Quel regard portez-vous sur les douze mois passés à la tête de la MBC ?
Il faut savoir que c’est animé par la passion pour le développement de l’audiovisuel mauricien et mon attachement à la MBC, que j’ai accepté en mai 2016 la proposition du Bureau du Premier ministre d’assumer les fonctions de directeur-général de la MBC malgré les nombreux défis auxquels faisait face cette situation.
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Dès juin 2016, une nouvelle stratégie a été adoptée afin de réinventer le business model de la MBC pour le rendre plus solide afin qu’elle puisse remplir pleinement ses missions de service public, de manière efficace et efficient mais aussi pour la rendre plus agile face aux changements constants que connaît l’industrie des medias. Une stratégie de développement multiplateforme (TV, radio, site web, réseaux sociaux et application mobile) et de diversification des ressources a été adoptée.
Il convient de noter qu’entre juin 2016 et avril 2017, l’endettement de la MBC a affiché une baisse de Rs 600 millions, soit une réduction de 75%. Nous avons réussi à augmenter les revenus mensuels perçus des ‘Licence fees’. Les revenus publicitaires ont augmenté de plus de 10%. Un exercice de réduction des coûts a aussi été mené en parallèle, par exemple l’achat des programmes étrangers.
La grille de programmation a été revue pour plus de proximité avec les Mauriciens. Bonjour Maurice, Friday Live, Business Connect, MBC à 13h, Ecouter Tender Cozer, Mozil, Encounter sont quelques-unes des émissions introduites. Le pourcentage de programmes locaux sur MBC 1 est passé de 13% en mai 2016 à plus de 70% avec l’objectif premier de donner plus de temps d’antenne aux talents mauriciens. Les matchs locaux de football, basket-ball, de boxe et autres sports sont retransmis sur Sports 11 en direct. Par ailleurs, l’habillage des chaînes de télé a aussi été revu complètement. Pour la rédaction, plus particulièrement le Journal Télévisé de 19h30, on a introduit l’invité du jour, le publireportage, le coin sportif, business brief, etc.
En ce qui concerne les ressources humaines, une centaine d’employés ont été redéployés pour plus d’efficience. De nouvelles unités, telles que les commercial unit, program unit, ont aussi été mises en place afin de mieux répondre aux nouveaux défis liés à la perturbation digitale.
L’exercice du PRB a été complété alors que de nouveaux partenariats ont été établis avec des opérateurs de radio et de télévision étrangers pour des échanges de contenus mais aussi pour renforcer les compétences des équipes de la MBC.
Il ne faut pas non plus oublier la réorientation amorcée vers les plate-formes en ligne. Avec l’application mobile MBC Play, les Mauriciens peuvent maintenant accéder gratuitement aux fréquences radio et aux chaînes de télévision de la MBC sur leur smartphone. Tous les principaux programmes culturels, sportifs et de divertissement sont retransmis sur Facebook.
Certes, de nouveaux défis continuent à guetter la MBC, mais j’estime qu’elle se trouve aujourd’hui dans une position plus sereine pour faire face à un environnement de plus en plus concurrentiel et incertain. Sans le soutien et la contribution des employés de la MBC, les réalisations énumérées n’auraient pas été possibles.
Que répondez-vous à ceux qui critiquent la MBC ?
La MBC a toujours suscité beaucoup de passion et d’attentes. C’est tout à fait compréhensible pour une station nationale de radio et de télévision. Ce phénomène n’est pas unique à Maurice, nous le retrouvons dans de nombreux pays. En ce qui concerne la MBC, l’amélioration de la qualité des programmes ne peut se faire que par étape, compte tenu de sa situation financière et de son business model désuet.
Un premier virage stratégique a été enclenché sous ma direction et je n’ai aucun doute que mon successeur, M. Meckraj Baldowa, saura construire sur ces réalisations et poursuivre la restructuration de la MBC. En tant qu’un des rares Mauriciens ayant participé à la naissance de la MBC, je suis convaincu que cette institution n’est pas uniquement une simple station de radio et de télévision. La MBC a joué un rôle crucial dans le développement de notre pays après son accession à l’indépendance. Elle continue aujourd’hui et doit continuer à avoir un rôle prépondérant dans la promotion de la nation mauricienne et de sa diversité culturelle.
Vous êtes aujourd’hui CEO de MCML. Pourquoi avoir accepté cette nouvelle responsabilité?
Depuis 52 ans, je suis passionné par le développement de l’audiovisuel mauricien et ce n’est pas aujourd’hui que cela changera. Lorsque la proposition m’a été faite par le bureau du Premier ministre de donner un nouveau souffle à la MCML, il y a deux mois de cela, j’ai vu l’opportunité d’introduire de nouvelles technologies et de concrétiser de nouveaux projets afin de continuer à faire avancer l’audiovisuel mais aussi des services associés à Maurice, tant pour la radio que pour la télévision.
Quels sont ces technologies et ces projets ?
Ma priorité aujourd’hui est de revoir les infrastructures et les équipements existants de la MCML, qui sont en partie obsolètes. Il faut aussi savoir que nous vivons aujourd’hui à une époque où la technologie évolue à une vitesse exponentielle. Nous ne pouvons rester passifs. Il convient donc de saisir les nouvelles avancées technologiques afin que notre pays reste à l’avant-garde. La dernière grande avancée menée par MCML concerne la mis en place de la plate-forme TNT en 2005.
La migration totale vers la télévision numérique terrestre a été complétée en 2015. Suite à cette transition, il demeure des fréquences inutilisées. C’est ce qu’on appelle le ‘dividende numérique’. Il est impératif que nous exploitions de façon optimale ce dividende numérique afin de proposer des services innovants. De nombreux pays tels que l’Australie, le Danemark, les États-Unis ont déjà migré vers cette direction.
Comment la MBC peut-elle répondre aux attentes des jeunes ?
Nous sommes aujourd’hui envahis par des contenus audiovisuels étrangers alors que notre pays regorge de talents dans divers domaines. J’estime qu’il est important pour notre pays que nous accordions plus d’espaces à nos jeunes, à nos artistes et autres talents pour qu’ils puissent s’exprimer, et par la même occasion, renforcer la nation mauricienne.
On oublie trop souvent que l’audiovisuel, outre son rôle d’informer, d’éduquer et de divertir, constitue un facteur de développement économique. Nous comptons ainsi revoir la grille de MBC SAT afin de se concentrer sur quatre pôles de programmation avec des productions locales. Ces pôles sont la culture, la technologie, le tourisme et les affaires.
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