Une femme fabricante de chaussures ? Cela étonnerait certainement plus d’un. Dans l’univers de la cordonnerie, Anjeebye Joosub a fière allure. Et malgré la compétition féroce sur ce marché, elle se bat pour joindre les deux bouts.
C’est dans son atelier à Beau-Bassin, annexé à sa maison qu’Anjeebye est occupée jour et nuit à fabriquer des sandalettes, ballerines, chaussures à talons. En effet, ces produits font partis de son quotidien depuis plus de 28 ans. « Après le mariage, je n’avais rien à faire à la maison. Ainsi, je me suis dit pourquoi ne pas me lancer dans une activité qui m’apportera non seulement un revenu, mais aussi de la satisfaction. Et la cordonnerie fut l’option idéale à cette époque, vu que mon mari était déjà dans le métier », raconte-t-elle.
Les prix varient selon les modèles. Il faut compter à partir de Rs 150 jusqu’à Rs 400 pour une paire de chaussures. Ses clients, dit-elle, sont principalement celles qui travaillent. « J’ai beaucoup de clientes habituelles, car elles connaissent déjà la qualité et la durabilité de mes produits », dit-elle. Par ailleurs, elle dit pouvoir fabriquer une centaine de paires par mois.
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Malgré tous les efforts, Anjeebye se dit inquiète concernant l’avenir de ce secteur. « Je ne pense pas que la fabrication locale des chaussures va pouvoir capter une part importante du marché mauricien », déplore-t-elle. Toutefois, elle ne compte pas baisser les bras. « Je vais continuer à me battre tant que possible », dit-elle.
Pénurie de main-d’œuvre
Son gros souci : un marché pour ses chaussures. Depuis quelques années, le secteur de la chaussure est confronté à des difficultés. Selon elle, bien que le chiffre d’affaires progresse légèrement grâce à un effet prix, la consommation des ménages en chaussures diminue en volume. En effet, la conjoncture économique difficile et la compétition avec les produits chinois pénalisent les volumes de vente. Face à cette concurrence croissante, la résistance n’est pas aisée, avoue-t-elle.
Par ailleurs, elle déplore la pénurie de main-d’œuvre dans ce métier. « Les jeunes ne veulent plus se lancer dans la fabrication des chaussures. Et sans de main-d’œuvre, il est difficile d’augmenter davantage la production », soutient la femme entrepreneur. Autre problème est les prix des matières premières qui ne cessent d’augmenter. « Malgré ces hausses, on ne peut pas augmenter les prix des chaussures. En effet, les Mauriciens veulent la qualité mais à petit prix, ce qui est difficile », constate l’interlocutrice.
Selon elle, malgré la situation économique difficile, il est impératif de répondre aux nouvelles demandes des consommateurs. Ainsi, pour survivre, elle tend à développer des stratégies de fidélisation, à proposer des produits de qualité et à valoriser la relation client. Elle pense que ces vecteurs de différenciation devraient justifier le prix de ses chaussures en comparaison aux produits chinois.
Vie personnelle
Mariée et mère de trois enfants âgés de 24 ans, 21 ans et 20 ans, Anjeebye est une femme comblée. Cette quinquagénaire n’est pas du genre à se reposer sur les lauriers. C’est à 4 h 30 que commence son quotidien. Après avoir fait les travaux ménagers et préparé le repas, elle plonge dans son activité. Elle avoue que la fabrication des chaussures demeure son passe-temps. « Je suis passionnée par ce que je fais », se réjouit-elle. Pour Anjeebye, être femme entrepreneur, c’est aussi d’être capable de gérer la famille et la profession à la fois et avec efficience. « Ce qui est très important, c’est de savoir partager son temps sur une base équitable», ajoute-t-elle. <Publicité
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