La Constitution de Maurice doit être révisée. Tel est l’avis de Kris Valaydon, avocat et ancien haut-fonctionnaire et Milan Meetarbhan, constitutionnaliste et ancien ambassadeur de Maurice aux Nations-Unies. Ils étaient les invités de l’émission Au cœur de l’info de Radio Plus le lundi 19 septembre.
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Selon Kris Valaydon, Maurice a hérité d’une Constitution britannique qui ne fonctionne plus après 54 ans d’indépendance. « Nous avons hérité d’un système à une époque donnée. Cependant, elle ne fonctionne plus aujourd’hui, ce qui nous conduit vers une certaine déchéance ou une décadence politique », a-t-il affirmé. C’était lors de l’émission « Au cœur de l’info », animée par Patrick Hilbert et Mélanie Duval. « Il n’y a aucune volonté politique pour changer la constitution de la part des leaders, car elle leur permet d’asseoir leur pouvoir. En revanche, quand ces mêmes politiciens sont dans l’opposition, ils plaident en faveur d’une révision », a affirmé l’avocat et ancien haut-fonctionnaire.
Le pays est indépendant depuis 1968 et une République depuis 1992. Toutefois, l’héritage colonial de la Grande-Bretagne est indéniable et encore palpable à bien des égards, a indiqué, pour sa part, Milan Meetarbhan. Le constitutionnaliste et ancien ambassadeur de Maurice aux Nations-Unies a pris pour exemple le fonctionnement de notre Parlement qui est calqué sur le modèle westministérien du Royaume-Uni, avec un chef d’État et un chef de gouvernement. Selon lui, l’influence britannique est aussi présente dans notre système éducatif ainsi que le judiciaire, même si notre pays se base sur le droit français et mauricien. Milan Meetarbhan a déploré le fait qu’aucun parti politique du « mainstream » a proposé une réforme en profondeur de la Constitution, contrairement aux partis extraparlementaires.
Pour Kris Valaydon, Maurice ne s’est pas approprié la Constitution. « En devenant République, la Constitution n’a pas été modifiée, car elle convient à l’élite politique », a-t-il ajouté. Malheureusement, avec le temps, elle est devenue un « héritage empoisonné ». Personne n’a pensé qu’il y aurait des candidats issus de différentes cultures ou encore à une victoire de 60-0 lors des élections générales. Ceux qui ont rédigé la Constitution ont cru qu’une balance entre l’opposition et le gouvernement serait toujours présente. Ils ont aussi pensé que les politiciens allaient avoir des objectifs plus nobles, mais, aujourd’hui, ce n’est plus le cas. « Nous sommes en chute libre en ce qu’il s’agit de maturité politique », a fait ressortir l’avocat.
Après le décès de la Reine Elizabeth II, c’est désormais le roi Charles III qui est à la tête du Commonwealth. Pour les différents intervenants, Maurice n’a rien à gagner en quittant cette organisation intergouvernementale qui regroupe une cinquantaine de pays, dont la plupart sont des anciennes colonies britanniques. Et ce malgré le fait que le Commonwealth est appelé à mourir, estime Kris Valaydon. Il a fait remarquer qu’être membre du Commonwealth n’a pas aidé Maurice pour régler le litige avec la Grande-Bretagne au sujet de l’archipel des Chagos.
De son côté, Milan Meetarbhan est d’avis que les membres du Commonwealth ont un système et des valeurs en commun. Il indique qu’à part l’aspect politique et formel, il y a beaucoup de coopération technique entre les États membres. Covilen Narsinghen président de la Mauritius Global Diaspora, estime lui aussi que Maurice doit rester dans le Commonwealth. Il a aussi plaidé pour que le pays sache faire preuve de diplomatie dans sa lutte pour la reconquête de ses territoires.
Le rôle du Président de la République a aussi été évoqué au cours de l’émission. Le constitutionnaliste Parvez Dookhy a plaidé pour que le Président soit élu de façon démocratique. Au cas contraire, le système actuel va perpétuer le dysfonctionnement des institutions. Il a aussi souhaité que le Président utilise son pouvoir moral. « Si un président n’a pas une autorité morale, il ne sert à rien », a-t-il conclu.
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