leçon », poursuit-elle.
Cette trentenaire souligne qu’il y a d’autres circonstances durant lesquelles leurs services sont sollicités par des moniteurs agréés. « Lorsqu’il s’agit de candidats qui n’ont jamais pris le volant de leur vie, ils (Ndlr : les moniteurs agréés)nous les envoient. Certains n’ont pas la patience requise pour expliquer aux débutants les bases de la conduite. D’autres ne veulent pas prendre le risque d’endommager leur voiture », déclare cette habitante de Flacq. Et d’ajouter : « Ils connaissent le sérieux avec lequel nous travaillons. La durée d’une leçon avec nous c’est 30 minutes et non 25 minutes, voire parfois 20 minutes seulement chez certains moniteurs agréés. Nous prenons et déposons l’aspirant conducteur à l’heure convenue. »
Interdiction d’opérer à certaines heures : «Ce n’est pas nous», clament les moniteurs
Récemment, la loi a été amendée pour interdire aux Driving Schools l’utilisation de certaines routes entre 7h30 et 9h30. « On prétexte que c’est nous, les auto-écoles, qui accentuons les embouteillages. Mais ce n’est pas nous. Pratiquement toutes les voitures auto-écoles sont dans l’enceinte des Casernes pour les épreuves pratiques à ces heures-là. ».
Tout en concédant qu’il faut accepter tout changement apporté dans la loi, Manoj Rajcoomar sougline cependant que ceci devrait se faire de manière scientifique, soit à la suite d’études. « Pa kapav nek assiz dan buro ek dir moniter pe blok sime », déplore-t-il. « Nous sommes conscients qu’il ne faut pas perturber la circulation. Nous aussi nous avons des membres de nos familles qui vont travailler le matin. »
Auto-école : une affaire de famille
Dans le secteur d’auto-école, il n’est pas rare que des détenteurs de permis soient issus de la même famille ou, du moins, portent le même patronyme et opèrent dans la même zone. C’est ce que révèle un document déposé à l’Assemblée nationale par le ministre mentor, sir Anerood Jugnauth. Ceci, suite à une question parlementaire du député PMSD, Adrien Duval. Ainsi, dans au moins 15 cas, les détenteurs de permis ont le même patronyme et opèrent dans la même zone. Une situation pour laquelle Manoj Rajcoomar dit ne pas être surpris. « Les moniteurs connaissent tous les rouages autour des procédures et des examens, donc je ne suis pas étonné », dit-il.
1. SAMOO Darmarajen, SAMOO Inga, SAMOO Nadess et SAMOO Previn. (Central)
2. PYDAYYA Chandranah, PYDAYYA Kevin et PYDAYYA Rawamah (Central)
3. BOOLAKY Imteaz, BOOLAKY bibi Rahbia et BOOLAKY Mustapha (Eastern)
4. DARGAYE Ali Mohamed Dina, DARGAYE Bibi Razia Sultana et DARGAYE Salim (Eastern)
5. AUBDOOL Ameen, AUBDOOL Farook et AUBDOOL Mohammad Iqbal (Metro)
6. BHINDA Anuraja et BHINDA Jugduth (Central)
7. GOBIN Balsing et GOBIN Prayag (Central)
8. JUWAHEER Ashish et JUWAHEER Darmadeo (Central)
9. NAGA Ashok Kumar et NAGA Rajendra Kumar (Eastern)
10. HISAUND Ahmud Anwar et HISAUND Ahmud Mutaleeb (Metro)
11. RAMNIHORA Dalbhunjansingh et RAMNIHORA Dovsingh (Metro)
12. DWARKA Guianduth et DWARKA Mahesh (Southern)
13. GOPAL Hemrajsing et GOPAL Kritanandsing (Southern)
14. JHOOMUCK Soobass et JHOOMUCK Mawtee (Western)
15. RAMEN Goindsamy et RAMEN Melvin (Western)
Par ailleurs, à fin juillet 2018, 137 personnes étaient détentrices d’un permis pour opérer une auto-école. De ce chiffre, 50 possèdent deux véhicules alors que les 87 restants n’en possèdent qu’un seul. Quatre nouveaux permis ont été délivrés en 2018.
Les moniteurs sans permis se justifient
Certains en ont fait leur gagne-pain alors que d’autres sont attirés par l’appât du gain. Ce qui fait que leur nombre ne cesse d’augmenter au quotidien. C’est ce qu’indique un moniteur qui opère sans permis depuis une vingtaine d’années.
Rencontré sur un parking alors qu’il donnait des leçons à des aspirants automobilistes, cet habitant de la capitale explique que certains en ont aussi fait un side-business. « C'est-à-dire qu’ils ont déjà un emploi mais donnent des leçons durant leur temps libre », explique-t-il.
Quelques mètres plus loin, une monitrice cette fois, soutient en avoir eu assez de cette vie et demande à être régularisée. « Vous pensez que cela me fait plaisir de travailler dans ces conditions ? Nous sommes dénoncés par des moniteurs. La police nous traque. Nous vivons dans un stress permanent. Sans compter les nombreuses amendes que nous devons payer régulièrement. Si les autorités régularisent ne serait-ce que 150 parmi nous, c’est 150 moniteurs sans permis de moins qu’il y aurait sur les routes », dit-elle. Cette mère de trois enfants se dit disposée à s’acquitter des frais relatifs. « Donnez-nous au moins la possibilité d’être détenteurs d’une Driving Instructor’s License et permettez-nous de travailler en toute légalité », demande-t-elle tout en dénonçant les moniteurs agréés qui ont fait de ce métier un family business. « Ils emploient leur épouse, leur fils ou leur fille pour dispenser des leçons. Là il n’y a pas de problème ? » s’interroge-t-elle.
Précieux sésame
Mais avant d’obtenir ce précieux sésame qu’est la Driving Instructor’s Licence, notre interlocutrice indique qu’il faut passer par des examens. « C’est le gouvernement qui décide quand auront lieu les examens », précise-t-elle tout en indiquant que les critères d’éligibilité récemment ont été amendés. « Par exemple, un postulant au Driving Instructor devra posséder au minimum un Higher School Certificate (HSC) et ne pas avoir plus de 40 ans. Sans compter qu’il faut suivre une formation de 8 à 15 heures quotidiennement. Des critères qui disqualifient d’office plusieurs moniteurs sans permis, dont moi-même car je n’ai pas fait de grandes études et j’ai déjà atteint mes quarante ans », explique cette mère de famille.
« On nous demande un HSC alors que certains moniteurs agréés ne possèdent même pas un School Certificate et que d’autres ont obtenu leur permis après leur anniversaire de cinquante ans. Et que dire de cette formation à plein temps ? Si je suis à la formation toute la journée, quand est-ce que je vais pouvoir travailler ? Comment vais-je faire et qui va nourrir ma famille pendant six mois ? » s’interroge ce moniteur qui pratique ce métier au noir depuis une dizaine d’années dans les basses Plaines-Wilhems. Il demande par la même occasion que le gouvernement assouplisse les critères d’éligibilité et de permettre de passer des examens au plus vite. « Les derniers examens remontent à 2014, soit quelques mois avant les élections. Depuis, plus rien. Il y a eu cette soi-disant réforme qui pénalise bon nombre d’entre nous », dit-il.
Alors que des moniteurs agréés critiquent la « médiocrité » des leçons dispensées par des moniteurs « marrons ». Ces derniers, à leur tour, estiment que c’est plutôt la formation dispensée par leurs confrères agréés qui laisse à désirer. « A de nombreuses reprises nous avons été surpris lorsqu’un moniteur nous envoie un de ses élèves. Comme cette jeune fille qui m’a été envoyée mais qui ne savait même pas comment démarrer la voiture. Cela, alors qu’elle avait déjà fait plusieurs leçons. Elle m’a ensuite expliqué que le véhicule restait en marche pour ne pas risquer d’endommager le système d’allumage du véhicule », explique cette monitrice.
Pratique illégale des moniteurs agréés
Certains moniteurs agréés feraient travailler leurs proches pour dispenser des leçons aux aspirants automobilistes. Or, ces proches opéreraient sans une Instructor’s Licence. Or, une des conditions d’accorder un deuxième véhicule, c’est que seul le détenteur de permis d’instructeur a le droit d’utiliser cette voiture : « You are to ensure that only holders of Driving Instructors Licence teach driving in your driving cars. Should you fail to comply with this condition, your Driving School Licence may be revoked. »
Une autre situation que dénoncent les deux moniteurs d’auto-école. Selon Salim Dargaye, seul un détenteur de permis peut dispenser des leçons. « Or, aujourd’hui c’est devenu une véritable pagaille. Surtout avec l’avènement des voitures automatiques. Le moniteur se retrouve ainsi avec deux voitures, l’une manuelle et l’autre automatique mais il ne peut qu’en utiliser qu’une à la fois. C’est là que cela tourne au family business », explique-t-il.
Autre moyen : afficher un badge avec les noms et la photo du détenteur de permis de Driving Instructor sur le pare-brise de la voiture. Ce qui permettrait aux autorités d’identifier rapidement si c’est bien la personne concernée qui agit comme moniteur ou s’il s'agit d’un autre membre de sa famille. « Si met sa pou ena lord. »
« Nou ena dimoun dan lame »
Les deux moniteurs d’auto-école Salim Dargaye et Manoj Rajcoomar soupçonnent que certains officiers de police seraient de connivence avec des moniteurs agréés. « Nous avons tenté de faire entendre raison aux moniteurs qui ont recours aux fraudeurs. Leur réplique : « Nou ena dimoun dan lame ». Et c’est vrai que le système en place semble bien huilé. Zot bien fort. Nous avons même eu vent de transferts d’officiers qui ont eu le malheur de prendre en contravention des moniteurs marrons », soutient Salim Dargaye. Le pire, ajoute-t-il, c’est que cela se passe au vu et au su de la police. « Nek get dans Port-Louis komie marron pe pran ek pe depose zelev », déplore-t-il.
Un fait que confirme également Manoj Rajcoomar. Celui-ci soutient qu’il y a au moins une quinzaine de personnes qui agiraient comme moniteurs pour le compte de moniteurs agréés alors qu’ils n’ont pas d’Instructor’s License. Celui-ci indique qu’après des demandes faites à la police, une tracking team a été mise sur pied afin de sévir contre les fraudeurs ou les moniteurs qui font travailler des personnes non-autorisées dans leur voiture. « Mais, très souvent, lorsque la police mène leur opération, ces personnes qui ne détiennent pas les permis nécessaires disparaissent de la circulation. On se demande comment », dit-il.
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