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«Au Coeur de l’Info» : la drogue à Maurice - Cadress Rungen : «La situation est chaotique et sans précédente»

Nawaz Noorbux et ses deux invités sur le plateau.

L’émission « Au Coeur de l’Info » d’hier, animée par Nawaz Noorbux, était axée sur la situation de la drogue à Maurice dans le cadre des débats thématiques en cette campagne électorale. Le travailleur social, Cadress Rungen a brossé un tableau très sombre de la situation. 

L’ampleur que la drogue, surtout les substances synthétiques, a prise dans le pays, de même que le rôle de nos institutions et la volonté politique ont été débattus par Nawaz Noorbux et ses invités. Depuis les années 80, la situation liée à la drogue à Maurice n’a cessé de se détériorer. Cadress Rungen, travailleur social engagé, exprime son désarroi. « La situation est chaotique et sans précédente. Je suis triste pour mon pays tant la situation est grave », confie-t-il. 

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Pour illustrer ses propos, celui qui travaille au quotidien avec des parents et des jeunes touchés par ce fléau, a relaté un fait qui prouve à quel point la situation est hors de contrôle. « Une mère ne dort plus la nuit, levant son fils, usager de drogue, le matin en lui disant je sais que tu souffres et tu ne peux pas affronter la vie et moi aussi je ne peux plus vivre. Elle essaye de s’immoler avec son fils », a-t-il dit. À travers ce récit, Cadress Rungen met en exergue la détresse de cette maman qui, comme elle, fait partie des nombreux parents confrontés à cette dure réalité. « Trop de larmes sont versées face à cette atrocité », se désole-t-il.

Une variété de drogues

Plus inquiétante encore, fait ressortir Cadress Rungen, est la variété de drogues disponibles. Autrefois, selon lui, les jeunes étaient confrontés à un ou deux types de drogues, comme le gandia et l’héroïne. Aujourd'hui, la réalité est bien plus complexe avec une multitude de drogues et de psychotropes sur le marché. « Les usagers ne se contentent plus d’une seule drogue, mais ils goûtent à tout. Les substances synthétiques aggravent encore plus la situation. Nous voyons des jeunes mourir par overdose, d’autres deviennent presque des zombies », explique le travailleur social. Ce dernier évoque des cas tragiques de jeunes âgés de 10 à 15 ans qui sont même en détention. « Malheureusement, la disponibilité des drogues est telle qu’il devient presque impossible de contrôler la situation. Dans le passé, nous avons tiré la sonnette d’alarme sur la drogue synthétique, mais cette dernière est désormais facilement accessible », déplore-t-il.

Malgré des initiatives telles que des financements gouvernementaux pour des ONG, Cadress Rungen estime qu’il n’y a pas de plan national efficace de prévention et de réhabilitation. « Il n’y a pas de coordination au niveau national. Les travailleurs sociaux, en dépit de leur bonne volonté, manquent souvent de compétences. Du côté de la répression, la police fait ce qu'elle peut, mais la situation reste insupportable », ajoute-t-il. C’est pourquoi il appelle à une lutte nationale contre la drogue, transcendant les intérêts politiques. « Les candidats doivent se pencher sur la situation, sans faire de politique sur le dos des parents qui souffrent. L’économie parallèle attire les jeunes, qui souhaitent devenir les patrons d'un système illégal », dit-il.

Cadress Rungen insiste sur l'importance d'un programme de prévention dans les écoles, dès le primaire, pour lutter contre ce fléau. « Nous ne pourrons peut-être pas éliminer la drogue, mais nous pouvons la contrôler avec un bon programme de prévention. Maurice a les compétences nécessaires », renchérit-il. Pour conclure, il lance un appel poignant : « Le problème numéro un à Maurice, c'est la drogue. Le gouvernement qui parviendra à soulager les parents en détresse et à sauver les jeunes tombés dans ce fléau, qui sont emprisonnés ou décédés, rendra le plus grand service possible à notre pays ».

Teeluck et Juman s’affrontent

Lors de l’émission, le ministre sortant Avinash Teeluck et le député sortant de l'opposition Eshan Juman ont croisé le fer. Des piques ont été lancées ici et là. Avinash Teeluck s’est attardé sur les réalisations du gouvernement concernant le fléau de drogue. Pour lui, c’est important qu’un gouvernement prenne le sujet de la drogue comme une priorité et agisse en ce sens. D’où les mesures qui ont été prises jusqu’ici : l’institution de la commission d’enquête sur la drogue, la prévention et les projets infrastructurels, entre autres, pour contrer ce problème. « Il ne faut pas regarder Maurice seulement. La situation est alarmante sur le plan international », fait-il remarquer. Chiffres à l’appui, Avinash Teeluck a démontré que le travail se fait. « De 2000 à 2014, il y a eu des saisies valant Rs 2,7 milliards alors que de 2015 à 2023, la valeur des saisies est de Rs 14,8 milliards », ajoute-t-il. 

Ehsan Juman a cité le sondage d’Afrobarometer pour démontrer à quel point la situation liée à la drogue est grave. Avec ironie, il a déclaré : « Nous n’avons pas de l’eau 24 sur 24, mais nous avons de la drogue 24 sur 24 ». Certes, il concède que la drogue « ne peut être éliminée » du jour au lendemain, toutefois, il affirme qu’il faut « prendre le taureau par les cornes » afin d’en diminuer sa prévalence. Il a ensuite parlé des propositions de l’Alliance du Changement concernant ce dossier épineux. Parmi, la réforme de la police, l’accent sur la réhabilitation, des campagnes de sensibilisation dès le primaire, la formation des travailleurs sociaux, davantage de centres de désintoxication à travers le pays, entre autres. « Nous serons très sévères sur ce dossier. Quand on dit casser les reins, il faut vraiment casser les reins », conclut-il.

 

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