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Alain Jeannot, président de Prévention Routière Avant Tout : «Il faut des solutions taillées sur mesure pour Maurice»

Devant l’ampleur du nombre d’accidents graves sur nos routes depuis le début de l’année, Alain Jeannot, président de Prévention Routière Avant Tout, plaide pour des mesures d’urgence. Il souhaite aussi des mesures adaptées au contexte mauricien.

On note déjà une hausse du nombre d’accidents fatals pour les trois premiers mois de cette année par rapport à la même période l’année dernière. Quelles mesures d’urgence devraient être prises ?
Les usagers de la route doivent redoubler de vigilance. Il faut également renforcer certaines mesures et une surveillance accrue des endroits où il y a des faiblesses structurelles. Il y a 32 000 accidents par an à Maurice. On ne pourra jamais arrêter les accidents, mais ils ne devraient pas déboucher sur des morts et des blessés à cause de facteurs tels que la vitesse ou la conduite dangereuse. Pour ce faire, il faut observer le code de la route. 

De plus, il y a d’autres facteurs qui entrent en jeu. À Maurice, par exemple, beaucoup de gens ne savent pas dépasser comme il faut ou ne gardent pas la distance requise avec le véhicule qui est devant eux. Il faut davantage de sensibilisation. Une campagne sur le dépassement et la vitesse est une nécessité. Il faut viser là où le bât blesse.

Les autorités doivent prendre leurs responsabilités…
Elles font de leur mieux. Cependant, ce qu’il faudrait, c’est un travail collégial avec la collaboration de la presse et des gens sensibles à la cause.

Le parc automobile a augmenté de 31,3 % en 10 ans. Cela a logiquement un impact sur le nombre d’accidents.
Bien sûr, plus il y a de véhicules, plus il y a de collisions. Toutefois, il y a des pays avec un parc automobile plus important que chez nous qui n’affichent pas le nombre de fatalités par habitants que nous avons. Prenons l’exemple de Singapour où on compte un million de véhicules. Là-bas, on recense 3 ou 3,5 décès par 100 000 habitants alors qu’ici, le chiffre est de 11,5 par 100 000 habitants. 

Ceci dit, à Maurice, la flotte est un souci pour plusieurs raisons. S’il y a beaucoup de véhicules, il n’y a pas de place pour se garer. C’est un problème, car on se retrouve alors dans des circonstances où les gens doivent marcher carrément sur la route, ou bien où la largeur de la voie est rétrécie à cause des voitures qui sont garées des deux côtés, avec tout ce que cela comporte comme danger. À un moment, on risque d’arriver à une situation où il faudra contrôler la flotte.

Comment contrôler la flotte ?
Il y a plusieurs façons de le faire. Un exemple serait de mettre à la fourrière des véhicules ayant dépassé un certain âge ou des véhicules sur lesquels beaucoup de défauts ont été constatés dans les centres de fitness. En Inde, l’année dernière, on a enlevé du circuit tous les véhicules diesel de plus de 15 ans, notamment pour des raisons environnementales, et cela a permis d’alléger le parc considérablement. Il faut cependant prendre des décisions qui correspondent à notre réalité. Ce n’est pas non plus parce qu’un véhicule a plus de 15 ans qu’il est mal entretenu. Il faut venir avec des solutions taillées sur mesure pour notre pays.

Faudrait-il revenir avec le permis à points ?
Je suis totalement pour le permis à points, mais dans des conditions idéales. Il ne faut pas que le système soit frustrant pour la population. On a un autre système en place, les « cumulative points », mais il n’est pas assez vulgarisé. Je sais qu’un certain nombre de personnes ont perdu leur permis de conduire sous ce régime, mais il faudrait communiquer ces chiffres.

 

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