La City of London Police avait remis à l’Independent Commission against Corruption des relevés bancaires incriminants dans l’enquête sur les allégations de corruption contre l’ex-patron du port, Siddick Chady. C’est ce qu’a révélé Robert Seeruthun, chef enquêteur de la commission anticorruption, jeudi, en cour intermédiaire.
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Le contre-interrogatoire de Robert Seeruthun, chef enquêteur de l’Independent Commission against Corruption (Icac), a repris le jeudi 6 décembre 2018 en cour intermédiaire. Le témoin est entendu dans le cadre du procès intenté à Siddick Chady, ex-Chairman de la Mauritius Ports Authority (MPA) et Prakash Maunthrooa, ex-directeur de cette instance. Ces derniers sont accusés de corruption et d’entente délictueuse dans l’allocation d’un contrat à la firme hollandaise Boskalis International BV en 2006. Les prévenus ont plaidé non coupable.
Le chef enquêteur a été contre-interrogé par Me Said Toorbuth, avocat de Siddick Chady. Cette nouvelle audition a mis en lumière les documents obtenus grâce aux demandes d’entraide judiciaire engagées par l’Icac auprès d’autres pays, avant que l’enquête ne soit confiée à la police.
Selon Robert Seeruthun, plusieurs requêtes ont été faites aux Pays-Bas, à la Grande-Bretagne et à Singapour, en 2008. L’Icac avait ouvert une enquête après la parution d’un article dans un hebdomadaire cette année-là.
L’Icac avait, selon le témoin, formulé une demande d’entraide judiciaire aux autorités néerlandaises, afin d’interroger les représentants de Boskalis et deux employés dont les noms figurent sur un fac-similé : Peter Boer et Angela Kok. La commission anticorruption n’a pas pu les interroger.
«Pas de pressions politiques»
Le chef enquêteur a dit s’être rendu au siège de Boskalis le 25 novembre 2009, lors d’une perquisition menée par les autorités hollandaises. « L’exercice avait été mené par un juge d’instruction. Je devais uniquement observer », a précisé le témoin. Il dit avoir aperçu un document à l’écran, semblable au fac-similé publié dans l’hebdomadaire en 2008.
Robert Seeruthun a affirmé qu’à la suite de la demande d’entraide judiciaire formulée à la Grande-Bretagne, la City of London Police a remis des copies certifiées de relevés bancaires à l’Icac. Les documents obtenus de Londres attestent que des entreprises engagées dans la distribution de films et en affaires avec Siddick Chady ont été payées par Boskalis International BV. Il s’agit de relevés bancaires de Yash Raj Films et d’une filiale de l’UTV Communications, sociétés engagées dans la distribution de films.
Le chef enquêteur a admis qu’il n’y a eu aucun versement direct de Boskalis sur les comptes bancaires de Siddick Chady ou de Blockbuster Video Network Co. Ltd. Le témoin a précisé que Singapour avait confirmé un versement de Boskalis à Gilbert Philippe, ex-conseiller au bureau du Premier ministre entre 2006 et 2007. Celui-ci s’était expliqué à l’Icac.
Sa déposition avait permis l’arrestation de Siddick Chady le 5 septembre 2008. Robert Seeruthun a toutefois réfuté les propos de Me Said Toorbuth à l’effet qu’il y a eu des « pressions politiques » pour appréhender l’ex-patron du port.
Boskalis International BV avait décroché un contrat de Rs 439 millions pour des travaux de dragage dans le port. Une enquête avait été ouverte suivant les allégations de pot-de-vin portées contre Siddick Chady qui aurait obtenu Rs 3 millions, avec la présumée complicité de Prakash Mauthrooa.
La poursuite est représentée par Me Rashid Ahmine, assistant du Directeur des poursuites publiques et Jean Michel Ah Sen, Principal State Counsel. Le procès est présidé par la magistrate Wendy Rangan. Le contre-interrogatoire de Robert Seeruthun se poursuit ce vendredi 7 décembre 2018.
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