S’appuyant sur les résolutions 1514 du 14 décembre 1960 et 2066 du 16 décembre 1965, mais aussi sur le jugement de la Cour permanente d’arbitrage de l’ONU sous la Convention de la mer, rendu en mars dernier et blâmant Londres et Washington d’avoir placé leurs intérêts militaires au-dessus des droits souverains de Maurice, le Premier ministre, dans son intervention à la tribune des Nations unies, le 2 octobre dernier, à quelques mois de l’expiration du bail américain sur les Chagos, a mis l’Assemblée générale devant ses responsabilités eu égard à la souveraineté de notre pays sur l’archipel.
Cependant, dans les circonstances internationales actuelles, il ne fait aucun doute que ce bail sera reconduit, ce pour une période supplémentaire de 20 ans, comme le préconise l’accord de 1966 entre Londres et Washington, et que le discours revendicatif de SAJ ne sera finalement qu’un énième cri dans le désert.
En effet, il convient de souligner qu’à tout rappel de Maurice aux Britanniques pour la rétrocession de l’archipel, ces derniers n’ont eu comme réponse laconique que « The islands will be returned when no longer required for defence purposes » – argument qui a d’ailleurs fait pencher la balance de la Cour permanente d’arbitrage d’Istanbul en faveur de nos droits légitimes sur l’archipel, même si la question de souveraineté était hors de la juridiction du tribunal – bien qu’au départ, c’est le motif de « communication purposes » qui avait été avancé pour justifier l’excision des Chagos de notre territoire en 1965.
En cette année-là donc, le monde se trouvait en pleine guerre froide ; trois ans plus tôt, en 1962, le mur de Berlin fut érigé et les Occidentaux tentèrent, par tous les moyens possibles, de neutraliser l’expansion de l’influence soviétique sur la planète. Or, la chute de ce mur de la honte, 28 années plus tard, avait constitué le moment approprié pour la rétrocession à Maurice de l’archipel. Il est malheureux qu’en dépit de cet événement historique de novembre 1990, la confiance dans les relations internationales n’a jamais été rétablie de façon fiable et durable.
S’il est vrai qu’une certaine détente entre Moscou et Washington avait été constatée sous l’ère Clinton de 1993 à 2000, sous le prétexte de la guerre contre le terrorisme après le 11 septembre 2001, G. W. Bush, le successeur de Bill Clinton en janvier 2001, n’a fait qu’envenimer les relations internationales. « Either you are with us or with the terrorists », avait-il prévenu. Même la guerre en Irak avait été menée sur la base d’informations totalement mensongères – la possession par Saddam Hussein des armes de destruction massive (ADM), dont des échantillons truqués et des photos satellitaires fictives avaient été brandis au Conseil de sécurité par le secrétaire d’État Colin Powell en 2003.
De nombreux observateurs sont d’avis que cette guerre avait pour seul objectif de terminer la sale besogne commencée par Bush-père en 1991 – l’opération militaire Tempête du Désert – et qui s’était uniquement concentrée sur la libération du Koweit, sans pour autant se soucier du sort de Saddam Hussein. Par conséquent, celui-ci continuait à régner en maître à Bagdad, alors que G. Bush, lui, avait été viré du pouvoir en 1992, après seulement un mandat à la Maison-Blanche.
L’accession du premier président noir à la tête de l’État américain en janvier 2009 était, par conséquent, perçue comme une lueur d’espoir pour un assainissement des relations internationales. Des belles promesses en ce sens avaient été faites par Barack Obama lors de la campagne présidentielle de 2008 et la fermeture de la base de Guantanamo à Cuba avait même été évoquée.
Certes, les relations diplomatiques avec La Havane ont été rétablies, mais au niveau de la géopolitique globale – le projet de bouclier anti-missiles en Pologne et République Tchèque, initié sous l’ère G. W. Bush est toujours maintenu ; les guerres dans l’Est de l’Ukraine et en Syrie qui font rage, etc –, les tensions demeurent toujours vives. De sorte que les conditions de guerre froide, qui avaient suscité la construction de la base de Diégo Garcia dans les années 60, sont aujourd’hui loin d’être dissipées.
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