Faits Divers

Zoom sur les maisons closes

Depuis environ un mois, la police traque les prostituées, les tenanciers de bordels, des gérants de maisons closes opérant sous le couvert de salons de massage… Le bordel, autrefois connu comme « loca », a évolué au fil du temps. L’opération Make Safe a été lancée par la police depuis quelques semaines pour combattre les fléaux sociaux, la drogue, la prostitution et pour freiner la recrudescence de vols, avance l’inspecteur Coothen du service de  communication de la police.
« Ainsi la police a fait plusieurs descentes et traqué des prostituées à Quatre-Bornes, au Jardin de la Compagnie à Port-Louis et dans des quartiers chauds où opèrent des bordels sous le couvert de salons de  massage. Certaines maisons de débauche existent même dans des quartiers résidentiels huppés. Elles troublent souvent, la tranquillité,  la paix et la sécurité publique dans ces quartiers où l’on constate une recrudescence de vols et des actes de violence. L’opération Make Safe vise un grand nettoyage de ces quartiers résidentiels. Nous invitons la coopération du public avec la police. Le public a le devoir de nous signaler tout cas suspect lié à la prostitution ou la drogue sur le hotline de la police en appelant au numéro de téléphone 148 »,   déclare l’inspecteur Coothen.

Démantèlement des maisons closes

2011  : 7 cas 2012  : 6 cas 2013  : 4 cas 2014  : 1 cas 2015 : (de janvier à fin septembre) : 1 cas Arrestations liées à la prostitution et au proxénétisme : 49 cas

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Vice Squad

Maurice a connu une prolifération de bordels tant dans des quartiers pauvres des faubourgs que dans les villes, notamment à Roche-Bois, Plaine-Verte, Vallée-Pitot, Cassis, Petite-Rivière, Rose-Hill et d’autres localités défavorisées. À Pointe-aux-Sables, la tristement célèbre discothèque Golden, haut lieu du vice, accueillait prostituées et proxénètes. Golden était le lieu privilégié des marins qui visitaient Port-Louis, le temps d’une escale. Ils y trouvaient sexe et drogue. Souvent de violents incidents y éclataient et des effectifs de la brigade anti-émeute, la Police Riot Unit devaient intervenir pour rétablir l’ordre. Golden était le repaire de prostituées et de proxénètes. Face à cette situation, les autorités policières instituent une unité spécialisée, la Vice Squad, pour traquer les prostituées, les tenanciers de bordels et les trafiquants de drogue. Chaque maison close accueillait en moyenne cinq ou six prostituées qui travaillaient sous les ordres d’un proxénète. Des policiers à la retraite, qui étaient affectés à la Vice Squad, se rappellent de deux proxénètes tristement célèbres : les frères jumeaux Balancy Sale et Balancy Propre qui opéraient à Abercombie. D’autres, qui ont donné du fil à retordre à la Vice Squad, étaient Cassim, Jean Jacques, Claude et Ti Fritz qui a connu une fin tragique.

Les Blousons Noirs

C’était l’époque où sévissaient des gangs. Dans les villes, des gangsters semaient la peur. À Plaine-Verte, vers la fin des années 60 une bande de huit jeunes, inspirés d’un film – Le Justicier – où Charles Bronson, en blouson noir, campe le rôle d’un justicier, se livre à une série d’actes de violence sous prétexte de nettoyer les quartiers minés par la prostitution et la drogue. Les Blousons Noirs font des descentes dans des bordels pour s’attaquer aux prostituées et proxénètes. « Nous entreprenions des actions musclées pour nettoyer la société en faisant fuir les travailleurs du sexe », raconte une personne qui a fait partie du gang Blousons Noirs. « Nous avons démantelé une vingtaine de bordels dans diverses localités, notamment à Plaine-Verte, Vallée-Pitot même, Roche-Bois et Rose-Hill », a-t-il déclaré. « Mo rappel, kan rant kot zot, Blousons Noirs kraz partou. Apre sa seri aksyon-la bann proxenett inn organiz zot avek bann taperr ek deklans enn lagerr avek Blousons Noirs », déclare notre interlocuteur, aujourd’hui âgé de 76 ans.

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Que dit la Loi

Me Melany Nagen explique que sous les articles 150 à 153 du Code de procédure pénale toute personne qui tient un bordel – "Keeping Brothel" – est passible d’une amende ne dépassant pas Rs 200 000 et d’une peine d’emprisonnement n’excédant pas 10 ans. (a) Malgré les articles 150 à 153 du Code de procédure pénale, une personne accusée en vertu du paragraphe (1) (b) pour avoir autorisé un mineur à utiliser les lieux comme un bordel, sur déclaration de culpabilité, est passible d’une peine d’emprisonnement de pas moins de deux ans.

Ce déchaînement de violence en 1963 a été marqué par un crime lors d’un affrontement rue Turtle à Port-Louis entre tapeurs, proxénètes et Blousons Noirs. Un proxénète Wilfrid  Edouard, alias Ti Fritz, qui tenait un bordel à Plaine-Verte, est tué. Six membres du gang Blousons Noirs étaient arrêtés et traduits devant la justice. Ils devaient  écoper d’une peine de 12 ans de prison. Après le démantèlement du gang Blousons Noirs, les proxénètes se réorganisent et font appel à des gros bras. Plusieurs gangs vont prendre naissance : les 3 Zetoile, Tartar, Béret Rouge et d’autres. Les membres de ces gangs chargés de protéger les clients dans des bordels. Marins étrangers et clients mauriciens bénéficiaient de la protection. [padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]

La décentralisation du commerce du sexe

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"3015","attributes":{"class":"media-image alignright wp-image-4267","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"263","alt":"Prostitution"}}]]L’ex-inspecteur C., qui a servi au sein de la Vice Squad, raconte qu’il a participé à des raids menant au démantèlement des fumeries d’opium, des saisies de la drogue. Prostitution et trafic de l’opium et du gandia faisaient rage. Il était très difficile de mettre fin aux activités des maisons closes, faute de preuves. La police à l’époque a cependant fait plusieurs descentes fructueuses. Les maisons de débauche proliféraient et il était difficile de prendre les tenanciers, les prostituées ou les proxénètes en flagrant délit. Je me souviens de l’hôtel de la Tour qui se situait à La Tour Koënig qui accueillait principalement des prostitués. De même que l’Hôtel Fort William et Golden. Dans les années 70, quand un bateau jetait l’ancre à Port-Louis, la Riot Unit devait se mobiliser pour assurer la sécurité des marins au Golden Club. Des prostituées s’y rendaient en masse pour ainsi dire. Souvent la police avait à intervenir pour rétablir l’ordre après des bagarres entre marins. Des incidents finissaient en bain de sang, raconte Ranjeet Jokhoo. Selon cet ex-membre de la Vice Squad, avec le développement du secteur touristique et l’expansion de l’industrie hôtelière, les prostituées ont trouvé plus d’espace pour opérer. Elles se sont dispersées vers des régions côtières, dont Grand-Baie, haut lieu touristique. Aujourd’hui encore les prostituées et les maisons closes continuent à s’adapter à la modernisation. Le téléphone portable, Internet, les réseaux sociaux facilitent les rencontres entre les travailleurs du sexe et les clients. Le rôle des proxénètes traditionnels diminue. « Avan pa ti ena portab ni internet. Se bann taxi ou bann grobra ki fer kanvasin ek amen kliant dan bann bordel pu touss zot prym apre », raconte Ranjeet Jokhoo.

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