Dans un entretien exclusif accordé à Le Dimanche/L’Hebdo, Bruno Dumazel, Grand Maître de la Grande Loge de Maurice, s’exprime sur la récente polémique liée aux démissions en série au sein de l’organisation. Au-delà de cette « crise interne », il lève le voile sur la franc-maçonnerie.
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Vous êtes le grand patron de la franc-maçonnerie régulière. C’est quoi au juste un franc-maçon, ses valeurs et la différence entre la maçonnerie régulière et irrégulière ?
Grand patron ! (rires) Ce sont de grands mots pour quelqu’un qui est au service d’une Obédience maçonnique et de ses membres.
Ce n’est pas dans les mœurs de la Grande Loge de Maurice (GLM) de communiquer dans les médias ou de s’adresser directement au grand public. Notre institution a toujours cultivé une certaine discrétion. Cependant, après avoir discuté avec certains de nos membres, qui se disent profondément blessés par des propos malveillants et infondés qui ont circulé dans la presse, nous avons décidé qu’il était temps de réagir.
Notre démarche vise à clarifier les malentendus, à dissiper les rumeurs et à offrir une meilleure compréhension de notre institution, tout en restant en accord avec notre héritage de fraternité, de tolérance et de transparence.
D’abord, la franc-maçonnerie est avant tout une école de réflexion et de développement personnel. Elle repose sur des valeurs universelles telles que la fraternité, la tolérance, et le respect de l’autre. Nous travaillons à promouvoir un cadre de dialogue et d’harmonie entre les individus, quelles que soient leurs croyances, leurs origines ou leurs opinions. Un franc-maçon est avant tout un individu en quête d’amélioration personnelle, morale et spirituelle.
Concernant la différence entre la franc-maçonnerie régulière et irrégulière, il est important de préciser que la maçonnerie régulière, comme celle que nous pratiquons à la GLM, respecte des critères fondamentaux établis depuis plusieurs siècles. Elle s’appuie sur un cadre traditionnel strict, notamment :
La croyance en un Être suprême, sans distinction de religion ou de dogme, mais en reconnaissance d’un principe supérieur.
L’interdiction de toute discussion politique ou religieuse au sein des Loges, afin de garantir un espace neutre où la réflexion et l’unité peuvent prévaloir.
La pratique de rites symboliques et la fidélité à des principes immuables transmis depuis la fondation de la franc-maçonnerie.
En revanche, il existe une autre branche de la maçonnerie, que nous appelons affectueusement les cousins, dont les critères diffèrent des nôtres. Cela ne signifie pas qu’elle soit moins valable pour ceux qui la pratiquent, mais simplement qu’elle ne correspond pas aux normes traditionnelles de la maçonnerie telles que définies par la Grande Loge Unie d’Angleterre, qui est la référence historique.
Les turbulences auxquelles vous faites référence sont souvent le fruit de malentendus ou d’un manque d’information concernant certains aspects administratifs de l’association»
Vous venez d’inaugurer le siège social de la GLM. Cependant, la GLM se retrouve au centre de controverses. Pourquoi ces turbulences ?
L’inauguration de notre Grand Temple, ou si vous préférez notre siège social, représente pour nous un moment historique chargé d’émotions. Cet événement marque un nouveau chapitre dans l’histoire de la GLM.
Tout a commencé par une simple idée, mais avec une ambition collective au service de notre communauté. Nous avons dû faire face à des défis financiers considérables. Pour les surmonter, il a fallu faire preuve de créativité et trouver des alternatives innovantes. Ce Temple symbolise aujourd’hui bien plus qu’un édifice ; il témoigne de ce que nous pouvons accomplir ensemble, grâce à l’unité, au travail et à une vision collective forte.
Les turbulences auxquelles vous faites référence sont souvent le fruit de malentendus ou d’un manque d’information concernant certains aspects administratifs de l’association.
Il y a eu des critiques sur le « manque de transparence »…
Les opérations de notre institution ont toujours été marquées par une certaine discrétion. Cette discrétion n’est pas synonyme de secret ; elle est profondément enracinée dans l’histoire et les valeurs de la franc-maçonnerie. La tradition de la discrétion s’est imposée pour préserver la sérénité de nos travaux et protéger nos membres dans un contexte où, historiquement, la société n’a pas toujours accepté ou compris ce que représente la franc-maçonnerie.
Cette discrétion n’a rien à voir avec un manque de transparence ou des pratiques occultes. Au contraire, elle permet de créer un environnement de confiance, propice à la réflexion philosophique et spirituelle, et à la recherche de l’amélioration personnelle et collective. Nous avons toujours cherché à fonctionner avec intégrité, en respectant les lois et en restant fidèles à nos idéaux.
Le siège social, situé à Petit-Camp, devait au départ coûter Rs 30 millions. Quel est le coût final du projet ? Y a-t-il eu un mécanisme de contrôle lors de la construction ?
Bien que les chiffres rapportés d’un tel dépassement soient inexacts, il est vrai que le projet du Grand Temple de Petit-Camp a subi des dépassements budgétaires en raison de circonstances exceptionnelles, notamment des hausses imprévues des coûts des matériaux, et des retards liés à des facteurs externes, y compris les impacts économiques de la Covid-19, sans compter l’inflation. Le chantier a été suspendu pendant trois ans, ce qui a également causé des coûts supplémentaires.
L’intégralité des détails liés à ce chantier est soigneusement documentée par un Quantity Surveyor (QS). Ce professionnel a suivi chaque étape de la construction, et tous les documents relatifs au projet, y compris les coûts, les ajustements et les décisions, sont disponibles et consultables par tous les membres de l’association. Cette transparence est essentielle pour garantir la confiance et la responsabilité dans la gestion de nos projets.
La franc-maçonnerie a toujours mis l’accent sur le dialogue (...) ceux qui ne peuvent se plier à ces règles s’en vont d’eux-mêmes»
Pourquoi le Grand Maître et ses proches siègent-ils sur un Trust propriétaire du temple, au détriment des frères maçons ? Ils sont nommés par qui ?
Nous sommes un groupe de Frères qui siégeons au comité de gestion du Trust. Il est vrai que l’Assemblée des Frères avait unanimement demandé qu’un de mes fils, qui est un professionnel dans le domaine comptable, rejoigne ce comité pour apporter son expertise. Cependant, il a décliné cette proposition, ses obligations professionnelles ne lui permettant pas d’y participer. Ainsi, les seuls « proches » qui siègent avec moi au sein du Trust sont mes Frères de la GLM, et c’est tout ! (rires)
Par ailleurs, les membres du comité sont régulièrement renouvelés après quelques années, dans un souci de transparence et de traitement équitable. Ces changements sont supervisés par la Management Company, qui agit en tant que Qualified Trustee et nous représente auprès des autorités du pays. Cette structure garantit que le Trust est géré dans le respect des lois et des valeurs de rigueur et de justice qui caractérisent notre institution.
Ce Charitable Trust fut construit sur des bases solides, avec un « enforcer », un « Qualified Trustee », et un comité pour superviser les opérations quotidiennes. La gestion fut confiée à une société spécialisée, enregistrée sous la supervision des autorités financières (Financial Services Commission et Financial Intelligence Unit). Le comité initial comprenait quatre membres dévoués de l’époque, qui se réunirent pour démarrer ce projet ambitieux.
Les statuts sont sous la forme originale d’un Charitable Trust conformément à la Trust Act 2001. En adoptant cette structure, nous avons voulu nous assurer que le Grand Temple de Petit-Camp soit géré de manière transparente, équitable, et durable, en ligne avec nos valeurs de fraternité et de responsabilité collective.
Quelques mots sur ce Frère maçon, le prêteur étranger, spécialisé dans la vente d’équipements militaires ? Quelle est son influence et son rôle au sein de la GLM ?
Durant toutes les démarches effectuées pour réaliser notre siège social, nous avons dû faire face à d’innombrables défis financiers. Initialement, la banque nous avait proposé un prêt en prenant le bâtiment comme garantie. Bien que cette option ait pu sembler intéressante à première vue, elle ne sécurisait pas le bâtiment à long terme. Pour nous, il était hors de question de prendre un tel risque pour notre association et nos membres.
C’est alors qu’un bienfaiteur, un Frère généreux et dévoué, est intervenu, non pas comme prêteur, mais comme garant pour ce projet. Nous avons pu avancer sereinement, sans compromettre la sécurité et l’intégrité du bâtiment. Il a agi par fraternité, avec un engagement désintéressé qui mérite notre respect et notre reconnaissance. Malheureusement, certaines personnes ont diffusé des propos infondés à son sujet, alimentant des malentendus.
En parlant d’équipements militaires, il s’agissait, selon les informations obtenues, d’un projet de vente d’uniformes qu’il avait monté pour sa fille, installée à Maurice. Ancienne employée du ministère des Armées en France, elle souhaitait mettre son expérience à profit pour lancer cette activité.
Cependant, le projet n’a jamais vu le jour pour diverses raisons. La compagnie est depuis en dissolution, n’ayant jamais été en activité. Ce projet, qui relevait d’une ambition personnelle et familiale, n’a aucune incidence ni aucun lien avec les affaires ou activités de la franc-maçonnerie.
Pour conclure, c’est un Frère comme les autres, retraité établi à Maurice depuis de nombreuses années, sans activité particulière à nos yeux. Il a la même influence que n’importe quel Frère, sans plus.
Dites-vous non à un Frère bien intentionné, soucieux du bien-être de ses Frères, qui offre son soutien pour un projet permettant à tout le monde d’en bénéficier ?»
Le « franc-maçon prêteur étranger » a-t-il le droit de prêter de l’argent à la GLM ?
La question ne se pose plus aujourd’hui. Le prêteur étranger dont il était question initialement ne représentera finalement que le rôle de garant. Cela dissipe tout malentendu ou inquiétude à ce sujet. Son intervention s’inscrivait simplement dans un esprit de soutien et de solidarité, et n’a engendré aucune pression ou obligation financière pour notre organisation.
On s’interroge sur la légalité de la démarche…
Je ne sais qui est le « on » que vous mentionnez, mais les conseils légaux ont tout validé. « On » est généralement un pronom trompeur. (sourire)
Comment opère le Trust, et qui sont les vrais propriétaires ?
Ce n’est pas un Trust, mais plutôt un Charitable Trust, qui se rapproche plus d’un système de fonctionnement d’une fondation, ce qui veut dire à but non lucratif, et les actifs ne doivent être utilisés que pour des actions caritatives définies par les membres du comité.
Le point commun entre une fondation et un Charitable Trust, c’est la transparence. Dans un Charitable Trust, il n’existe pas d’UBO (Ultimate Beneficial Owner), ce qui signifie que les actifs ne bénéficient à aucun individu personnellement. Autrement dit, les biens gérés par le Charitable Trust sont exclusivement destinés à des objectifs collectifs ou caritatifs, sans qu’aucun membre ou individu spécifique ne puisse en tirer un bénéfice personnel. La Trust Act 2001 définit clairement le champ d’action d’un Charitable Trust.
Le 1er juin 2024, j’ai annoncé à mes Frères réunis en assemblée que je ne souhaitais plus être reconduit à la Grande Maîtrise»
Pourquoi ne pas avoir reconnu la GLM comme étant le propriétaire direct ?
Le choix d’un Charitable Trust a été fait pour éviter tout conflit d’intérêts et pour protéger le Temple à long terme. Cette structure juridique met le bâtiment à l’abri de toute vulnérabilité future. Intégrer le siège social directement dans l’association aurait pu exposer le bâtiment à des risques, notamment en cas de désaccords ou de problèmes internes. Dans une association, le foncier appartient collectivement aux membres. Cela signifie qu’en cas de conflits ou de désaccords majeurs, la propriété pourrait être fragilisée, voire compromise.
Les accusations et perceptions d’« affairisme » et d’« opacité » ne nuisent-elles pas à la réputation de la franc-maçonnerie à Maurice ?
Ces accusations et perceptions peuvent effectivement nuire à l’image de la franc-maçonnerie, non seulement à Maurice, mais partout dans le monde. Ces idées reçues sont souvent le résultat d’une méconnaissance de notre institution et de ses principes fondamentaux. Nous avons désormais un site web qui offre un accès à des informations sur notre institution.
Dans une association, il existe des statuts, des règles éthiques et un code de conduite, mais il est vrai que certains individus, dans toutes les associations, ne les respectent pas toujours. C’est parfois dans ces situations que l’on peut observer des cas d’affairisme ou de comportements contraires à l’éthique.
Concernant les accusations d’opacité, je précise que nos comptes et documents officiels sont disponibles pour consultation. Le secrétariat met ces informations à disposition pour ceux qui souhaitent se renseigner. Nous avons toujours fonctionné dans un esprit de transparence envers nos membres, en leur donnant les moyens de comprendre et de suivre la gestion de notre institution.
La démission collective au sein des Loges St. Jacques No. 2 et Kilwinning No. 23 reflète-t-elle un malaise généralisé parmi les 24 Loges de la GLM ?
J’ai plus de 30 ans de maçonnerie. Je peux vous dire que les démissions récentes sont évidemment regrettables. Cependant, il serait inexact d’interpréter ces événements comme le reflet d’un malaise généralisé parmi les 24 Loges de la GLM. Chaque Loge fonctionne avec sa propre dynamique, ses propres membres et ses propres défis.
Les démissions font partie de la vie d’une institution comme la nôtre, qui rassemble des individus aux parcours, aux situations personnelles et aux opinions variés. Généraliser ces situations à l’ensemble des Loges de la GLM serait injuste et inexact.
Nous ne pouvons pas évoquer de démission collective pour ces deux Loges, car dans chacune d’entre elles, des Frères y sont toujours actifs et continuent d’y travailler. Dans la vie d’une association, comme dans la vie en général, il y a des départs et des arrivées. Les membres partent pour diverses raisons, qu’il s’agisse de changements personnels, professionnels ou de nouvelles orientations, et d’autres rejoignent nos rangs. C’est une dynamique naturelle qui reflète la vitalité et l’évolution de notre institution.
Hier (NdlR, jeudi), nous avons validé la candidature de quatre nouveaux membres, qui viendront enrichir notre communauté par leur énergie, leur expérience et leur engagement. Chaque arrivée est une opportunité de renouvellement, et chaque départ est respecté.
Nous avons désormais un site web qui offre un accès à des informations sur notre institution»
Quels étaient les critères éthiques et financiers pour accepter le prêt de Rs 35 millions ?
Dites-vous non à un Frère bien intentionné, soucieux du bien-être de ses Frères, qui offre son soutien pour un projet permettant à tout le monde d’en bénéficier ? D’autant plus que l’origine de ce soutien a été vérifiée plusieurs fois par notre système bancaire. Réalistes et pragmatiques, nous avons accepté ce soutien d’un de nos membres. Plusieurs autres Frères ont aussi fait une démarche identique pour soutenir notre projet.
Clarifions le fait qu’il n’y a jamais eu de prêt de Rs 35 millions, comme certains pourraient le penser. En réalité, un frère généreux a avancé les fonds nécessaires pour couvrir les travaux du bâtiment. Son geste était purement fraternel et désintéressé, motivé par la volonté de voir le projet aboutir. D’autres membres ont également contribué à ce projet ambitieux.
Il y a aussi eu, à un moment, la question d’un compte offshore pour recevoir des dons… Pourquoi et combien d’argent avez-vous reçu des Loges étrangères ?
Nous avions souhaité solliciter le soutien de Grandes Loges étrangères pour notre projet de construction et nous avions même fait préparer des pamphlets pour l’occasion. Ayant été informés que cette démarche nécessitait un ensemble d’autorisations administratives contraignantes, nous avons abandonné cette idée. C’est donc un fantasme fabriqué de toutes pièces par quelques Frères mal renseignés qui ont manqué de tempérance et de discernement dans leurs allégations.
Ces éléments ont été soumis volontairement à un audit par deux Certified Fraud Examiners, qui ont conclu, chacun séparément, que pas un seul sou n’a été reçu sur un compte offshore quelconque.
La plus grande incompréhension du grand public réside sans doute dans l’idée que la franc-maçonnerie serait une organisation secrète poursuivant des objectifs obscurs»
En quoi l’ingérence dénoncée dans l’autonomie des Loges met-elle en péril l’unité de la GLM ?
Au sein de la maçonnerie régulière, une Loge doit sa naissance et son existence à la Grande Loge qui l’a créée et lui a octroyé une Charte lui permettant de travailler à certains degrés. Elle reçoit aussi, par le biais du Vénérable Maître qui la préside, une certaine délégation de pouvoirs du Grand Maître, lui permettant de travailler sereinement dans le respect des Constitutions de la Grande Loge. Cette dernière se réserve le droit d’intervenir lorsqu’un écart de conduite ou un non-respect d’un règlement est constaté. Cette intervention a pour but de garantir que tous les Frères de l’Obédience sont traités sur l’équerre, dans le respect des us et coutumes.
Donc, pas d’ingérence et pas de fragmentation interne, mais un suivi et un encadrement permanent. Les loges doivent faire preuve de rigueur et se conformer, en premier lieu, aux règles et principes établis par la GLM et, en second lieu, à leur propre règlement intérieur. Cette double conformité garantit une structure harmonieuse et un fonctionnement homogène au sein de l’ensemble des loges.
Les Loges sont-elles souveraines ?
Chaque Loge est souveraine dans ses travaux et dans sa gestion interne, tant qu’elle respecte les principes et les règlements de la GLM. Cette autonomie garantit la diversité des réflexions et l’indépendance des débats au sein des loges, tout en assurant que toutes s’inscrivent dans le cadre d’un projet commun.
Le communiqué du Grand Maître qualifiant les départs de « regrettables » est-il suffisant pour apaiser les tensions internes ?
Bien sûr que non, le dialogue franc et régulier est primordial. Mais pour dialoguer, il faut être deux, n’est-ce pas ? Il ne s’agit pas simplement d’apaiser, mais plutôt de répondre de manière factuelle à une situation à laquelle nous n’avions pas accès pour agir.
En raison de la souveraineté des loges, la GLM n’a pas été informée des tensions internes qui y existaient. Celles-ci ont évolué sans que nous puissions intervenir ou proposer une médiation.
Les ambitions personnelles et les « ego mal maîtrisés » mentionnés dans le communiqué reflètent-ils un problème de leadership ou de gouvernance ?
Cela ne doit pas être interprété comme un problème structurel de leadership ou de gouvernance, mais plutôt comme des défis humains qui peuvent survenir dans toute organisation composée d’individus aux parcours, expériences et visions différents.
Ces situations ne remettent pas en question les fondements de notre gouvernance. Les ambitions personnelles ou les désaccords d’ordre individuel ne sont pas inhabituels dans des organisations où des individus investissent leur temps et leur énergie avec passion. La franc-maçonnerie nous enseigne à travailler sur nous-mêmes, à maîtriser notre ego et à privilégier l’intérêt collectif au détriment des intérêts individuels.
La franc-maçonnerie, en tant qu’institution, n’a aucun rôle politique, social ou économique direct, ni à Maurice ni ailleurs»
Des questions se posent sur la succession au sein de la GLM. Vous en êtes le Grand Maître depuis plus de dix ans, alors que le mandat est de trois ans…
Le mandat de la Grande Maîtrise est de cinq ans, avec des prolongations possibles, avec l’accord des Frères de la GLM, en raison de circonstances particulières et d’un consensus au sein de l’obédience. Tel est mon mandat.
Depuis le 1er juin 2024, j’ai annoncé à mes Frères réunis en assemblée que je ne souhaitais plus être reconduit à la Grande Maîtrise et que le processus d’identification et d’élection de mon successeur était engagé.
Quel est le rôle politique, social et économique des maçons d’ici et d’ailleurs ?
La franc-maçonnerie, en tant qu’institution, n’a aucun rôle politique, social ou économique direct, ni à Maurice ni ailleurs. Elle ne se mêle pas de politique partisane, ne prend pas position dans les débats publics, et ne poursuit aucun agenda économique. Cela fait partie de nos principes fondamentaux : la neutralité et l’indépendance sur ces questions.
Cependant, sur un plan individuel, les francs-maçons, en tant que citoyens à part entière, peuvent avoir des engagements politiques, sociaux ou économiques selon leurs convictions personnelles et leurs parcours professionnels.
Sur le plan social, la franc-maçonnerie encourage ses membres à incarner des valeurs de fraternité, de solidarité et d’humanisme. À Maurice et ailleurs, cela se traduit souvent par des actions caritatives, des projets communautaires ou des initiatives visant à soutenir les plus démunis.
Pourquoi autant d’in-compréhensions à l’égard de la maçonnerie ?
C’est peut-être parce qu’elle est discrète. Tout récemment, j’ai vu des commentaires sur les réseaux sociaux, qui donnent une idée de ce qu’une bonne partie du public pense de la franc-maçonnerie. Je pense que la plus grande incompréhension du grand public réside, sans doute, dans l’idée que la franc-maçonnerie serait une organisation secrète poursuivant des objectifs obscurs, voire des desseins politiques ou économiques cachés. Du moins, c’est ce que les gens disent sur certains réseaux.
C’est une perception totalement erronée. En réalité, la franc-maçonnerie est une institution discrète, mais certainement pas secrète. Nos principes fondamentaux sont publics. Ces fantasmes et théories complotistes, comme vous le dites, naissent d’un manque d’information ou de la peur de ce qui est méconnu.
Nos activités, bien qu’elles aient un cadre spécifique, n’ont rien de mystérieux dans leur essence. Elles visent simplement à offrir à chacun les outils nécessaires pour devenir une meilleure version de lui-même et pour contribuer positivement à la société.
Je pense aussi que le monde moderne, avec l’abondance d’informations et parfois de désinformations, amplifie ces théories. Il nous appartient donc, en tant que francs-maçons, de continuer à dialoguer ouvertement avec la société et à expliquer qui nous sommes réellement et ce que nous représentons.
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