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Aude : «J’ai appris à vivre avec mon fils usager de drogue»

Aude a appris à aimer son fils à nouveau.

La flamme de l’espoir continue de brûler dans leurs cœurs. Aude (prénom d’emprunt) et son époux ne désespèrent pas de pouvoir, un jour, sortir leur fils Dylan (prénom d’emprunt) de l’emprise de la drogue. Âgé de 42 ans, il est plongé dans cet enfer depuis plus de 20 ans déjà.

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Si autrefois Dylan lui faisait honte, depuis qu’elle bénéficie du soutien de l’organisation non gouvernementale (ONG) Lakaz A, son regard sur lui a changé. La famille a appris à l’aimer de nouveau et continue de mettre tous ses efforts pour l’aider à s’en sortir. Mais avant d’en arriver là, cela a été de longues années de souffrance pour la famille, qui est tombée des nues quand elle a appris, par son entourage, que Dylan avait commencé à prendre de la drogue. Tout l’espoir mis sur ce fils unique s’est alors effondré. 

Déscolarisé après la Form II (Grade 8), il a suivi des cours techniques en soudure afin de pouvoir trouver un emploi. « Zame nou finn gagn problem avek li. Me apre nou pa kone kinn arive, kouma linn kapav inn rant ladan. Kapav a traver so bann frekantasion », dit Aude. À aucun moment, soutient-elle, il n’a laissé paraître qu’il avait des problèmes ou avait pris une mauvaise pente.

Cependant, arrivé vers l’âge de 20 ans, la famille a remarqué que des objets disparaissaient de la maison. « J’ai remarqué la perte de mes bijoux et d’autres effets personnels », ajoute Aude. De fil en aiguille, en apprenant que Dylan était devenu un usager de drogue, elle a fini par comprendre que c’était lui qui avait « volé » des affaires de la maison pour pouvoir se payer ses doses. « J’étais effondrée, je n’ai cessé de verser des larmes en prenant conscience dans quoi il était tombé. Nous avons pleuré ensemble, mon fils et moi, parfois quand il jurait qu’il n’était pas l’auteur de ces vols », explique-t-elle. 

La découverte que leur fils, qu’ils ont chéri et pour qui ils ont fait d’énormes sacrifices, était devenu usager de drogue a été comme recevoir un coup de massue sur la tête. Aude confie qu’elle avait honte et a commencé à se culpabiliser, se demandant ce qu’elle avait pu faire de travers pour que Dylan se retrouve dans une telle situation. Elle a même pensé qu’elle avait sans doute passé trop de temps à travailler et négligé sa famille.

« Nous avons voulu l’aider en frappant à plusieurs portes pour un traitement de réhabilitation, mais il a fait des allers-retours, car après différentes sessions, il a replongé dans la drogue. » Son fils a fait de la prison, poursuit Aude, car quand il n’y avait plus rien à prendre dans la maison, il a commis des vols ailleurs et s’est fait arrêter par la police.

Si nou paran nou rezet nou zanfan, kouma la sosiete pou aksepte zot ?»

Après avoir purgé sa peine, la famille ne l’a pas rejeté, choisissant de lui accorder une nouvelle chance. « Nous avons essayé de le soutenir afin qu’il oublie cette expérience en prison, en réaménageant sa chambre et en lui donnant une raison de vivre sans drogue, car il nous avait dit qu’il n’allait pas commettre de vols ni se droguer », raconte Aude. 

Mais, lassée de ses agissements, la famille a préféré quitter le quartier dans un faubourg de Port-Louis pour s’installer dans une autre région, en espérant qu’il changerait et n’aurait plus la possibilité de s’approvisionner en drogue. Selon Aude, son fils est un injecteur de drogue et ne prend pas de produits synthétiques.

C’est en 2012 qu’Aude dit avoir entendu parler de Lakaz A alors qu’elle se rendait à la prison pour rendre visite à son fils. « J’ai rencontré une amie que j’avais perdue de vue. Elle était là pour les mêmes raisons que moi », indique Aude. Depuis, elle suit régulièrement les sessions de l’ONG et a même participé à un week-end Solidarité, Épanouissement, Libération (SEL), où tout a changé. « J’ai pu m’exprimer et dire tout ce que j’avais sur le cœur, tout ce que j’ai enduré depuis que mon fils est sous l’emprise de la drogue. J’ai pu me libérer. »

Grâce au soutien des animateurs et des autres parents qui vivent la même détresse, son regard sur son fils a changé, avoue-t-elle. « Des larmes que nous versons à chaque session, c’est le cœur plus léger que nous rentrons chez nous », affirme-t-elle. Avant ses sessions à Lakaz A, elle n’arrivait plus à supporter la présence de son fils et lui avait demandé à plusieurs reprises de quitter la maison. Avoir un usager de drogue dans la maison n’est pas une mince affaire, dit-elle. Outre ses soucis avec son enfant, elle doit gérer le regard de la société et les remarques désobligeantes de l’entourage parfois : « C’est très blessant de s’entendre dire : to garson droge-la ki manier ? »

Mais elle a appris, au fil des sessions, comment essayer de ramener son fils sur le droit chemin. « Grâce au soutien que nous lui donnons, il a pu réintégrer la famille, il ne se sent pas rejeté ou exclu. » Selon Aude, son fils est proche de sa sœur et veille beaucoup sur ses deux neveux, craignant que l’un d’entre eux succombe comme lui à la drogue. « Il a envie de sortir de cette emprise, mais il n’y arrive pas. Il ne souhaite pas que cela arrive à son neveu. »

Pour Aude, il est du devoir des parents de ne pas rejeter leur enfant même s’il est dans la drogue. « Si nou paran nou rezet nou zanfan, kouma la sosiete pou aksepte zot ? » 

La mère souligne qu’il est important de faire sentir à son enfant tombé dans la drogue qu’il est aimé malgré tout et qu’il peut compter sur le soutien de ses proches pour s’en sortir. Elle insiste : « Soutien paran bien inportan sa. »

 

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