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Avinaash Munohur : «La question de la surveillance est primordiale»

Comment les révélations sur des écoutes téléphoniques gouvernementales affectent-elles la confiance des citoyens envers leurs dirigeants et les institutions démocratiques ?
Nous sommes ici dans un domaine extrêmement ambigu et complexe qui requiert une réflexion sérieuse sur les limites entre la garantie de la liberté individuelle et l’impératif de la sécurité nationale. Dans le monde, les services de renseignement et les institutions en charge de la sécurité intérieure sont démunis face aux rapides progrès des technologies digitales et à leur utilisation par des organisations criminelles.  La question de la surveillance est primordiale dans le monde dans lequel nous vivons. Il ne faut d’ailleurs pas uniquement parler d’écoutes téléphoniques, mais bel et bien de surveillance généralisée. La Chine a, par exemple, mis en place un système de smart cameras dotées de capacités de reconnaissance faciale et le gouvernement chinois surveille littéralement constamment ses citoyens par le biais de ces caméras. Nous avons nous-mêmes un système de surveillance via caméras avec le projet Safe City. 

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Est-ce que cela implique forcément une perte de confiance des citoyens dans leurs gouvernants ? 
La véritable question n’est pas celle de l’installation et de l’utilisation de ces dispositifs et systèmes, mais plutôt la manière dont ils sont utilisés. Tout pays a besoin de s’équiper de dispositifs capables de donner les moyens à la police d’agir et de prévenir des actes qui peuvent aller jusqu’au terrorisme. Mais la limite de la liberté individuelle ne doit en aucun cas être dépassée. Les abus peuvent vite arriver et le fantasme du « Big Brother » est clairement ancré dans l’esprit de nombreux Mauriciens. 

Il est essentiel d’établir un cadre légal strict pour l’utilisation de ces dispositifs, ainsi que des lois permettant aux citoyens de dénoncer tout usage abusif.

Dans quelle mesure un scandale lié aux écoutes téléphoniques peut-il nuire à la réputation internationale d’un gouvernement ?
Cela dépend de la nature du scandale. Si les dispositifs d’écoute sont utilisés pour collecter des informations essentielles pour appréhender de potentiels terroristes ou des barons de la drogue, alors il est clair qu’il s’agit là d’une pratique indispensable à la sécurité nationale.  Mais si les dispositifs d’écoute sont utilisés pour écouter des opposants politiques ou, pire, si des conversations sensibles entre des responsables politiques sont interceptées et enregistrées, alors nous sommes face à un sérieux problème qui peut entraîner une grave crise de confiance avec nos partenaires étrangers.  L’ancien Premier ministre avait affirmé que la ligne du PMO avait été « hacked » et que des conversations sensibles qu’il avait eues avec d’autres chefs de gouvernement avaient pu être enregistrées. Si cela s’avère, alors il est impératif qu’une enquête sérieuse soit ouverte afin de faire la lumière sur toutes les écoutes qui ont pu avoir lieu. Je suis d’ailleurs étonné que cela n’ait pas encore été fait.

 

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