La Russie a décidé de mettre fin à l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes. Une décision qui a déjà commencé à affecter les prix des céréales. Quel impact pour Maurice ?
La nouvelle a eu l’effet d’une douche froide ! La Russie a décidé de mettre fin « de facto » à l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes lundi soir. Cet accord, qui a garanti depuis un an l’exportation sécurisée des céréales via la mer Noire, a expiré lundi soir. Il faut dire que depuis plusieurs semaines déjà, Moscou avait annoncé son intention de ne pas reconduire l’accord, se plaignant d’entraves à ses propres livraisons de produits agricoles et d’engrais.
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Une situation qu’on suit de près à Maurice. Pour l’ancien diplomate, Assad Bhuglah, il faudra voir comment évoluent les choses. « D’un côté, les membres de l’OTAN se rencontrent, de l’autre, la Russie se sent isolée. Cela dit, le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdoğan, a de très bonnes relations avec Poutine. Mais, tout dépendra de la Russie. Attendons voir ! », indique-t-il.
Cependant, suivant cette annonce, le marché n’a pas tardé à réagir avec une hausse des prix des céréales. « Les prix ont commencé à monter dès que l’annonce a été faite. Il ne serait pas étonnant de voir les prix toucher les 800 dollars assez rapidement », indique un observateur économique au Défi Quotidien. Il fait ressortir que le blé avait grimpé pour passer à 1 300 dollars la tonne l’an dernier avant de baisser de manière drastique, soit à 650-700 dollars la tonne avant l’annonce faite par Moscou.
Assad Bhuglah est catégorique. Il faudra s’attendre à des conséquences, les mêmes que celles qu’on a connues avant cet accord. « Les prix vont grimper, d’autant plus que les céréales ukrainiennes sont livrées surtout en Afrique et dans les pays du Moyen-Orient, notamment l’Égypte qui est un gros fournisseur et membre du COMESA. Ces pays se tourneront vers d’autres fournisseurs, ce qui exercera une pression sur les prix », souligne-t-il.
Certains pays vont privilégier le marché domestique avant d’exporter."
Sunil Boodhoo, directeur de l’International Trade Division au ministère des Affaires étrangères, abonde dans le même sens. « La fin de cet accord va entraîner une hausse des prix des céréales. C’est la première chose qui va se passer. Cela dit, l’Ukraine a soutenu qu’il continuera ses exportations via la mer Noire malgré l’annonce de Moscou », explique-t-il. Notre interlocuteur fait aussi remarquer que le risque d’un manque sur le marché mondial n’est pas à écarter avec la baisse de l’approvisionnement et la hausse de la demande. Assad Bhuglah est du même avis. « Il se peut qu’il y ait des difficultés d’approvisionnement. Dans un premier temps, des pays vont se tourner vers leur production interne. Ils vont privilégier le marché domestique avant d’exporter le surplus », dit-il.
Qu’en sera-t-il à Maurice ? Pour les observateurs, tous les pays seront affectés par une hausse des prix imminente des céréales. « C’est une question de l’offre et de la demande. On va suivre la situation de près. Il est encore trop tôt pour se prononcer sur la manière dont les prix vont évoluer », soutient Sonny Wong, Chief Operating Officer d’Innodis. Cependant, il confie que la plupart des distributeurs dans le secteur céréalier ont de bonnes relations avec les fournisseurs des céréales. « Les importateurs locaux vont pouvoir s’appuyer sur leurs relations pour que Maurice puisse être fourni adéquatement », avance-t-il. À suivre…
Des dispositions prises par la STC
En prévision d’un tel risque, la State Trading Corporation (STC) tient à assurer qu’elle a déjà pris les mesures nécessaires pour ne pas être affectée par toute éventuelle augmentation des prix dans les jours et semaines à venir.
Bon à savoir
C’est en juillet 2022, à Istanbul, que l’accord céréalier avait été signé. Il a été reconduit à deux reprises. Il a permis, sur l’année écoulée, de sortir près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens en dépit de la guerre.
Impact sur le pouvoir d’achat
Roshaan Kulpoo, expert en inclusion financière, est catégorique. Toute commodité dont le prix augmente a un impact sur le pouvoir d’achat. « Il faudra s’attendre à ce que les ménages soient affectés d’autant plus qu’ils font déjà face à une série d’augmentation des prix des commodités », prévient-il. Pour lui, il est grand temps de réunir les acteurs du commerce et « de leur demander des explications sur les raisons pour lesquelles les prix continuent à grimper alors qu’ils achètent en stock et que le dollar n’a pas autant fluctué ».
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