Le chairman du Board de la compagnie nationale d’aviation revient sur les profits annoncés pour 2015/2016. Il affirme qu’Air Mauritius est mieux armée pour affronter l’avenir et faire face à la compétition venant d’Europe et d’Asie.
[blockquote]« If we are good, we should be able to stand on our two feet and face the competition. »[/blockquote]
Air Mauritius a généré des bénéfices nets de Rs 675 millions en 2015/2016. Qu’est-ce qui explique ce retour à la profitabilité?
En mars 2015 quand le nouveau conseil d’administration a été constitué, il s’est retrouvé avec une équipe ayant perdu la culture d’entreprise et le sens de la productivité. Il y avait une absence de motivation. Sur le plan financier, la compagnie s’est retrouvée avec des pertes d’un milliard de roupies. Si on aurait continué avec le même état d’esprit sans des mesures pour contenir les dépenses, l’année financière 2015/2016 aurait été désastreuse comme la précédente.
Il a fallu en finir avec cette situation et raviver cette passion au sein d’Air Mauritius. Le Board et les comités institués ont suggéré et mis en pratique des décisions, dont certaines ont semblé être drastiques. Et le mérite revient surtout aux employés d’Air Mauritius. L’équipe dispose des compétences et de l’expertise. Les membres du personnel ont démontré leur capacité à rebondir quand on leur offre l’opportunité de prendre des décisions.
Et la baisse de la facture des produits pétroliers dans tout cela?
Quand on analyse le bilan financier d’Air Mauritius, il est facile d’attribuer les profits à la baisse du prix du pétrole. C’est vrai dans une certaine mesure. Or, cette baisse a été bénéfique à toutes les compagnies aériennes desservant Maurice, pas seulement à Air Mauritius. Il y a aussi la hausse de 9,4% dans le nombre de passagers que la compagnie a transporté. Le palier record de 1,5 million de voyageurs est le résultat d’une campagne de marketing réussie pour les inciter à opter pour Air Mauritius. Ce n’est pas le prix du pétrole qui leur a dicté ce choix. Aujourd’hui, on note que le Mauricien préfère prendre un vol direct vers sa destination finale au lieu de transiter par un autre aéroport. Le prix est compétitif. Nous voulons faire d’Air Mauritius une référence pour les Mauriciens. Il faut rappeler qu’un Mauricien sur deux choisit Air Mauritius. Il est question d’améliorer ce ratio. Nous avons noté une hausse de 13% dans le trafic de et vers la Chine et de 12% vers l’Inde.
Êtes-vous confiant qu’Air Mauritius enregistrera des profits en 2016/2017?
La compagnie est dans une situation plus confortable. Le montant des réserves a doublé, pour atteindre les Rs 3,2 milliards. En 2015, nous jouions aux pompiers. Maintenant, la direction peut réfléchir à tête reposée. L’avenir, c’est une Air Mauritius profitable, avec une croissance soutenue. La compagnie doit augmenter sa connectivité avec le reste du monde et renforcer l’axe Afrique-Asie à travers l’Air Corridor. Nous passons en revue nos opérations en Europe. Avec l’arrivée de nouvelles compagnies européennes, on peut faire beaucoup pour améliorer la profitabilité sur ces destinations.
L’arrivée d’Air Asia ne vient-elle pas fragiliser voire menacer l’offre d’Air Mauritius sur l’Asie et mettre en péril le projet Air Corridor?
C’est une façon de voir les choses. La vieille école demande à ce qu’on considère tout nouveau-venu comme une source de compétition. L’approche plus moderne serait de considérer la nouvelle entreprise comme une opportunité de collaboration, car dans le monde des affaires il n’y a pas d’ennemis ou d’amis mais des intérêts commerciaux que chacun doit saisir. Soyons réalistes. Le développement de Maurice passe par l’ouverture de l’espace aérien, de manière contrôlée. Assurons-nous qu’avec l’ouverture, toutes les parties en sortent gagnantes, dont la compagnie d’aviation nationale. Tous les transporteurs doivent être traités sur un même pied d’égalité.
Air Mauritius est-elle en position défavorable face à Air Asia?
La compagnie doit être prête à faire face à la compétition. Il y a toujours un moyen de collaborer et trouver un scénario gagnant-gagnant pour toutes les parties concernées. Avant de collaborer, il faudrait d’abord un traité équitable. Quant à Air Asia, peut-être que cette compagnie apportera de la croissance additionnelle. Nous avons déjà entamé des discussions pour dégager un terrain d’entente. À la fin de la journée, le choix final revient au passager, s’il veut voyager Low Cost ou par une compagnie qui offre une panoplie de services.
Avez-vous noté une baisse dans les réservations vers la Malaisie?
Pas à ce stade. Le temps nous le dira.
Toujours en asie, les arrivées de la Chine sont-elle en baisse ?
La Chine est un marché ayant un potentiel énorme. C’est un vaste marché. Air Mauritius ne peut, à elle seule, répondre à la demande. La compagnie se concentrera sur des marchés-niches. Telle est notre stratégie. Guangzhou est un bon exemple. (Le vol inaugural d’Air Mauritius est prévu début juillet) Si d’autres compagnies aériennes chinoises veulent venir à Maurice, il y a suffisamment de place. Nous ne devons pas les en empêcher. C’est la vieille école de pensée. If we are good, we should be able to stand on our two feet and face the competition.
Comment se présente le taux de remplissage sur les nouveaux vols vers l’Afrique dans le cadre du projet Air Corridor?
L’Air Corridor est un nouveau concept, qui rapportera beaucoup au pays et à Air Mauritius. L’Air Corridor repose sur la capacité de relier l’Asie à l’Afrique. L’Air Corridor ne peut être commercialisé en se reposant uniquement sur le trajet Maurice-Singapour. La commercialisation aurait été un échec. Il faut inclure des destinations africaines dans l’offre. Du côté de l’Asie, il y un intérêt grandissant. Au niveau des marchés traditionnels en Afrique, les affaires vont bien. En ce qu’il s’agit de Maputo (Mozambique) et de Dar-es-Salaam (Tanzanie), ce sont des nouveaux marchés. Cela prendra du temps. L’Air Corridor est un projet du gouvernement mauricien, pas d’Air Mauritius, nécessitant une synergie de différentes institutions.
Quelles sont ces institutions?
Le Bureau du Premier ministre, sous lequel tombe Air Mauritius, a été très utile. Ensuite, nous avons besoin du soutien du ministère du Tourisme, de la Mauritius Tourism Promotion Authority, l’Association des restaurateurs et hôteliers de l’île Maurice. Si on ne peut pas vendre la destination mauricienne, on ne pourra pas vendre les services d’Air Mauritius. Cette synergie doit être maintenue et nous devons en tirer profit avec une formule gagnante.
Lors de la présentation du projet d’Air Corridor, mention a été faite d’une compagnie régionale d’aviation, subsidiaire d’Air Mauritius. Où en sommes-nous?
L’étude commanditée pour ce projet a été bouclée. Les conclusions sont positives. La compagnie régionale sera une bonne chose. Tout est maintenant une question de timing sur sa forme et son lancement. Le Board travaille toujours sur cet aspect. Il y a des développements dans la région à tenir en considération. Air Madagascar entre dans une phase de transformation. C’est un acteur-clé dans l’aviation régionale. Nous ne voulons pas créer une compagnie régionale sans savoir ce qui se passe autour de nous.
Air Mauritius a essuyé des pertes suite à ses prises de position par rapport au prix du pétrole (hedging). Est-ce que ce sera la même chose en 2016/2017?
Sans le hedging, Air Mauritius aurait enregistré des profits de quelque Rs 1,6 milliard. La plupart des compagnies d’aviation ont recours au hedging. Au niveau d’Air Mauritius, nous avons mis en place un mécanisme pour suivre l’évolution du cours du pétrole sur une base quotidienne de même que le taux de change dollar-euro. Nous avons un Risk Management Committee qui prend des actions nécessaires. La politique générale est de ne pas prendre de risques inutiles. On ne peut dire que nous n’allons jamais y avoir recours mais nous évitons une situation avec un hedging à 90% de nos besoins en produits pétroliers à 102 dollars. Nous devons être lucides dans nos prises de décision.
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