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Consommation - Pouvoir d’achat : à quand une amélioration ?

Takesh Luckho, économiste. Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice. Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform.

Les prix de certaines commodités ont commencé à baisser. La baisse des prix de certaines matières premières et du fret est en partie attribuable à une offre abondante. Cependant, il est difficile de dire si cette tendance est durable et si elle se propagera à d’autres produits. 

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Sur le marché local, il y a des produits de base qui connaissent une baisse de prix. Le prix de certaines marques de lait a baissé depuis le 7 mai. Est-ce que la baisse du prix du fret maritime aura un impact sur les prix de certaines marchandises ? 

De nombreuses personnes se demandent si la baisse des commodités peut être considérée comme le signe de stabilisation de l’économie. Pour des acteurs économiques, il est encore trop tôt pour dire s’il y aura une baisse généralisée des prix. Les analystes économiques continuent de surveiller de près l’évolution de ces tendances pour déterminer leurs implications.

Takesh Luckho, économiste, est d’avis qu’on doit s’attendre à d’autres baisses sur d’autres produits, surtout alimentaires. « La raison principale de cette baisse de prix est le coût du fret qui a chuté au niveau mondial, de même que celui des entrants. Cette baisse est attendue depuis longtemps », indique-t-il. 

Selon lui, de nombreux importateurs étaient peu enclins à baisser les prix, à cause des anciens stocks. « Désormais avec une petite appréciation de la roupie et un maximum de mark-up, la baisse est automatique. En fait, la baisse sur le marché mondial n’est pas vraiment due à une reprise, mais à une incertitude et à la récession dans plusieurs pays. La récession fait que la demande mondiale est en chute. Ce qui influe sur les prix des produits qui sont aussi en chute. » 

Toutefois, notre interlocuteur est sceptique quant à une amélioration du pouvoir d’achat des Mauriciens, résultant de la baisse de certains produits. « Selon les derniers chiffres de Statistics Mauritius, l’inflation passera de 11 % à 9,1 %. Mais en même temps, l’indice des prix à la consommation a augmenté. Ce qui veut dire que le panier de la ménagère connaît aussi une hausse. » 

Une amélioration du pouvoir d’achat dépend de plusieurs facteurs. « Les politiques monétaires, le Petroleum Pricing Committee et le budget donneront une idée de ce qui nous attend. Il y a le Monetary Policy Committee qui va aussi se rencontrer bientôt. Il y aura fort probablement une hausse du Key Rate, mais vu qu’il y a eu une intervention au niveau de la vente du dollar, ils peuvent décider d’un statu quo. Pour le PPC, le gouvernement va probablement changer les règlements pour une baisse des prix alors que le budget sera populiste. » 

Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), est également pessimiste quant à une amélioration au niveau de la consommation. « Les autorités, dont le ministère du Commerce et de la Protection des consommateurs, auraient dû intervenir bien avant pour une baisse des prix des produits de consommation. Ce qui n’a pas été le cas. Si les autorités étaient passées à l’action, la situation aurait été meilleure pour les consommateurs », estime-t-il. 

Il cite l’exemple de plusieurs commodités, dont les légumes, qui devaient baisser avec l’arrivée de l’hiver. Mais ce n’est pas la tendance. Il cite de plus les Rs 500 millions annoncées dans le dernier budget, en vue de stabiliser les prix de produits de consommation. 

« À ce jour, on ne sait pas combien d’argent a été dépensé pour stabiliser les prix. L’Acim a vainement envoyé une lettre au ministère pour avoir des réponses. » Selon Jayen Chellum, la hausse du prix des produits pétroliers n’arrange pas les choses. 

Il évoque aussi le monopole sur plusieurs produits qui fait que les prix sont élevés. « Encore une fois, les autorités auraient dû intervenir pour casser le monopole. Ce qui aurait fait baisser les prix sur le marché. »
Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform, déclare qu’il ne croit pas que la baisse de certains prix aura un quelconque effet sur les consommateurs. Selon lui, il y a des baisses ici et là, mais elles ne sont pas assez conséquentes pour soulager les consommateurs. « La réalité est tout autre. Des importateurs exploitent des consommateurs. Le coût du fret a chuté de 70 %. Mais les prix sont toujours élevés. Nous sommes à la veille du budget. Tout peut arriver. S’il y a certaines baisses, c’est pour prétendre qu’on essaye d’aider les consommateurs. »

Questions à Amit Bakhirta, fondateur et CEO d’Anneau : «Les économies réagissent avec un décalage»

amitOn voit les prix de certains produits qui commencent à baisser. Est-ce que cela présage que la situation s’améliore au niveau mondial après plus deux années difficiles ?
Oui. Entre autres. Mais aussi que la demande mondiale commence à faiblir. C’est cette année que la morsure du resserrement pourrait probablement se faire sentir. Sinon, vraisemblablement l’année prochaine. La vitesse à laquelle les taux ont évolué est très importante. Les économies réagissent avec un décalage.

Notre économie nationale dépend malheureusement fortement des économies mondiales, en particulier européennes et de plus en plus de l’Association of Southeast Asian Nations. La mondialisation est un jeu délicat !

Doit-on s’attendre à des baisses sur d’autres commodités ?
Je l’espère. Cependant, il y a d’autres facteurs exogènes et d’autres commodités et évènements à prendre en compte.

Est-ce le signe d’une reprise ?
Au contraire. Les prix se refroidissent. À court terme. Cependant, le ralentissement est également un signe clair que l’environnement monétaire serré et la croissance économique moyenne commencent à mordre la demande refoulée. Les investisseurs mondiaux ressentent également de plus en plus le pincement de la liquidité relativement plus serrée.

Le soutien de la FED a d’importantes limites. À moyen et à long terme, dans ces cycles socio-économiques correspondants, nous sommes toujours, espérons-le positivement, dans un cycle d’endettement et des gains de productivité positif à plus long terme.

 

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