Face aux impacts croissants du changement climatique, l’ingénieur en environnement Vassen Kauppaymuthoo et l’écologiste Adi Teelock appellent à des réformes majeures. De la gestion des déchets à l’érosion côtière, Maurice doit adopter une approche intégrée et durable, disent-ils.
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Le changement climatique s’impose comme une urgence planétaire, et Maurice n’échappe pas à ses impacts dévastateurs. L’ingénieur en environnement et océanographe Vassen Kauppaymuthoo tire ainsi la sonnette d’alarme, soulignant les mesures cruciales que le ministère de l’Environnement doit prendre pour atténuer ces effets.
Impacts déjà visibles
Le récent cyclone Chido, ayant frappé Agaléga et Mayotte, illustrent l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes. Selon Vassen Kauppaymuthoo, Maurice, qui n’a pas connu de gros cyclones depuis 2002, reste particulièrement vulnérable. « Une telle tempête pourrait causer des dégâts massifs aux infrastructures, bouleversant la vie des habitants », avertit-il.
Les effets du changement climatique se manifestent également par des sécheresses prolongées, épuisant les réserves d’eau et menaçant l’agriculture. « L’accès à l’eau est essentiel.
Maurice doit anticiper ces périodes de stress hydrique », explique-t-il.
Avec l’élévation du niveau de la mer et la dégradation des récifs coralliens, l’érosion des plages est un défi croissant. Pour y faire face, Vassen Kauppaymuthoo plaide pour des solutions basées sur la nature, comme la replantation de mangroves, la restauration des récifs et la protection de la biodiversité marine.
L’écologiste Adi Teelock insiste sur l’urgence d’intégrer l’environnement dans une vision globale. « L’environnement ne peut être appréhendé isolément du social et de l’économie », déclare-t-elle. Selon elle, les secteurs de l’agriculture, de l’économie bleue et de la santé sont interdépendants et impactés par la triple crise : changement climatique, érosion de la biodiversité et pollution.
Elle cite en exemple les effets de cette triple crise sur la santé humaine, animale et végétale, qui influent à leur tour sur l’agriculture, le bien-être et l’économie. « En ce début d’année, nous allons très probablement manquer d’eau », avertit-elle.
Gestion des déchets et transition énergétique
Pour Vassen Kauppaymuthoo, le traitement des déchets reste un chantier urgent. Actuellement, l’absence de tri à la source conduit à négliger une grande partie des déchets compostables. Il propose d’instaurer une consigne sur les bouteilles et de développer le compostage local pour réduire la dépendance aux fertilisants importés.
Le site d’enfouissement de Mare Chicose, sujet à des incendies récurrents, est qualifié de « catastrophe environnementale » par l’ingénieur en environnement. Une refonte complète de la gestion des déchets est nécessaire, incluant le tri à la source et l’exploration de nouvelles méthodes de traitement, dit-il.
Sur le front énergétique, il estime que Maurice, qui dépend encore à 75 % de l’huile lourde pour sa production d’électricité, doit accélérer sa transition vers les énergies propres. Cette contradiction entre les discours sur l’urgence climatique et les pratiques actuelles nuit à la crédibilité de l’île.
Vassen Kauppaymuthoo et Adi Teelock appellent à une meilleure planification du territoire, en tenant compte des zones sensibles sur le plan environnemental (Environmental Sensitive Areas, ESAs). Ils soulignent la nécessité de cesser la destruction des terres agricoles et la bétonisation des montagnes, essentielles à la résilience climatique.
Adi Teelock regrette l’absence d’une stratégie d’aménagement du territoire intégrant les crises environnementales. Elle plaide pour une gouvernance inclusive et participative, axée sur une évaluation globale des coûts et bénéfices économiques, sociaux et environnementaux.
Selon Vassen Kauppaymuthoo, des mesures coercitives sont désormais nécessaires pour lutter contre la pollution, notamment par le rétablissement de sanctions pour les pollueurs et la création d’une police de l’environnement. « Le ministère de l’Environnement doit assumer un rôle central pour promouvoir un développement durable équilibrant impératifs économiques, sociaux et écologiques », insiste-t-il.
Il rappelle que Maurice s’est engagé à respecter des accords internationaux depuis la Conférence de Rio en 1992. « Ces engagements doivent être honorés pour garantir un avenir viable à l’île et à ses habitants », conclut-il.
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