ABC Banking Corporation travaille sur la création d’une nouvelle société qui chapeautera toutes les activités non-bancaires. Son directeur exécutif, Brian Ah-Chuen, évoque ce sujet dans cet entretien et parle de l’impact du taux directeur.
ABC Banking Corporation a récemment émis des obligations subordonnées de Rs 700 millions. Qu’est-ce qui explique cela ?
ABC Banking n’est pas étrangère à ce type d’opportunité qu’offre le marché financier mauricien. Nous avons, dans le passé, accédé au marché des capitaux avec l’émission d’actions ordinaires en 2016. Par la suite, nous avons effectué, en 2019, une émission d’obligations subordonnées en placement privé. Comme plusieurs de nos actionnaires et partenaires avaient signifié leur intérêt à bénéficier de cette offre à l’époque, nous avons voulu faire une offre publique pour ce présent exercice. Nous avions signifié notre intention d’émettre des obligations subordonnées à la hauteur de Rs 500 millions avec une possibilité de sursouscription autorisée de Rs 200 millions. Les investisseurs ont démontré un réel intérêt et comme annoncé récemment, nous avons même dépassé le palier des Rs 700 millions. Ce qui est, en soit, une réalisation significative !
Pour cette émission d’obligations, nous avions obtenu le rating Care A+ de Care Edge Africa - une notation qui est fondée sur l’assise financière confortable de la banque, une solide qualité de nos actifs avec une combinaison adéquate de prêts aux particuliers et aux entreprises.
Pourquoi avoir opté pour cette levée de fonds ?
Il faut comprendre que la capacité d’opérer et le potentiel de croissance d’une banque dépendent de son capital. Grâce à la stratégie #CountOnUs mise en place en 2019, la banque a pu développer ses activités de manière constante au cours des dernières années. De par les retombées fructueuses de cette stratégie, nous avons décidé d’augmenter le capital de catégorie 2, afin de doter la banque d’une bonne base de capital sur laquelle elle pourra continuer à développer ses activités et atteindre de plus hauts sommets.
Au début de l’année, ABC Banking a signifié son intention de réorganiser ses activités. Où en êtes-vous avec la création du nouveau holding ?
La création d’un holding avance assurément en parallèle. Nous travaillons en étroite collaboration avec les différents conseillers et les régulateurs afin de nous assurer que tout est fait dans le respect des normes et du cadre légal. Il s’agit d’une activité très réglementée et nos actionnaires auront l’occasion d’assister à un exposé complet sur cette réorganisation lors d’une assemblée générale spéciale très prochainement. Je tiens à souligner que cette réorganisation n’affectera en rien le bilan financier de la banque. Ce sera une évolution naturelle pour notre banque. La réorganisation implique la création d’une nouvelle société qui chapeautera toutes les activités non-bancaires qui demeurent auxiliaires à la banque permettant ainsi à cette dernière de se concentrer sur les activités purement bancaires tout en proposant une plus grande panoplie de services. La nouvelle structure s’alignera sur les pratiques du marché ainsi que sur les attentes des investisseurs. Elle sera plus flexible, ce qui permettra à la banque d’être en meilleure posture pour tirer le meilleur parti des opportunités du marché.
Quel regard jetez-vous sur le bilan financier de la banque ?
Depuis ses débuts en tant que société de crédit-bail (Leasing) il y a plus de 25 ans, la société a connu une croissance régulière et constante. Les derniers chiffres publiés montrent une performance solide avec un bénéfice après impôts de Rs 146 millions pour les six mois se terminant le 31 décembre 2023, ainsi qu’une croissance de 13 % du portefeuille de prêts de la banque depuis juin 2023.
L’accent mis sur les services bancaires haut de gamme a porté ses fruits et a contribué de manière décisive à notre bonne santé financière. Nous nous concentrons sur l’extension de notre offre de banque privée avec le lancement de services de gestion du patrimoine et de carte de crédit.
Compte tenu de la réputation de Maurice en tant que centre financier international, nous explorons les opportunités sur le marché international, tout en mettant l’accent sur les accords commerciaux avec d’autres banques sur le continent africain. Nous sommes impatients de voir les retombées au cours des prochaines années.
À propos de marché international, ABC Banking avait participé à une mission du secteur financier-bancaire mauricien à Hong-Kong. Quelles en sont les retombées ?
Nous avons, en 2017, établi un bureau de représentation à Hong-Kong, l’un des principaux centres financiers du monde. Et depuis, nous œuvrons continuellement à promouvoir le pays dans ce centre international financier. Avec nos opérations, nous établissons cette connexion entre les deux continents, l’Asie et l’Afrique. Nous croyons fermement en son potentiel et son impact sur l’économie mondiale.
Certes, il y a encore beaucoup à faire pour soutenir la promotion de notre juridiction du fait que Maurice est très peu connue dans cette partie de l’Asie malgré tout ce qu’elle a à offrir étant une destination stable avec un écosystème bancaire très solide et possédant de nombreux avantages fiscaux.
Le Comité de politique monétaire a maintenu le Key Rate à 4,50 % lors de sa dernière réunion. Quel a été l’impact d’un tel taux sur les prêts consentis d’abord par votre banque auprès de la Banque centrale, mais aussi sur les entreprises et les particuliers ?
Nous gérons notre liquidité de manière à pouvoir financer confortablement la croissance du bilan grâce aux opérations bancaires habituelles. La hausse des taux n’a pas eu d’impact négatif sur la qualité du portefeuille de crédits de la banque. Cela s’explique par une série de facteurs, notamment le bon profil de nos emprunteurs et les diverses initiatives mises en place par le gouvernement et la Banque de Maurice pour les soutenir, en particulier après la pandémie. L’ensemble de ces mesures a permis à la banque de maintenir un très bon ratio des prêts non-performants passant de 6,8 % en juin 2022 à 2,2 % en juin 2023.
Dans un autre registre, la main-d’œuvre est un défi majeur dans plusieurs secteurs. Est-ce le cas pour le secteur bancaire ?
Le capital humain est un pilier important de la banque et notre culture constitue un axe stratégique majeur. Il était inconcevable pour nous d’élaborer ou de mettre en place notre stratégie sans l’apport et la participation de nos employés.
Ainsi, tous les employés de la banque ont été directement impliqués dans la mise en place de plusieurs projets en vue de définir notre culture d’entreprise. Notre nouvelle devise est « Banking on You, let’s grow together ». Nous poussons nos employés à libérer pleinement leur potentiel, à penser différemment et à faire preuve de flexibilité et d’autonomie.
Durant l’implémentation de l’Employee Value Proposition (EVP), nous avons réalisé que la majorité de nos employés appartiennent à la génération Z et aux milléniaux (Gen Y). Nous avons, de ce fait, adapté notre culture pour répondre à leurs besoins tout en leur permettant d’apprendre et de se développer professionnellement au sein de la banque. Parmi les mesures phares, nous avons revu les bénéfices pour les employés, nos horaires de travail, et nous avons aussi mis en place des initiatives favorisant le « recognition ».
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !