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Chasse aux mafieux

Jusqu’où peut-on aller dans le combat contre la fraude et la corruption ? Certains diront que seule la méthode forte fonctionnera. D’autres favoriseront un moyen plus doux, mais probablement tout aussi efficace. Le Good Governance and Integrity Bill fait polémique. Avec son projet de loi, le ministre de la Bonne gouvernance veut déclarer ouverte la chasse à ceux dont les sources de revenu semblent intarissables et plus que douteuses. Dans ce pays, certains ont bâti des empires alors qu’ils ont des revenus qui ne correspondent pas du tout à la richesse qu’ils étalent. Qui n’a pas déjà rencontré ces individus qui officiellement exercent un « petit » métier, mais qui ont des avoirs dépassant tout entendement ? Qui ne connaît pas ces personnes qui travaillent dans la fonction publique et qui mènent un train de vie de pacha ? Et quid de ces politiciens devenus multimillionnaires après leur passage sur les bancs gouvernementaux ? Rien de plus frustrant pour l’honnête travailleur, qui doit bosser dur pour avancer dans la vie, que de voir son voisin vivre comme un roi avec de l’argent mal gagné. Pour toutes ces raisons, on ne peut qu’applaudir toute initiative visant à mettre des bâtons dans les roues de ceux qui contournent la loi. Attention toutefois à ce que la chasse aux biens mal acquis ne vire pas à la création de monstres dont on se serait bien passé. Si l’on peut se poser des questions sur ce qui motive vraiment ceux qui font une levée de boucliers, certaines critiques sont totalement justifiées. Paul Bérenger trouve que l’Integrity Reporting Services Agency (IRSA), tel que décrit dans le projet de loi, est dangereuse. Elle l’est effectivement. Qu’une institution puisse demander des comptes à n’importe qui sans se justifier et qu’elle puisse saisir des biens sans passer par une Cour de justice en attendant que l’Integrity Reporting Board (IRB) maintienne ou casse l’ordre paraît excessif. Que le directeur de cette IRSA soit choisi par le ministre de la Bonne gouvernance et le président de l’IRB par le seul Premier ministre n’est pas pour rassurer. Il s’agit là de nominations politiques avec toutes les dérives que cela risque de comporter. L’élimination de la corruption et des activités illicites ne peut se faire sans volonté politique, mais la phase active de la guerre contre les corrompus et les corrupteurs doit être totalement apolitique. Les soldats de cette grande bataille ne peuvent porter des étendards. Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra vraiment procéder à un nettoyage en profondeur de la société mauricienne.
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