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Cour d’investigation sur le MV Wakashio : des témoignages contradictoires brouillent les pistes

Les marins ont apporté plus d’éclaircissements sur le déroulement de la journée du 25 juillet 2020.

Les auditions se poursuivent et les témoignages se contredisent. La cour d’investigation sur l’échouement du MV Wakashio a repris, mercredi, avec quatre témoins. Deux « oilers », un matelot, et le chef cuisinier ont déposé.

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Alors que les marins qui ont déposé jusqu’ici ont affirmé que les cartes SIM en leur possession ne captaient pas le réseau d’Internet, les membres d’équipage qui ont déposé, mercredi, viennent avancer, eux, que bon nombre de marins à bord possédaient une deuxième carte SIM. Les agissements du capitaine et des officiers lors de la fête d’anniversaire restent flous, tandis que les manœuvres effectuées par des « oilers » sont questionnées. À savoir que la Court of Investigation est présidée par l’ancien Puisne Judge, Abdurrafeek Hamuth. Il est assisté de Jean Mario Geneviève, Marine Engineer et Marine Surveyor, et de Johnny Lam Kai Leung, Marine Surveyor.

Une carte SIM philippine capte le réseau près de Maurice

Jose Junior Gonzaga Carullo, le chef cuisinier, Jade Timothy Miraflores Ganzola, un matelot, Jason Christian Buta et Steve Pelaez Balboa, deux « oilers », ont tous affirmé qu’ils détiennent deux cartes SIM et que l’une d’elles capte le réseau près de Maurice. Jusqu’ici, les témoins avaient parlé d’une carte SIM de la compagnie AIS qui capte le réseau que dans la zone de l’Asie du sud-est et en Australie. Mercredi, lors de leurs auditions, les quatre témoins sont venus affirmer qu’ils détiennent une carte SIM enregistrée aux Philippines qui capte aussi le réseau à Maurice. Ils ont tous déclaré qu’en s’approchant de Maurice, ils ont reçu un message sur cette carte SIM, disant « Welcome to Mauritius ». Ils ont vu l’indicateur de réseau s’allumer sur leurs téléphones mais ne pouvaient pas avoir de connexion Internet. Ils recevaient des messages, mais ne pouvaient pas en envoyer. 

Jose Junior Gonzaga Carullo a précisé qu’il a reçu le message de bienvenue vers 17 heures, alors qu’il était en cuisine. Il a confié à la cour, suite à une question de l’avocat Ilshad Munsoo, que les autres membres de l’équipage possèdent, également, deux cartes SIM. Jade Timothy Miraflores Ganzola a confirmé qu’il a reçu le même message vers 17 heures. Il ajoute qu’il s’est rendu sur le pont pour voir s’il passait à côté d’une île. « Il faisait jour et j’ai vu les reliefs des montagnes de Maurice au loin. » 

Le déroulement de la fête d’anniversaire toujours pas clair 

Jose Junior Gonzaga Carullo, le chef cuisinier du MV Wakashio, est venu dire que c’est le capitaine qui lui a demandé de préparer un plat spécial, car un des membres de l’équipage fêtait son anniversaire. C’était le 25 juillet et le 4e ingénieur célébrait ses 31 ans. La fête s’est tenue dans la salle commune de l’équipage et a débuté vers 17 heures, selon le cuisinier. Le capitaine, le chef ingénieur, le « Chief Officer » et des membres de l’équipage étaient présents. Le capitaine et le chef ingénieur sont arrivés vers 18 heures. Jose Junior Gonzaga Carullo soutient ne pas être au courant qui a apporté des boissons alcoolisées. Il dit n’avoir vu qu’une seule bouteille de whisky et qu’il n’a pas vu le capitaine consommer de l’alcool. Par contre, celui-ci jouait aux échecs. Jose Junior Gonzaga Carullo a, par ailleurs, expliqué que ce n’est pas lui qui cuisine pour le capitaine, le chef ingénieur et le « Chief Officer » mais que c’est son assistant, le « mess boy », qui se charge de cette tâche. Le 25 juillet, c’est le mess boy qui a servi à manger aux trois hauts officiers du MV Wakashio. « La dernière fois que j’ai vu le mess boy, c’était vers 18h30. Ensuite, je l’ai perdu de vue et je l’ai retrouvé vers 19h30 dans la master station après l’accident », souligne le chef cuisinier. 

Jade Timothy Miraflores Ganzola a confié que vers 18h30, la fête n’était toujours pas terminée dans la salle commune de l’équipage. Steve Pelaez Balboa rejoint, d’ailleurs, le chef cuisinier, en maintenant n’avoir pas vu le capitaine consommer de boisson alcoolisée, mais indique qu’il a aperçu deux verres de whisky sur la table où se tenaient le capitaine et le chef ingénieur. 

Les « oilers » se contredisent 

Si l’un prétend qu’il a été formé et est habilité à effectuer certaines manœuvres, l’autre affirme le contraire. Jason Christian Buta et Steve Pelaez Balboa, deux « oilers », ont déclaré qu’ils ont pour tâche de vérifier les paramètres des machines et de les noter dans le « log book » de la salle des machines. Ils doivent, aussi, vérifier la température dans la chambre froide et la réserve de nourriture. Cependant, Jason Christian Buta a avoué qu’il a reçu l’ordre du chef ingénieur, vers 18 heures, de réduire la rotation des moteurs de 72 rotations par minute (RPM) à 68 RPM. C’est Jason Christian Buta qui a répondu à l’appel. Il a clamé qu’il a exécuté l’ordre car c’était permissible de réduire la rotation sans la supervision d’un ingénieur. À ce moment-là, l’ingénieur sous lequel travaillait l’ « oiler » n’était pas en poste ; il prenait son repos. 

Steve Pelaez Balboa devait le contredire. Il a affirmé qu’il n’est pas habilité à modifier la rotation des moteurs, car il n’est pas permis à un « oiler » de modifier la rotation sans la supervision de l’ingénieur ou du chef ingénieur. Steve Pelaez Balboa a fait comprendre que les ingénieurs doivent être présents lors de cette manœuvre. 

Des bosses dans la coque 

Jason Christian Buta a relaté que lorsque la salle des moteurs a pris l’eau, il est allé vérifier le « fuel overflow tank » et dit avoir noté qu’il y avait des « bosses » dans la coque, mais que l’armature du navire n’avait pas été affectée. Par ailleurs, Steve Pelaez Balboa explique qu’un tuyau à incendie a été utilisé pour pomper l’eau de mer de la salle des machines vers la cale numéro huit. Il a ajouté que, dans un premier temps, l’huile qui flottait dans la salle des machines avait été écrémée et placée dans des fûts, alors que l’eau était pompée vers des « side tanks ». Jason Christian Buta a révélé que vers le 4 août, le niveau d’eau dans le navire était hors de contrôle. 

Steve Pelaez Balboa a, en outre, avoué qu’il a fait des vidéos du MV Wakashio sur les récifs et de la salle des moteurs inondée. Il a envoyé ces vidéos à sa petite amie aux Philippines qui les a téléchargées sur YouTube. Il a avoué avoir envoyé ces vidéos le 5 août, lorsqu’il était connecté au Wi-Fi gratuit au centre de quarantaine. 

Vibrations, secousses et frottements ressentis 

Steve Pelaez Balboa est, d’ailleurs, le premier à avoir décrit l’échouement du navire. Alors que certains membres de l’équipage parlent de vibrations et d’autres affirment n’avoir rien aperçu. Le « oiler » explique qu’il faisait du karaoké lors de la fête d’anniversaire lorsqu’il a ressenti une vibration, suivie d’un bruit de frottement comme si le navire grattait le fond marin. Steve Pelaez Balboa a ajouté que le MV Wakashio a commencé à tanguer avant de ressentir un choc. « C’était comme si le navire était monté sur quelque chose avant de retomber », a fait comprendre le marin. 

Jade Timothy Miraflores Ganzola a, lui, fait ressortir qu’il effectue le guet lorsque le capitaine le lui demande. Après l’échouement, il a été placé sur le pont pour assister le bosun (deck master). Il devait rester là en tant que guetteur. Selon lui, la dernière fois qu’on lui a demandé de faire le guet, c’était en mars 2020, lorsqu’il a fallu rechercher un de ses collègues en mer dans les parages de l’Indonésie. 

 

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