Du jour au lendemain, la vie a changé au Bouchon. Ce petit coin du Sud de l’île s’est retrouvé, malgré lui, au centre de l’actualité, et même sur la carte internationale, depuis que le MV Benita y a échoué le mois dernier. Petite incursion dans le quotidien des habitants et des commerçants.
C’est le 16 juin 2016 que le MV Benita a échoué au large du Bouchon. Depuis, des badauds des quatre coins du pays s’y rendent pour voir de leurs propres yeux ce navire couché sur le flanc. Nonobstant le danger réel de catastrophe écologique et marin que représente le MV Benita, la présence du vraquier libérien dans cette région est aussi une vraie manne pour les rares commerces de la localité.
Pour accéder au Bouchon, il faut emprunter la route de l’aéroport menant vers Mon-Désert. Celle-ci, qui était auparavant un sentier cahoteux, est aujourd’hui asphaltée. Au bout de la petite route de campagne qui nous mène directement à la plage, on trouve une petite agglomération de 300 habitants qui compte une boutique, une tabagie et une chapelle. Les habitants y vivent principalement de l’agriculture et de la pêche. La vie s’y écoulait lentement et tranquillement jusqu’au jour où le MV Benita s’est échoué sur les récifs.
Depuis, Le Bouchon porte bien son nom, le flot incessant des véhicules et des visiteurs causant régulièrement des bouchons. La curiosité pousse les Mauriciens à faire le déplacement, en un incessant va-et-vient, pour voir de plus près le navire naufragé. Une affluence dont des marchands de plage profitent pour augmenter leur chiffre d’affaires.
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À l’entrée de la plage, on peut voir un prélart bleu noué à une camionnette. On y trouve toutes sortes de fruits confits : ananas, concombre et mangues cristallisées ainsi que d’autres confiseries locales, dont gram, pistas bouilli et gato coco.
« Le Bouchon, c’est un monde perdu. Il n’y a des visiteurs que le dimanche. On fait du bon business en été. Depuis que le navire s’est échoué sur les récifs, tout a changé. Kas ki mo ti pe gagne par mwa, mo pe rekolte li dan enn sel zour », affirme Soomaya Bucktawoo, une marchande de plage. Cette habitante de L’Escalier constate que la vente de ses produits a évolué. « Je ne travaillais que les dimanches. Depuis ce naufrage, je m’installe tous les jours avec mon tricycle sur la plage. Pli ena bann visiter isi, pli mo travay pe marse. »
« Presque un pèlerinage »
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"21525","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-35954","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"MV Benita - Le Bouchon"}}]] Même son de cloche du côté de Parvez Bahadoor. Accompagné de son épouse, Houzaifah, ce marchand de cocos et de merveilles profite de l’aubaine. « La curiosité mauricienne nous est bénéfique. Je fais un bon chiffre d’affaires. Je vends toutes mes friandises et merveilles. Nous sommes déjà rentrés à la maison sans vendre un seul de nos produits. Mais tout a changé. Maintenant, j’exerce même malgré le temps glacial. Bizin manz ar li tan ki bato-la ankor la. » En contrepartie, l’affluence de visiteurs a aussi entraîné l’apparition de marchands de plage illégaux, comme Mala (prénom fictif). Elle avoue vendre illégalement ses produits. « Sa pa mo baz travay sa. Depi mo finn aprann ki ena bokou visiter ki pe vinn isi pou admir sa gro bato-la, mo finn profit lokazion. Mwa osi mo vini gramatin pou vann mo bann prodwi. Travay-la mars bien », nous confie cette habitante de Plaine-Magnien. Toutefois, on ne peut pas plaire à tout le monde. Alors que les commerçants se frottent les mains, certains habitants se plaignent que leur quotidien ait été chamboulé. Un village calme qui a perdu de sa quiétude. Pour David, seul boutiquier du village, les embouteillages sont une plaie. « On n’a jamais vu de tels bouchons dans la région. C’est presque un pèlerinage. » Selon lui, accéder ou quitter la plage est un vrai casse-tête pour les policiers et les automobilistes. On ne peut pas se rendre sur la plage du Bouchon en voiture car l’accès est interdit aux véhicules. Les dimanches, les policiers barricadent la route principale. Il faut donc laisser son véhicule à un kilomètre environ de la plage et poursuivre son itinéraire à pied. « On y circule comme sur l’autoroute aux heures de pointe », résume un agent de police. Et puis, il y a ceux que la présence du MV Benita inquiète, comme Prem. L’air anxieux, il confie : « La pêche est l’activité principale de la plupart des habitants. Mais on se demande si l’on pourra pêcher de nouveau dans ce lagon... »Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !