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Ces femmes au cœur du Movember

Novembre a encore une fois été marqué par le Movember, un mouvement mondial qui a vu fleurir les moustaches pour sensibiliser à la santé masculine. Mais ce ne sont pas que les hommes qui se sont mobilisés : les femmes aussi ont répondu présent. Elles mettent l’accent sur l’importance d’une sensibilisation accrue.

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Nathalie Chan, 48 ans : « Cette lutte est collective »

Nathalie

Pour Nathalie Chan, 48 ans, Movember est avant tout un rappel essentiel de l’importance de prendre soin de sa santé. « Je fais en sorte que mon papa fasse son bilan de santé annuel », explique-t-elle, tout en reconnaissant que certaines maladies touchent l’être humain en général, sans distinction de genre. « J’entends parler de gauche à droite du cancer pour les hommes, mais étant donné que c’est une maladie qui touche l’être humain en somme, je ne fais pas trop la différence », précise-t-elle.

Si elle salue les efforts du mouvement Movember chaque année, Nathalie estime néanmoins que les campagnes de sensibilisation à la santé masculine ne bénéficient pas encore du même écho que celles destinées aux femmes. « Je pense que les ONG devraient mettre plus en avant les campagnes pour les hommes, comme elles le font pour le cancer du sein chez les femmes », dit-elle. D’ailleurs, elle exprime son souhait de voir davantage d’initiatives et de visibilité pour les maladies qui affectent les hommes.

Toujours est-il que, selon elle, le mouvement Movember ne devrait pas se limiter aux hommes. Ce mouvement est l’occasion pour tous, hommes et femmes, de se mobiliser pour encourager les dépistages, briser les tabous autour de la santé masculine et, surtout, montrer que chacun peut contribuer à la cause, affirme-t-elle. En participant activement, même en coulisses, les femmes jouent un rôle clé dans la réussite de Movember, ajoute Nathalie. « Ainsi, que ce soit en sensibilisant leur entourage ou en soutenant des proches, elles rappellent que cette lutte est collective, au-delà des genres. »


Eve Jeannot, 51 ans : « Pour soutenir une personne qui souffre, il faut être en bonne santé soi-même »

Eve

Chaque année, Movember mobilise hommes et femmes autour d’une cause essentielle : la santé masculine. Pour Eve Jeannot, une entrepreneuse de 51 ans, ce mouvement revêt une importance particulière, renforcée par ses expériences personnelles. 

Movember représente une opportunité essentielle de parler ouvertement des maladies masculines, souvent négligées dans les discussions publiques. « Durant le mois de novembre, les hommes font pousser leur barbe ou leur moustache pour montrer leur soutien et informer les gens », explique-t-elle.

En tant que veuve, ayant perdu son mari il y a deux ans à la suite d’une crise cardiaque, Eve insiste sur l’importance pour les femmes d’encourager les hommes de leur entourage – père, frère, oncle, amis – à effectuer des examens médicaux réguliers. « Il faut sensibiliser les familles et les amis pour mieux les aider à traverser les différentes étapes de leurs problèmes de santé », précise-t-elle. 

Eve, elle, ne se limite pas à la sensibilisation : elle fait également un effort conscient pour s’éduquer sur la santé masculine. « Je regarde des documentaires et je lis beaucoup sur la santé des hommes. » Elle compare la campagne Movember à celle d’Octobre Rose pour le cancer du sein, notant que les initiatives masculines manquent parfois d’ampleur. « Le monde entier connaît Octobre Rose, mais pour les hommes, les campagnes semblent un peu délaissées », regrette-t-elle. 

En ce qui concerne Maurice, Eve estime que des efforts plus importants doivent être déployés pour sensibiliser et dépister les maladies masculines. « Les ONG et le gouvernement devraient investir dans des campagnes massives, avec des examens médicaux gratuits organisés chaque année », propose-t-elle. Bien que le cancer de la prostate soit souvent perçu comme moins invasif, Eve rappelle que « cela reste un cancer », et mérite donc une attention sérieuse.

L’expérience de son ancien partenaire atteint d’un cancer de la prostate l’a profondément marquée. « Cette maladie n’est pas seulement difficile sur le plan physique, mais aussi sur le plan émotionnel et mental », confie-t-elle, tout en soulignant que le soutien aux hommes concernés doit inclure un accompagnement psychologique, et que les femmes qui les entourent doivent, elles aussi, être aidées. « Pour soutenir une personne qui souffre, il faut être fort et en bonne santé soi-même. » Elle insiste sur l’importance d’une approche collective et empathique.


Nirupama Pather-Chenganna, 39 ans : « Movember symbolise l’importance du dépistage précoce »

Nirupama

Nirupama Pather-Chenganna, 39 ans, éducatrice dans une école secondaire publique, a un message clair : il est urgent de sensibiliser les hommes, mais aussi les jeunes, à adopter un mode de vie sain pour prévenir certaines maladies graves. Movember symbolise ainsi l’importance du dépistage précoce et des soins appropriés pour réduire les décès liés aux maladies masculines. « Le mouvement Movember promeut des diagnostics et traitements efficaces, tout en encourageant un mode de vie sain. Tout cela vise à aider les hommes à vivre plus longtemps et plus heureux », explique-t-elle.

Son intérêt pour cette cause est également motivé par son expérience personnelle. « Mon oncle paternel est décédé d’un cancer de la vessie. Le voir souffrir a bouleversé ma famille et a changé ma façon de percevoir la vie », confie-t-elle. Pour Nirupama, si un dépistage avait eu lieu plus tôt, il aurait probablement pu être sauvé. Cet événement tragique l’a convaincue de l’importance du dépistage précoce et d’une éducation à la santé, tant pour les hommes que pour les femmes.

Malgré l’importance de la santé masculine, Nirupama remarque qu’en tant que femme, elle s’est davantage concentrée sur les cancers féminins, tels que ceux du sein, des ovaires ou du col de l’utérus. « Il y a encore un tabou dans la société mauricienne en ce qui concerne la santé des hommes. On tend à les percevoir comme robustes, ce qui minimise la gravité des maladies qui les touchent », souligne-t-elle. Elle plaide ainsi pour un changement de mentalité, afin que la santé des hommes soit prise autant au sérieux que celle des femmes, dès le plus jeune âge.

Nirupama appelle à une action coordonnée pour améliorer la sensibilisation et les dépistages. « En général, les hommes ont moins recours aux soins préventifs que les femmes. Il faut encourager des discussions ouvertes à travers les médias et organiser des check-ups réguliers par les ONG et les institutions publiques et privées », insiste-t-elle. Ces efforts pourraient redonner espoir aux familles, car les avancées médicales permettent aujourd’hui de mieux traiter et guérir de nombreuses maladies, dit-elle.

Movember est plus qu’une simple campagne, selon elle : c’est un appel à une prise de conscience collective. Elle croit fermement que l’éducation et la sensibilisation sur toutes les formes de cancer, masculins comme féminins, peuvent transformer les attitudes et sauver des vies.


Teshika Dindoyal, 24 ans : « Découvrir ces maladies et leurs effets tragiques m’a ouvert les yeux »

Teshika

Movember est tout aussi particulier pour Teshika Dindoyal. À 24 ans, cette jeune professionnelle travaillant au département des réclamations de Linkham Services Ltd, et également étudiante en quatrième année en Business Statistics with Finance à l’Université de Maurice, perçoit ce mouvement comme un appel à valoriser les hommes et à reconnaître les défis qu’ils rencontrent, tant sur le plan physique que mental. « Movember est une initiative extraordinaire pour montrer aux hommes qu’ils comptent », affirme Teshika. Elle s’est familiarisée avec le mouvement en lisant sur la Journée internationale des hommes, célébrée le 19 novembre.

Pour elle, cette campagne mérite davantage d’appréciation et de participation mondiale. « Suivre les initiatives de Movember sur les réseaux sociaux me fait réfléchir à la manière dont nous pourrions, ici à Maurice, adopter de telles démarches et voir le ‘changement’ que cela apporterait », ajoute-t-elle.

Pour la jeune femme, la société doit déconstruire les croyances autour de la masculinité, qui empêchent souvent les hommes de demander de l’aide ou de se faire dépister. « Les hommes sont conditionnés à penser qu’ils doivent être forts et ne pas exprimer leurs émotions, ce qui les retient de se faire dépister ou de partager leurs souffrances », note-t-elle. Elle mentionne également que 39 % des patients atteints de cancer de la prostate dans le monde hésitent à parler de leur maladie en raison de ces croyances. « Il est primordial de redéfinir la masculinité et de créer des espaces sûrs pour que les hommes puissent parler de leur santé et recevoir le soutien dont ils ont besoin », insiste-t-elle.

Travaillant dans le domaine des réclamations médicales, Teshika a constaté l’ampleur des maladies qui touchent les hommes, qu’il s’agisse de cancers ou de maladies cardiovasculaires. « Cela a été un véritable déclic pour moi. Je ne me préoccupais pas beaucoup de la santé auparavant, mais découvrir ces maladies et leurs effets tragiques m’a ouvert les yeux. » Elle souligne également l’importance de prendre en compte la santé mentale, souvent négligée, et l’impact émotionnel des diagnostics tardifs ou des maladies graves comme le cancer de la prostate.

Elle rappelle l’importance des initiatives pratiques pour encourager les dépistages. « Les ONG et le gouvernement pourraient collaborer avec des entreprises pour organiser des semaines de dépistage dans les lieux de travail, par exemple. » Non seulement cela montrerait aux employés que leur bien-être est une priorité, mais cela pourrait également réduire les obstacles logistiques au dépistage. Ces actions sont particulièrement importantes pour contrer l’attitude commune à Maurice, où beaucoup préfèrent ignorer les signes de maladie pour éviter le stress d’un diagnostic : « J’entends souvent, ‘Plito mo pa kone ki mo ena sa malad-la’, ce qui montre à quel point la peur domine. »

L’accent doit davantage être mis sur la prévention, estime Teshika. « Je suis très reconnaissante qu’aucun homme de mon entourage n’ait eu à traverser cette épreuve, mais cela me pousse à garder ceux qui en souffrent dans mes prières. »


Farhaana Bilkis Nalla, 35 ans : « Il est nécessaire d’intensifier la sensibilisation »

Farhaana

Initialement, Farhaana Bilkis Nalla, sociologue et éducatrice depuis 11 ans, pensait que le mois de novembre, dédié à la santé masculine, n’était qu’une tendance passagère sur Instagram. Cependant, en faisant des recherches, elle a appris l’histoire derrière le mouvement mondial Movember, qui utilise la moustache comme symbole pour sensibiliser aux défis physiques et mentaux auxquels les hommes sont confrontés, tout en encourageant une meilleure prise en charge et un soutien accru pour ceux qui en ont besoin.

Farhaana remarque que, traditionnellement, les hommes, y compris son propre père et son frère, ont tendance à discuter davantage de sport, de travail, de business ou d’événements, plutôt que de leur santé. « Cependant, je constate que cela change progressivement. » 

Selon elle, les attentes sociales et culturelles qui poussaient les hommes à adopter une attitude de stoïcisme et de force constante sont en train de s’estomper. Aujourd’hui, parler de santé physique ou mentale n’est plus perçu comme une faiblesse : « Les hommes ont commencé à normaliser la priorité accordée à leur santé, en la rendant plus courante dans leurs conversations. » D’ailleurs, fait-elle ressortir, les hommes qui passent régulièrement des bilans de santé augmentent leurs chances de détecter et de traiter des maladies à un stade précoce.

En ce qui concerne les cancers masculins, elle admet qu’elle a une connaissance plus approfondie des cancers féminins, en raison de l’expérience personnelle de proches ayant souffert de cette maladie. Cependant, elle reconnaît que les cancers de la prostate et des testicules figurent parmi les plus fréquents chez les hommes, et qu’il est crucial d’en parler davantage.

La négligence des hommes en matière de santé est un problème important, souligne-t-elle. « Beaucoup d’hommes négligent leur santé, et c’est pour cela qu’il est nécessaire d’intensifier la sensibilisation afin de les encourager à se faire consulter régulièrement, plutôt que d’attendre qu’une maladie grave se développe à un stade avancé pour aller consulter. »

Pour y arriver, elle met en avant l’impact positif que peuvent avoir des campagnes de dépistage du cancer si elles sont plus fréquentes et améliorées à Maurice, soulignant que des dépistages précoces réduisent les risques de décès liés à la maladie. « Plus tôt on détecte, mieux c’est. »


Khitika Bunsoogawah, 22 ans : « Il est essentiel que les hommes adoptent des pratiques de self-care »

khitika

À 22 ans, Khitika Bunsoogawah vient de découvrir le mouvement Movember. Jeune diplômée en Arts visuels à la School of Fine Arts du Mahatma Gandhi Institute, elle est surtout engagée dans une démarche artistique qui interroge les violences et favorise l’émancipation féminine. Ainsi, elle découvre avec intérêt ce mouvement qui met en lumière les défis de la santé masculine.

« Je n’avais jamais entendu parler de Movember auparavant, mais je suis ravie de découvrir un mouvement aussi significatif », partage Khitika. Ce type d’initiative est essentiel pour briser les normes qui définissent les hommes : « Des mouvements comme celui-ci permettent aux hommes d’affronter leurs défis de santé sans honte, en cultivant un environnement où ils se sentent soutenus plutôt qu’obligés de cacher leurs luttes physiques et émotionnelles. »

Khitika observe dans son propre foyer conservateur que la santé des hommes est rarement abordée avec ouverture. « J’ai remarqué que certains hommes, y compris mon père et mon frère, hésitent à demander du soutien, même lorsque leur corps montre des signes de détresse », explique-t-elle. Elle attribue cela aux normes sociales qui découragent les hommes de parler de leurs faiblesses. Cette absence de dialogue crée une barrière pour demander de l’aide, laissant souvent des problèmes critiques non résolus.

Bien qu’elle n’ait pas de proches ou d’amis atteints de cancers masculins, Khitika adresse un message fort à ceux qui font face à cette maladie : « Je les encourage vivement à rester forts et à défier les normes sociétales qui minimisent ou stigmatisent les problèmes de santé masculine. Il est essentiel que les hommes adoptent des pratiques de self-care et de compassion, tout en reconnaissant l’importance de leur bien-être mental et physique. » Pour elle, en brisant ces barrières, ils favorisent non seulement leur propre guérison, mais contribuent également à démanteler le tabou qui entoure la santé masculine pour d’autres.

En tant qu’artiste, Bunsoogawah voit dans son travail une opportunité de contribuer à cette cause. Après avoir consacré une grande partie de ses études à l’amélioration de la santé des femmes, elle souhaite désormais aborder les normes culturelles qui empêchent les hommes d’exprimer leurs émotions. « À travers mes œuvres, je veux libérer les hommes de ces contraintes, les encourager à embrasser leur vulnérabilité et à mettre leur bien-être en priorité, sans crainte ni stigmatisation », affirme-t-elle. 

 

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