Joe Biden s'est encore rapproché de la Maison Blanche vendredi en prenant la tête de la course dans l'Etat-clé de Géorgie, au lendemain de nouvelles accusations de fraude proférées sans la moindre preuve par Donald Trump, qui continue d'affirmer être le vainqueur de la présidentielle.
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Dans un dépouillement qui avançait au compte-gouttes, la tendance s'est inversée au petit matin en Géorgie: mené depuis le scrutin de mardi, l'ancien vice-président démocrate devançait désormais le président républicain de 917 voix.
Au vu des résultats ultraserrés, aucun grand média américain n'a toutefois pour l'instant attribué définitivement la victoire à un des deux candidats dans cet Etat qui vaut 16 grands électeurs.
Les compteurs pour arriver au nombre magique de 270 grands électeurs -- la majorité du collège électoral -- ouvrant les portes de la Maison Blanche restaient donc bloqués: 253 ou 264 voix pour Joe Biden, selon que les médias lui aient ou non attribué l'Arizona, et 214 pour Donald Trump.
- Pennsylvanie déterminante -
Les Etats-Unis, qui attendaient de connaître le nom de celui qui prêtera serment le 20 janvier, avaient donc aussi les yeux rivés sur la Pennsylvanie, qui pourrait mettre fin au suspense avec ses 20 grands électeurs.
Si l'ancien vice-président de Barack Obama remporte cet Etat industriel, il deviendra le 46e président américain.
L'avance initiale de Donald Trump au soir de l'élection dans cet Etat industriel du nord-est du pays qu'il avait remporté il y a quatre ans continuait de fondre au fur et à mesure que les bulletins envoyés par courrier -- souvent à 80% en faveur de Joe Biden -- étaient comptés.
Vendredi peu après 10H00 GMT, le milliardaire républicain ne menait plus que de 18.229 voix d'avance en Pennsylvanie.
- "Voler l'élection" -
A l'inverse de la Pennsylvanie et de la Géorgie, Donald Trump bénéficie directement, dans l'Arizona, de la prolongation du dépouillement.
Il était en train de rattraper Joe Biden, risquant de faire perdre au démocrate les 11 grands électeurs que l'agence AP et Fox News lui avaient attribués dès la nuit électorale de mardi, sur la base de résultats partiels et de modèles statistiques, une méthode habituellement très sûre.
Face aux résultats égrenés globalement plus favorables à son rival, Donald Trump a crié jeudi une nouvelle fois à la fraude, sans apporter de nouveaux éléments.
"Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l'élection", a-t-il lancé depuis la salle de presse de la Maison Blanche, dans une tirade souvent confuse, truffée d'approximations et de contre-vérités sur le décompte en cours.
- Trump plus isolé -
Plus de deux jours après l'élection, le 45e président apparaît isolé au sein de son propre parti dans sa croisade contre un "vol" du scrutin dont il serait la victime. "Nous n'avons entendu parler d'aucune preuve", a réagi sur ABC Chris Christie, ex-gouverneur du New Jersey et allié du président, mettant en garde contre le risque d'attiser les tensions sans éléments tangibles.
Il a en revanche reçu le soutien de deux sénateurs républicains, Lindsey Graham et Ted Cruz. "Je peux vous dire que le président est en colère et je suis en colère, et les électeurs devraient être en colère", a déclaré ce dernier sur Fox News.
Peu après l'allocution de Donald Trump, Joe Biden a une nouvelle fois appelé au calme et à la patience. "Personne ne nous prendra notre démocratie. Ni aujourd'hui, ni jamais", a-t-il tweeté.
Quelques heures plus tôt, le candidat démocrate s'était dit certain, dans une intervention à la tonalité présidentielle, de sa victoire imminente.
"Je demande à tout le monde de rester calme. Le processus fonctionne, le décompte s'achève et nous saurons très bientôt", a-t-il déclaré depuis le Delaware. "Nous n'avons aucun doute sur le fait que lorsque le dépouillement sera terminé (...) nous serons déclarés vainqueurs".
- Recours judiciaires -
Le président républicain avait déclaré, dans la première nuit post-élection, qu'il avait gagné l'élection et qu'il ferait intervenir la Cour suprême, restant évasif sur les motifs.
En réalité, ses avocats ont lancé de multiples actions judiciaires au niveau des Etats, avec par exemple la menace de demander un recomptage dans le Wisconsin.
Les démocrates estiment les plaintes sans fondement, mais ces recours pourraient retarder de plusieurs jours ou semaines l'homologation des résultats.
Dans le Michigan et la Géorgie, deux juges ont déjà rejeté des recours républicains.
L'une des batailles concerne la grande Pennsylvanie, où les autorités ont été débordées par le volume de bulletins reçus par la poste.
A la demande du camp Trump, un juge a ordonné aux autorités locales de laisser entrer des observateurs républicains dans le centre de convention de Philadelphie où le dépouillement a lieu.
Dehors, des partisans de M. Trump manifestaient pour dénoncer des fraudes, face à des contre-manifestants.
"Trump est en train de faire un coup d'Etat pour voler les élections", a dit à l'AFP Emma Kaplan, 30 ans.
Les lieutenants et la famille du président ont lancé une campagne de désinformation pour persuader leurs troupes que des tricheries massives étaient en cours, notamment dans les Etats comme la Pennsylvanie qui sont gouvernés par des démocrates.
Mais un certain fatalisme semblait gagner le camp républicain.
Karl Rove, ancienne éminence grise de George W. Bush, a noté sur son blog que "voler des centaines de milliers de voix signifierait un complot d'une ampleur digne d'un film de James Bond. C'est impossible".
© Agence France-Presse
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