Les achats de fin d’année ont déjà démarré dans divers commerces. Si certains clients payent en liquide, la majorité privilégie l’achat à crédit, soit à travers la vente à tempérament ou par le biais de leurs cartes de crédit.
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Les produits les plus achetés à crédit
- Les télés
- Les téléphones portables
- Les réfrigérateurs
- Les machines à laver
- Les fours
- Les tablettes
- Les vélos
- Les carreaux céramiques
- Les meubles (lit, armoire, set de sofas, etc)
«Sur dix clients, six voire sept clients achètent leurs produits à travers la vente à tempérament (Hire Purchase) pour une période de repaiement de 30 mois. Les autres clients paient par cash ou font des arrangements avec nous pour tout repayer sur deux ou trois mois », indique Jhikrswar Gungadin, directeur de Super Look Electro-Meubles. Chez Bhageerutty Commercial Centre, on observe la même tendance. « Sur dix clients, sept privilégient le ‘Hire Purchase’. Sur les trois clients restants, nous comptons parmi eux certains qui payent leurs achats avec leurs cartes de crédit », fait ressortir Rajah Bhageerutty, directeur de Bhageerutty Commercial Centre.
C’est un fait, ajoute Géraldine L’Ecluse-Ameer, Brand Manager chez Magasin 361, que les gens achètent plus à crédit en période de fin d’année. « Les clients veulent se faire plaisir et pour ne pas bousculer leur budget, ils préfèrent miser sur la vente à tempérament », explique notre interlocutrice.
Une tradition bien ancrée
Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), abonde dans le même sens. « Depuis les trois dernières décennies, acheter à crédit est devenu une tradition à Maurice et le faire en période des fêtes de fin d’année l’est également, surtout depuis que le gouvernement offre un boni de fin d’année », fait-il ressortir.
Les Mauriciens, poursuit-il, utilisent ainsi une partie de leur boni comme dépôt initial (Ndlr : certains magasins réclament 20 % du prix) sur les articles qu’ils achètent à crédit. « De ce fait, les ventes à crédit augmentent en période de fin d’année », souligne Suttyhudeo Tengur. Avis que partage Mosadeq Sahebdin, le porte-parole de la Consumer Advocacy Platform (CAP) : « Le facteur qui incite le plus à acheter au crédit en période de fin d’année est la disponibilité de plus d’argent. Ironiquement, le bonus de fin d’année devait permettre à acheter au comptant, mais la tentation est d’acheter plus d’un produit ou d’équipement électroménager ou autre, en faisant un abus du zéro dépôt. »
Plusieurs conséquences
Toutefois, acheter à crédit n’est pas sans conséquence. Il y a le danger de l’endettement et du surendettement, prévient Michel Hardy, président de l’Association pour la protection des empruntés abusés. « Le problème d’endettement est bien présent à Maurice. En période de fin d’année, le danger est plus présent, car les Mauriciens se laissent tenter par les publicités et les promos. Or, ils doivent être prudents avant d’acheter des produits au risque de ne pas pouvoir les repayer par la suite », recommande Michel Hardy.
Mosadeq Sahebdin partage les mêmes inquiétudes. « Acheter à crédit ne devait pas peser lourd sur le budget familial si l’achat est planifié, et surtout si l’on a prévu pour les remboursements. Mais l’achat impulsif peut entraîner le surendettement, une situation qui pourrait devenir ingérable », fait ressortir le porte-parole de la CAP.
Dans les commerces, on est également conscient de cette réalité. « Sur cinq dossiers envoyés chaque semaine à la maison de crédit CIM pour être approuvés, deux sont rejetés, car les clients n’ont pas la capacité de rembourser le crédit », indique Rajah Bhageerutty. Suttyhudeo Tengur évoque, quant à lui, des cas où des travailleurs, surtout dans le secteur privé, n’ont pas assez d’argent pour terminer leurs fins de mois après avoir acheté à crédit. « À la troisième semaine du mois, ils s’endettent auprès de leur patron ou collègues afin de pouvoir continuer à faire rouler leur cuisine », conclut-il.
En chiffre
80% des ménages sont endettés à Maurice et un quart d’entre eux ont des difficultés à repayer les sommes qu’ils doivent chaque mois. C’est ce qu’il ressort d’une étude réalisée par l’Association pour la protection des empruntés abusés, il y a trois ans.
Un cercle vicieux
- Prix initial d’un produit : Rs 10 000
- Coût de la commission de la maison de crédit : 15 %
- Coût de la TVA : 15 %
- Prix du produit après y avoir ajouté la commission et la TVA : Rs 13 000
- Dépôt du client : Rs 1 000
- Prix du produit + les intérêts sur une période de 30 mois : Rs 12 000 + Rs 3 600 = Rs 15 600
Le profil des clients
« Ceux qui achètent à crédit sont ceux qui n’ont pas assez d’argent pour acheter un produit au comptant », indique Suttyhudeo Tengur. Qui sont-ils ? Des travailleurs qui touchent des salaires de moins de Rs 10 000 ou jusqu’à un maximum de Rs 15 000. « Ce sont notamment des petits salariés du privé ou encore des fonctionnaires au bas de l’échelle dans la fonction publique », fait ressortir notre interlocuteur.
Les raisons pourquoi l’achat à crédit est prisé
- Le boni de fin d’année permet de payer un dépôt
- Les promotions en fin d’année qui entraînent une baisse des prix de plusieurs produits
- La tradition d’offrir des cadeaux
- L’occasion de renouveler certains équipements ou de changer d’appareils devenus trop vieux ou défectueux
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