Le tribunal de Curepipe a rayé, mardi 25 avril, les accusations provisoires retenues contre les sœurs Laina et Adeela Rawat et contre l’époux de cette dernière, Claudio Feistritzer. Après les larmes, place aux sourires.
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C’est dans un appartement huppé de Curepipe chez une amie de la famille, que les sœurs Rawat, nous ont accueilli mardi. Nous sommes sur une terrasse qui surplombe la ville lumière.
De retour du tribunal de Curepipe, l’heure est à la détente. Café et gâteaux sont sur une table. Des amis proches et quelques membres de la famille, dont l’oncle des deux sœurs, sont venus apporter leur soutien. Les téléphones n’arrêtent plus de sonner.
Les sourires contrastent avec les larmes des deux sœurs un peu plus tôt dans l’enceinte du tribunal. Laina se met à l’aise et s’assoit à même le sol sur un tapis. Elle a enlevé ses chaussures à talons et essaie tant bien que mal de répondre aux nombreux appels téléphoniques et témoignages de sympathie. Toutefois, les regards sont maintenant braqués sur son époux, Brian Burns. Celui-ci doit attendre ce jeudi 27 avril pour connaître le dénouement dans l’affaire qui le concerne. Il doit comparaître devant le tribunal de Rose Hill pour prendre connaissance de la décision du Directeur des Poursuites Publiques (DPP).
Mais d’ores et déjà, il affiche une certaine décontraction. Il faut dire que la décision de justice est intervenue alors même que la PNQ du jour était axée sur la vente d’Apollo Bramwell.
«Daylight delivery»
Le temps de se refaire une beauté, Laina Rawat prend place pour une déclaration aux côtés de sa sœur Adeela. Celle-ci a encore du mal à contenir son émotion. Ce sont certaines appellations d’un groupe de presse en particulier qui lui sont restées en travers de la gorge, notamment les qualificatifs de « daylight robbery », « ponzi » ou encore « million-dollar baby ». C’est avec une pointe d’humour qu’elle lance qu’aujourd’hui, c’est « daylight delivery ».
Réagissant à la décision du tribunal, Laina Rawat se dit « choquée ». Elle ajoute : « Je ne m’attendais pas à cela. Après toutes ces nuits blanches et cette longue attente, la vérité a triomphé. » Elle se dit « blessée » par certains commentaires tenus à son égard et celui de sa famille sur les réseaux sociaux.
Quant à Adeela Rawat, elle se dit « soulagée ». Elle ajoute que « les accusations portées contre moi étaient fortes. Mais je suis contente que la justice à Maurice fonctionne. Mon cœur est avec les employés et nos clients. Nous serons toujours avec eux, à l’instar du slogan de la BAI ».
Quant à Claudio Alejandro Feistritzer, il ajoute que c’est « avec un certain dégoût que j’ai regardé la manière dont les actifs du groupe ont été vendus ». Tous les trois entendent bientôt rendre visite à Dawood Rawat à Paris.
Charges rayées
La journée avait commencé à 10 heures au tribunal de Curepipe. À l’appel de l’affaire devant la magistrate Meenakshi Bhogun, le Police Prosecutor, l’inspecteur Itram Bappoo, a annoncé que le DPP, n’a aucune objection à ce que les charges provisoires soient rayées contre Laina et Adeela Rawat et Claudio Feistritzer.
Cela conformément à la motion présentée précédemment par leur avocat Gavin Glover, Senior Counsel. Celui-ci n’était pas présent à l’audience et a été remplacé par Me Sailesh Seebaruth.
La magistrate Meenakshi Bhogun a alors rayé toutes les charges et l’interdiction de voyager a aussi été annulée.
Dans les faits, ils avaient tous les trois été arrêtés en juin 2015 en marge de l’enquête du Central Criminal Investigation Department (CCID) sur les irrégularités financières alléguées du groupe BAI/Bramer.
Les sœurs Laina et Adeela Rawat, anciennes directrices de la compagnie Seaton Investment Ltd étaient accusées à titre provisoire d’usage frauduleux de Rs 6 milliards, provenant des investissements faits dans Iframac Ltd, Bramer Assets Management Co Ltd et de BAI Co (Mauritius) Ltd. Elles faisaient aussi l’objet d’une charge provisoire d’entente délictueuse avec d’autres directeurs et haut cadres de ces compagnies et aussi de blanchiment d’une somme de Rs 6 milliards.
Quant à Claudio Alejandro Feistritzer, le gendre de Dawood Rawat, il était, lui, sous le coup de trois charges provisoires : entente délictueuse, usage frauduleux des biens de la compagnie et fausse déclaration aux auditeurs.
Dawood Rawat : «C’est un grand jour pour ma famille»
Le patron du défunt groupe BAI se dit « soulagé » de la décision de la Cour, de rayer, ce mardi 25 avril, les accusations contre ses deux filles, Laina et Adeela, et contre son gendre Claudio Feistritzer, dans l’affaire BAI. Dans une interview exclusive accordée à Radio Plus, quelques heures après cette décision de justice, Dawood Rawat n’a pas caché son soulagement. « C’est un grand jour pour ma famille. Je remercie Dieu. Merci aux amis et à tous ceux qui nous ont soutenus », a-t-il déclaré. Le patron de l’ex-groupe BAI, actuellement à Paris, se dit aussi satisfait que « la justice ait prévalu et que la vérité ait surgi ».
Dawood Rawat affirme qu’il est en faveur de la mise sur pied d’une commission d’enquête sur toute l’affaire BAI, et non uniquement sur Britam, la filiale kenyane du défunt groupe, comme c’est actuellement le cas. Il estime qu’une commission d’enquête sur toute l’affaire BAI doit être présidée par une personne « qui a beaucoup de sagesse, qui est très expérimentée et qui connaît bien l’île Maurice ».
Pourquoi ne retourne-t-il pas à Maurice ? Dawood Rawat explique qu’il a « plus de possibilités de défendre cette affaire » à l’étranger. Il fait allusion au procès en réclamation qu’il a intenté à l’État mauricien. Il réclame des dommages de Rs 35 milliards à l’État devant un tribunal d’arbitrage. Il réclame aussi la restitution de ses biens pour des pertes subies en tant qu’investisseur.
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