C’est dans le monde du scoutisme que leur histoire a commencé : lui, jeune loup, elle, cheftaine des louveteaux. En avril 1983, Yvon Marie et Arianne Navarre se sont unis devant l’autel. Voici le récit touchant d’un mari fier de partager sa vie avec une femme exceptionnelle.
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Si Yvon Marie n’est pas un Daniel Balavoine, il affirme pourtant avec conviction : « Ariane est ma femme, ma bataille. » Et pour paraphraser Jean Ferrat, il ajoute avec humour : « La femme qui est avec moi n’a plus vingt ans depuis longtemps. » Mais peu importe l’âge, leur amour semble éternel. Après 41 ans de vie commune, traversés côte à côte, ce duo incarne une histoire de tendresse, de patience et de caractère.
Il se souvient encore de leurs premiers échanges. Il était mécanicien chez Forges Tardieu, spécialisé dans les Vespa, et s’était investi comme scout à l’église de Baie-du-Tombeau. « Il nous fallait une responsable pour les louveteaux et Arianne s’est portée volontaire. » Elle a toujours été engagée, témoigne-t-il. « Elle a toujours aimé servir les autres. C’est une qualité que j’admirais chez elle, et que j’adore encore aujourd’hui », confie-t-il.
Originaire de parents chagossiens modestes – un père stevedore et une mère couturière – Ariane a, dès son adolescence, aidé les jeunes de son quartier, les Dockers Flats. « Elle se dévouait à l’éducation des enfants. Cette générosité et cet altruisme m’ont conquis », raconte Yvon.
Orphelin dès l’âge de 12 ans, ce natif de Camp-Yoloff et plus précisément Camp Subana, Port-Louis, là où se casaient les stevedores du port, a grandi chez sa sœur Monique à Quatre-Bornes au sein d’une fratrie de 12 enfants. « Quand j’ai rencontré Ariane, j’ai enfin trouvé un équilibre. Nous avons toujours été sur la même longueur d’onde », dit-il avec émotion.
Leur mariage est célébré dans un contexte particulier. « Nous vivions difficilement la cassure du tout premier 60-0 en mars 1983, après neuf mois », se remémore-t-il. Le 16 avril 1983, Yvon Marie et Arianne Navarre s’unissent devant Dieu. Les prêtres Bathfield et Giraud bénissent leur union.
La même année, Yvon perd son emploi et reçoit une indemnisation de Rs 11 000. « Nous avons galéré, mais Arianne me rappelait toujours que nous nous en sortirions », se souvient-il. Elle se présente aux élections dans la circonscription n°14, sans succès. Entre-temps, chômeur, Yvon ouvre un atelier de mécanique, tandis qu’Arianne entame une carrière journalistique à « Business Magazine » et au « Militant » : « C’était dur, car nos deux enfants (NdlR, Jean-David et Magalie) étaient encore à l’école. »
Le couple loue une petite maison composée de deux chambres et d’une cuisine au morcellement Swan. « Puis, grâce à une tante d’Arianne, Berta Glas, une Chagossienne de 85 ans, nous avons pu construire notre premier foyer familial sur un terrain qu’elle nous a offert », relate Yvon.
En 1995, Arianne devient Junior Minister au ministère des Affaires étrangères. « Cela a été une bouffée d’air frais pour notre famille. Mais ce que j’admirais par-dessus tout, c’était sa priorité : l’éducation de nos enfants », raconte Yvon. Aujourd’hui, Jean-David et Magalie sont des professionnels accomplis, grâce, selon Yvon, à la rigueur d’Arianne.
En 2010, le couple achète un terrain à Au Bout du Monde, Quatre-Bornes. « À cette époque-là, je ne savais pas que ce quartier deviendrait si prisé. J’aimais Quatre-Bornes, car j’y ai grandi, d’où mon choix », fait-il ressortir. Et de souligner : « Ce n’est pas du luxe. Arianne et moi sommes restés humbles, fidèles à nos origines. Arianne est de parents chagossiens, elle n’oublie pas ses racines. »
Défauts et qualités
Le principal défaut d’Arianne ? Yvon esquisse un sourire avant de répondre : « Arianne est extremement stricte dans la vie. Na pas badine ek li. Elle peut être très exigeante, tant avec elle-même qu’avec les autres. Elle gère la famille d’une main de maître, poussée par son perfectionnisme. »
Et sa plus grande qualité ? « Elle possède un cœur immense. Toujours prête à tendre la main, elle est sincère, intègre et d’une rare humanité. Sa foi et ses convictions en font une personne profondément bienveillante. »
La cuisine et Arianne ne font pas bon ménage
Qui fait la cuisine quotidiennement ? « Arianne n’aime pas cuisiner. Donc, c’est moi le marmiton de service. Elle aime la cuisine mauricienne, les grains secs, les bouillons ‘bred’, du poisson salé, du briani, de l’agneau, du curry de poulet et du poisson. Elle n’oublie pas ses origines modestes. On fait les courses ensemble, comme tout le monde. Je suis resté simple, tout comme elle », répond Yvon Marie.
Son appréciation du nouveau gouvernement
Que pense le mari de la ministre Arianne Navarre-Marie du nouveau gouvernement ? Craint-il une cassure, comme en 1983 et 1995 ? « Cette fois, les deux leaders se sont assagis, ils sont au bout de leur carrière, ils vont coexister », estime Yvon Marie.
Et voit-il en Joanna Bérenger la future leader du MMM ? « Qui dit MMM dit Paul Bérenger. Si le patronyme peut aider et si Joanna mûrit politiquement avec le temps, pourquoi pas, après le départ de son père. En tout cas, les militants l’adorent. »
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