
Les relations entre la direction d’Air Mauritius et le syndicat des hôtesses et stewards, l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA), se sont détériorées après une déclaration controversée de Kishore Beegoo, président et membre exécutif du management committee de la compagnie. Lors de sa première rencontre avec la presse depuis sa nomination en janvier, Kishore Beegoo a abordé plusieurs sujets, notamment les conditions de travail du personnel navigant.
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Kishore Beegoo a fait référence, entre autres, au licenciement de Yogita Babboo, présidente de l’AMCCA, en 2023, en déclarant : « Si une personne a été limogée, il y a une raison. Soit pour des raisons politiques, soit pour avoir travaillé contre la compagnie. Notre travail, c’est de voir si c’est vrai ou pas. » Il a laissé entendre que si les accusations portées contre cette personne s’avéraient fondées, elle ne pourrait pas être réintégrée, tout en promettant une enquête. « Là, on est sur le feu. On perd de l’argent partout. On va voir dans deux mois concernant cette personne », a-t-il ajouté, affirmant son intention de mener « une enquête sérieuse ». Kishore Beegoo a également précisé : « J’ai entendu la personne dire des choses pas vraies à la radio. À aucun moment, je n’ai dit que je vais mettre 400 personnes dehors. »
Sur les conditions de travail, Beegoo a défendu la politique salariale d’Air Mauritius. Il a expliqué que le personnel navigant recevait une indemnité de repas à l’étranger de 6 300 roupies (environ 125 euros) par jour. Selon lui, « le cabin crew est le mieux loti de la compagnie », ajoutant que ces montants étaient comparables à ceux proposés par Qatar Airways, Emirates et Etihad. Il a également affirmé qu’aucun départ n’avait été enregistré au sein du département des hôtesses et stewards, malgré les difficultés évoquées. « Si le travail était aussi difficile, beaucoup d’entre eux auraient dû partir », a-t-il conclu.
Réactions de l’AMCCA
L’AMCCA a vivement réagi à ces propos. Dans un communiqué de presse, Yogita Babboo a dénoncé le langage « dérogatoire » du président à l’égard du syndicat et de ses membres. Elle a critiqué la divulgation sélective des informations sur les indemnités de repas, sans inclure les salaires de base, qu’elle estime créatrice d’un récit trompeur. Elle a ainsi relevé l’écart entre le salaire de base minimal d’Air Mauritius (18 000 roupies) et celui des compagnies du Golfe, où les stewards et hôtesses perçoivent jusqu’à 130 000 roupies par mois, hors indemnités.
Yogita Babboo a aussi contesté les propos affirmant l’absence de départs au sein du personnel. Elle a indiqué que le recrutement de 30 nouveaux membres en janvier traduisait un manque de main-d'œuvre. Elle a également souligné les difficultés liées au fonds de pension « gelé », empêchant certains employés de prendre leur retraite, et l’absence d’alternatives de carrière viables à Maurice. « Les opportunités de carrière alternatives pour le personnel à Maurice sont inexistantes », a-t-elle déploré.
L’AMCCA a par ailleurs exprimé son indignation face aux accusations personnelles formulées lors de la conférence de presse, jugées « dommageables » pour le syndicat et ses membres. Le syndicat a sollicité l’intervention du ministre du Travail, Reza Uteem.
Appel au dialogue
En conclusion, l’AMCCA appelle à un « dialogue constructif » avec la direction d’Air Mauritius et au respect de la transparence. « Nous demandons à la direction d’Air Mauritius d’adopter des normes de communication éthiques et de s’engager dans un dialogue respectueux avec ses employés », a déclaré Yogita Babboo. Le syndicat se réserve également le droit de recourir à des actions juridiques et prévoit une conférence de presse pour détailler la situation.

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