Vingt et un décès supplémentaires dus à la "fièvre" sont survenus en Corée du Nord qui a fait état samedi de plus d'un demi-million de malades, deux jours après l'annonce officielle du tout premier cas de Covid-19.
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"Le nombre de personnes présentant de la fièvre entre fin avril et le 13 mai est supérieur à 524.440", selon KCNA, l'agence de presse d'Etat qui a rapporté 27 décès au total.
Ce pays reclus, de 25 millions d'habitants, avait annoncé jeudi ses premiers cas de coronavirus, déclarant passer en régime de "prévention d'urgence maximale des épidémies" - ce qui implique des mesures de confinement -, après que des personnes avaient été testées positives au sous-variant BA.2 d'Omicron. Il avait également annoncé son premier mort.
Pour la seule journée de vendredi, "plus de 174.440 personnes ont présenté la fièvre, au moins 81.430 sont totalement rétablies et 21 sont décédées", a rapporté KCNA.
Elle ne précise pas si ces nouveaux cas et ces décès ont tous été testés positifs au Covid-19 mais les experts affirment que le pays n'a pas la capacité de tester massivement sa population.
"Il n'est pas exagéré de considérer que ces cas de +fièvre+ sont tous des cas de coronavirus, étant donné le manque de capacité de dépistage, a estimé Cheong Seong-chang, spécialiste de la Corée du Nord à l'Institut Sejong.
"Le nombre réel de cas de Covid pourrait être plus élevé que les chiffres faisant état des personnes fiévreuses en raison de nombreux cas asymptomatiques", selon lui.
- Modèle chinois -
La Corée du Nord, qui a été l'un des premiers pays au monde à fermer ses frontières en janvier 2020 après l'apparition du virus dans la Chine voisine, s'est longtemps vantée de sa capacité à tenir le virus à distance. Elle n'avait jusqu'alors signalé aucun cas confirmé de Covid-19 à l'OMS.
La presse officielle a déclaré que ces premiers décès étaient "dus à la négligence, notamment à une surdose de médicaments, en raison de la méconnaissance des méthodes de traitement scientifiques".
Le dirigeant Kim est apparu pour la première fois à la télévision portant un masque, après avoir présidé jeudi une réunion d'urgence du bureau politique sur la situation épidémique. Il avait alors ordonné des mesures de confinement pour tenter d'enrayer la propagation du virus.
Samedi, une deuxième réunion du bureau politique s'est tenue, au cours de laquelle le dirigeant a reconnu que "la propagation d'une maladie maligne vient bouleverser notre pays", selon KCNA.
Il a promis une "distribution rapide de médicaments d'urgence" et a assuré vouloir introduire "des méthodes de traitement pour les patients, y compris ceux ayant des constitutions spéciales" afin de "minimiser les pertes humaines".
Il s'est dit "convaincu" de pouvoir "vaincre cette maladie infectieuse malveillante dans les plus brefs délais", a ajouté l'agence.
Mais le système de santé du pays - l'un des pires au monde - est en ruine et manque de médicaments et d'équipements essentiels, alertent les experts.
M. Kim a annoncé qu'il adopterait le modèle chinois de lutte contre le coronavirus.
- Activité nucléaire -
"Nous devrions tirer les leçons des expériences et réalisations fructueuses du Parti communiste chinois et de son peuple dans la prévention du virus", a-t-il déclaré.
La Chine, seule grande économie du monde à maintenir une politique zéro Covid, est cependant aux prises avec de multiples foyers d'Omicron en dépit de stricts confinements et de dépistages massifs à travers le pays.
Autre défi de taille pour la Corée du Nord: aucun des 25 millions d'habitants n'est vacciné contre le coronavirus, Pyongyang ayant rejeté les offres de vaccination de l'OMS, de la Chine et de la Russie.
Pékin a offert jeudi son aide à la Corée du Sud et Séoul a proposé vendredi d'envoyer des vaccins.
Selon Yang Moo-jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes, les déclarations du leader indiquent également qu'il "essaiera de s'approvisionner auprès de la Chine".
En dépit de cette flambée épidémie, de nouvelles images satellites montrent que la Corée du Nord a repris la construction d'un réacteur nucléaire longtemps à l'arrêt.
"Je ne peux pas vous dire quand le réacteur sera prêt à fonctionner, mais il est environ dix fois plus grand que le réacteur existant à Yongbyon", a écrit samedi sur Twitter Jeffrey Lewis, de l'Institut Middlebury en Californie.
"Il produirait dix fois plus de plutonium pour les armes nucléaires, a-t-il affirmé, ajoutant: "Cela concrétiserait la promesse de Kim d'augmenter le nombre d'armes nucléaires" qu'elle possède.
Les États-Unis et la Corée du Sud ont récemment affirmé que Pyongyang se préparait à effectuer un nouvel essai nucléaire de manière imminente.
Pour des analystes, Kim pourrait y procéder plus vite que prévu afin de détourner l'attention de la population de la situation épidémique.
© Agence France-Presse
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