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Lors du 38ᵉ Sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, Navin Ramgoolam a réaffirmé avec force la détermination de Maurice à récupérer l’archipel des Chagos. Il a évoqué les discussions en cours et les mesures prises pour les Chagossiens.
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Présent au 38ᵉ Sommet de l’Union africaine, qui se déroule à Addis-Abeba, en Éthiopie, Navin Ramgoolam a réaffirmé l’engagement de Maurice dans la lutte pour la souveraineté sur l’archipel des Chagos. Le Premier ministre a dénoncé l’« excision illégale » de cet ensemble d’îles par le Royaume-Uni avant l’indépendance de Maurice en 1968 et a souligné l’importance de cette revendication pour l’achèvement du processus de décolonisation en Afrique.
« L’Afrique ne pourra être pleinement décolonisée et libre tant que la dernière colonie du continent, les Chagos, ne sera pas entièrement restaurée sous notre souveraineté », a déclaré Navin Ramgoolam, insistant sur le soutien unanime des membres de l’Union africaine à cette cause, dimanche lors de son intervention au Sommet.
Le Premier ministre a rappelé le déplacement forcé des habitants des Chagos à la fin des années 1960 et au début des années 1970, à la suite de la séparation de l’archipel du territoire mauricien par Londres. « Conscient des souffrances de ceux qui ont été déplacés vers l’île Maurice, mon gouvernement prend des mesures spéciales en leur faveur et en faveur de leurs descendants à travers le Chagossian Welfare Fund », a-t-il indiqué.
Parmi les membres de la délégation mauricienne figurait Olivier Bancoult, leader du Groupe Réfugiés Chagos, engagé depuis plusieurs décennies dans la lutte pour le retour des Chagossiens sur leur archipel. « Il est au cœur du combat pour les droits des Chagossiens, et nous admirons tous sa détermination sans faille et sa ténacité », a souligné le chef du gouvernement mauricien.
Navin Ramgoolam a, par ailleurs, évoqué les discussions en cours avec le Royaume-Uni concernant l’avenir des Chagos, se voulant optimiste quant à une issue favorable. « Des discussions sont en cours avec le gouvernement britannique et avancent dans la bonne direction. Nous espérons une conclusion positive », a-t-il affirmé.
Avis consultatif
Ce dossier, qui cristallise les tensions diplomatiques entre Maurice et le Royaume-Uni depuis plusieurs décennies, a pris un tournant ces dernières années avec une série de décisions internationales favorables à la position mauricienne. En 2019, la Cour internationale de justice (CIJ) avait rendu un avis consultatif concluant que la séparation des Chagos de Maurice avant l’indépendance était contraire au droit international. L’Assemblée générale des Nations unies avait ensuite adopté une résolution demandant au Royaume-Uni de restituer l’archipel à Maurice « dans les plus brefs délais ».
Après de longs pourparlers entre le Royaume-Uni et Maurice, les choses en sont à une étape finale avec un feu vert nécessaire de la part de l’administration Trump qui a demandé, il y a quelques jours, de pouvoir se mettre aussi à la table des négociations.
Devant les dirigeants africains réunis, le Premier ministre mauricien a réitéré sa volonté de voir cette restitution se concrétiser rapidement. L’archipel des Chagos, qui abrite la base militaire américaine de Diego Garcia, demeure au cœur d’enjeux géopolitiques majeurs.
Dans son intervention, Navin Ramgoolam a également évoqué d’autres questions liées aux séquelles du colonialisme, rappelant notamment l’instauration en 2009 de la Truth and Justice Commission pour examiner l’impact de l’esclavage et de l’engagisme à Maurice. Parmi les mesures mises en place sur la base des recommandations de cette commission, il a cité la création d’une unité de recherche foncière ainsi que d’une division foncière au sein de la Cour suprême, en vue d’étudier les cas de dépossession de terres.
Enfin, il a souligné l’importance du site du Morne, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2018, comme lieu de mémoire de la résistance à l’esclavage.
Série de rencontres bilatérales pour le Premier ministre
En sus de ses interventions officielles, Navin Ramgoolam a multiplié les rencontres bilatérales et échangé avec des professionnels mauriciens travaillant en Afrique.
Dimanche, il a rencontré le président des Comores, Azali Assoumani, qui l’a félicité pour sa victoire aux élections de novembre 2024. Les discussions ont porté sur le renforcement des relations bilatérales, notamment en matière de sécurité maritime, des Jeux des Îles 2027, de lutte contre la piraterie et de coopération économique. Les deux dirigeants se sont engagés à approfondir leur partenariat.
Le Premier ministre s’est ensuite entretenu avec la directrice générale de l’OMC, Dr Ngozi Okonjo-Iweala. Cette dernière a encouragé Maurice à tirer pleinement parti des accords commerciaux et à soutenir la lutte contre la pêche illégale, en raison de son engagement dans le « Fisheries Subsidies Agreement ». Ils ont également évoqué l’économie mauricienne, les opportunités d’investissement et l’introduction d’une « Fiscal Responsibility Act ». Navin Ramgoolam a invité Dr Okonjo-Iweala à visiter Maurice.
Il a également échangé avec Mesganu Arga, ministre éthiopien des Affaires étrangères qui a insisté sur l’importance de renforcer la coopération commerciale et touristique entre les deux nations.
Le Premier ministre a ensuite rencontré Akinwumi Adesina, président de la Banque Africaine de Développement (BAD), afin de discuter du positionnement de Maurice comme hub financier en Afrique. Il s’est aussi entretenu avec des professionnels mauriciens basés à Addis-Abeba, qui ont exprimé leur souhait de contribuer au développement du pays.
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