Textes : Collectivités locales vers la municipalisation des villages
(L’Express du 26.12.2024)
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Cinq villages sur la voie de la municipalisation : Triolet, Goodlands, Centre-de-Flacq, Mahébourg, Bambous concernés ?
(Dimanche-Hebdo du 5.1.2025)
Commentaire :
Nul mieux que nous, au sein de Democracy Watch, aspire à la municipalisation du pays Maurice, à l’instar du progrès sociétal conquis par nos sœurs et frères rodriguais. Oui donc à la municipalisation du reste du pays Maurice, mais à la condition expresse que municipalisation signifie surtout « le gouvernement localisé de citadins, mêmes anciens villageois, par des citoyens à la fibre sociale éprouvée, pour un petit peuple fièrement accroché par un lien sacré à une région donnée, vibrant autour d’une localité phare ». La municipalisation cesse de nous intéresser si elle doit être une institution bidon devant exécuter aveuglément les diktats d’un pouvoir centralisateur car stalinien par nature.
HISTOIRE
Ne mettons pas la charrette avant le bœuf. Relisons notre Histoire municipale. Port-Louis conquiert sa municipalité car, avant même Rémy Ollier, des Mauriciens se battent pour ravir un gouvernement parallèle aux colonisateurs British Born. Appréciant promptement les bienfaits de ce gouvernement parallèle indigène, leur permettant de se tourner davantage les pouces, les colonialistes anglais (navré pour le pléonasme) veulent, vers 1890, l’étendre à Curepipe, Quatre-Bornes et villes-sœurs.
Ce projet pondu d’en haut ne fait pas l’unanimité. D’aucuns craignent alors que les taxes urbaines à casquer soient plus douloureuses que les possibles bienfaits de l’urbanisation. Le besoin colonisateur de gouvernement parallèle et donc décentralisé l’emporte finalement sur les résistances fiscales, s’inclinant devant les bienfaits apparents d’une municipalisation pourtant en herbe.
Bien vite, Curepipe et Beau-Bassin/Rose-Hill luttent âprement pour ravir à Port-Louis le titre de « capitale culturelle » de Maurice. Rose-Hill possède bientôt son hôtel de ville, sa salle des fêtes, son théâtre municipal (hélas confondu avec une enseigne cinématographique). Curepipe peut se glorifier d’un hôtel de ville carte postale, car constamment entretenu par quelques charpentiers, ferblantiers, menuisiers, jardiniers. Ses jardins botanique et ludique, sa bibliothèque Carnegie, sa Cité Pitot, ses expositions inter coloniales, l’œuvre des Maisons Claires, son Vélodrome, sont d’autres atouts d’une gestion urbaine donnant entière satisfaction.
Après l’Indépendance
L’ingérence politicienne assassine la municipalisation. Les élections municipales jadis réglées comme du papier à musique, s’espacent au point d’atteindre la décennie sans scrutin. Ce qui reste comme municipalités se déculotte sans vergogne devant le rapace National Development Unity tenant les cordons de la bourse. Hier encore, les municipalités étaient pépinière de tribuns. Elles sont, depuis, un prix de consolation pour ceux s’en contentant.
MUNICIPALISATION FRELATÉE
Et c’est cette municipalisation frelatée qu’un bureaucrate terré à Port-Louis veut imposer à cinq villages, choisis on ne sait comment. Mais la municipalisation ne saurait être une imposition. Elle se donne à ses conquérants. Elle ne saurait être un cadeau empoisonné mais le succulent fruit d’une conquête. Elle doit se mériter. Le bon sens l’exige d’ailleurs. Tout village osant réclamer sa municipalisation doit justifier sa requête, en détaillant les bienfaits qu’il attend et espère de pareille mutation et en expliquant comment il se prendra, par ses propres moyens, pour atteindre les buts qu’il s’assigne.
Le poids de l’argumentation lui revient de droit. Quand l’État impose la municipalisation, il lui revient le devoir d’expliquer aux villages, ciblés par lui, mais aussi à l’opinion publique, les bienfaits attendus de pareille imposition et comment l’État les obtiendra, même en cas d’opposition localisée. Nous ne pouvons ici que lui souhaiter « bonne chance » !
Un exemple de la médiocrité ambiante dans laquelle patauge ce qui reste d’une histoire municipale glorieusement commencée avant 1850. Nos conseils municipaux, en place jusqu’aux prochaines Municipales du 4.5.2025, n’ont pratiquement jamais protesté contre les avantages considérables alloués à une assemblée régionale autonome accordée aux Rodriguais, le fruit justement d’un combat et d’une conquête commencée, dès 1976, par Serge Clair. Cela vaut aux Rodriguais de précieuses minutes quotidiennes au journal télévisé tandis qu’une chape d’oubli plombe la municipalisation mauricienne, il est vrai inexistante ou presque.
Autre exemple. En janvier 1950, il y a donc 75 ans, Port-Louis célébrait dignement le premier centenaire de sa première séance municipale en 1850. Le maire prononça alors un discours d’anthologie que tout politicien devrait connaître par cœur. Mais n’est Félix Laventure qui veut. Voyons voir ce que fera Port-Louis, d’ici la fin de janvier 2025, pour émuler les réalisations de 1950. Qui voudrait rater l’occasion d’un pareil baroud d’honneur et finir en beauté ?
DWM Team
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