Artefactory : Fabrice Permal, artisan de l’innovation

À 31 ans, cet entrepreneur autodidacte mêle bois, acrylique et technologie pour créer des pièces uniques. Avec une passion indéfectible, il prouve que tradition et innovation peuvent coexister.

Fabrice Permal, 31 ans, est le visage et l’âme d’Artefactory, une entreprise mauricienne qui redéfinit l’artisanat à l’ère moderne. Designer autodidacte et entrepreneur passionné, Fabrice est connu pour ses créations uniques mêlant bois, acrylique et technologie. « Artefactory, c’est plus qu’une entreprise ; c’est le fruit de ma passion pour la création et le design. Je veux montrer que l’artisanat a encore un rôle à jouer dans notre monde numérique », explique-t-il avec enthousiasme.

Son parcours est tout sauf ordinaire. Dès l’âge de trois ans, Fabrice se passionne pour l’automobile. « Je dessinais des voitures partout, même sur une Bible familiale », raconte-t-il en riant. Cette obsession pour le dessin l’accompagne tout au long de son enfance, au point de causer quelques frayeurs à ses parents lorsqu’il prend un marqueur permanent pour dessiner sur un canapé en cuir neuf. « Je me suis fait passer un savon, mais rien ne pouvait arrêter mon amour du dessin et des voitures », se souvient-il.

À 11 ans, Fabrice se dit qu’il deviendra un jour designer automobile. Cependant, à l’âge de 13 ans, un cadeau de Noël change le cours de sa vie. « Mes parents m’ont offert un énorme kit de Lego, et c’est là que tout a changé. J’ai commencé à construire des bâtiments, toute une ville, et c’est là que mon amour pour l’architecture est né », dit-il. En voyant son père rénover leur maison à Curepipe, Fabrice développe une fascination pour les méthodes de construction, la pose des blocs et les techniques architecturales.

Cet intérêt le conduit à s’inscrire à un cours d’architecture dans une école, mais il se heurte à des problèmes d’accréditation. Il se réoriente alors vers le design d’intérieur au Charles Telfair Institute (CTI). « Au CTI, je me suis retrouvé dans une famille de passionnés. C’était génial de pouvoir partager ma passion pour le design avec d’autres », raconte-t-il. Durant ses études, il trouve un emploi au sein d’une entreprise de Grande Surface de Bricolage (GSB), où il passe de vendeur à designer, et enfin à spécialiste en conception assistée par ordinateur (CAD) et en 3D. « J’ai gravi les échelons, en passant de vendeur à CAD designer. Ce que j’aime, c’est voir mes dessins se concrétiser », explique-t-il. Fabrice y passe presque 10 ans et fait ses armes au sein de cette société.

Mais la pandémie de Covid-19 change la donne. « Coincé à la maison sans grande distraction, je me suis lancé dans la construction de ma propre machine CNC. Je n’avais aucune formation formelle, mais je me suis dit : pourquoi pas ? » se rappelle-t-il. Il brave des barrages routiers pour acheter sa première imprimante 3D en pleine pandémie, marquant le début de son aventure entrepreneuriale. 

Son premier projet, Badge-it, axé sur la création de badges automobiles rares, ne décolle pas comme prévu. « Badge-it n’a pas vraiment fonctionné à cause des restrictions de Covid, mais j’ai beaucoup appris de cette expérience », confie-t-il.

Déterminé à ne pas baisser les bras, Fabrice vend ses deux voitures personnelles pour investir dans des machines plus performantes et fonde Artefactory. Derrière ce nom se cache un jeu de mots subtil combinant « artefact », « factory » et « art », rendant hommage à sa mère qui lui a enseigné la signification du mot « artefact ». « Artefactory, c’est une mini-usine d’objets, mais c’est aussi un dérivé de mes souvenirs d’enfance », explique Fabrice.

Artefactory commence à prendre de l’ampleur grâce à des projets de gravure sur bois, de création de trophées et de meubles personnalisés. Son premier gros contrat est une décoration de Noël pour un hôtel cinq-étoiles, réalisée en collaboration avec l’entreprise pour laquelle il travaille à ce moment-là. « C’était la première fois que je voyais mon travail prendre une telle ampleur », raconte-t-il. 

En parallèle, Fabrice continue à équilibrer son emploi salarié et son activité entrepreneuriale avec Artefactory. « J’aime les deux mondes. Mon emploi me permet de rester ancré dans le domaine du design d’intérieur, qui me passionne, tandis qu’Artefactory me donne l’opportunité d’explorer librement ma créativité et d’innover », explique-t-il. Cependant, il admet que le parcours entrepreneurial est rempli de défis : « Je suis un one-man show, une armée d’un seul homme. »

Pour Fabrice, l’avenir est prometteur. Il prévoit de lancer prochainement un site e-commerce pour Artefactory, permettant aux clients de commander des cadeaux personnalisés, des décorations et des trophées en ligne. « Je veux que mes créations soient accessibles à tous. Je vise à créer un marché de niche où les gens peuvent acheter des cadeaux uniques, même à la dernière minute », dit-il. Son ambition ne s’arrête pas là. Fabrice envisage de créer des emplois pour les jeunes issus de milieux défavorisés. « Je veux trouver des talents là où personne ne cherche et leur donner une chance de briller », déclare-t-il avec conviction. « Je pense que l’artisanat a encore de belles années devant lui, surtout si l’on sait combiner tradition et innovation. »

Son conseil précieux aux aspirants entrepreneurs et aux jeunes qui souhaitent se lancer : « Don’t be too much of a thinker parce que réfléchir trop et tout calculer, ça peut vous paralyser. Quand vous calculez trop, vous ne prenez pas d’action », affirme-t-il. « Et aussi, visez la lune. Au pire des cas, si vous ratez la lune, vous finirez parmi les étoiles. Donc, au final, vous serez quand même en train de briller quelque part. »