La prévalence de certaines maladies non transmissibles (MNT) est en hausse depuis 1980. Tel est le constat des divers Non Communicable Diseases (NCD) Reports du ministère de la Santé. Le sujet a été abordé avec le Dr Satish Rughoo, NCD Coordinator au ministère. Il était au micro de Sunil Gopal.
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Comme son nom l’indique, les maladies non transmissibles sont celles qui ne peuvent être transmises à une autre personne. Selon les divers rapports du NCD Survey, le diabète, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires, le cancer, les maladies respiratoires et mentales sont en hausse à Maurice. Les principaux facteurs de risque sont la sédentarité et le manque d’activité physique. D’autres facteurs de risque viennent se coupler à cela : l’alcoolisme et le tabagisme.
Selon le NCD Report 2015, la prévalence du diabète s’est stabilisée, passant de 23,6 % en 2009 à 22,8 % en 2015. Toutefois, les chiffres indiquent que le nombre de prédiabétiques est en hausse. Le rapport indique un ratio de 2:1, c’est-à-dire que pour chaque deux cas de diabétiques diagnostiqués, on compte un prédiabétique. Cette situation est très préoccupante, d’autant plus qu’une personne qui ignore son état de santé risque des complications liées au diabète, pour n’avoir pas modifié son style de vie, car il n’existe aucun traitement médical pour les prédiabétiques. Une personne est considérée comme diabétique si son taux de sucre (glycémie) est de 7 g/l. Le taux normal varie entre 4,4 à 5,6 g/l, précise le Dr Rughoo.
Contrôle du diabète
Le diabète est surveillé en raison des complications souvent associées à la maladie quand elle n’est pas contrôlée. Outre le taux de glycémie, un autre test est effectué pour déterminer le taux de sucre dans le sang d’un malade pour les derniers trois mois. Le critère utilisé est l’Hémoglobine glyquée (Hba 1C) qui détermine le taux de sucre pour les derniers trois mois.
À travers ces examens, on note qu’environ 33 % des diabétiques sous traitement ont un taux d’Hba 1C supérieur de 9 %, ce qui signifie qu’ils ne contrôlent pas leur diabète et s’exposent aux complications liées à cette maladie. On note cependant une amélioration à ce niveau, car le taux était de 49 % en 2009.
Amputations
Les amputations et la cécité figurent parmi les complications liées au diabète. D’autres complications existent : l’hypertension, les maladies cardiovasculaires, un taux de cholestérol élevé. Ce qui explique que certains patients soient contraints de prendre plusieurs types de médicaments. Certains ne suivraient pas leur traitement convenablement, ce qui entraîne des complications, souligne le Dr Rughoo.
Parmi celles-ci : les interventions à cœur ouvert ou les amputations. Selon les données du NCD Report 2015, chaque année, 490 à 500 diabétiques subissent une amputation.
Ces complications de santé ont aussi un coût socio-économique et social très élevé pour les patients et leurs proches, car dans de nombreux cas, les personnes amputées ne peuvent plus travailler et ne subviennent plus aux besoins de leur famille.
Équipes multidisciplinaires
Les diabétiques bénéficient de plusieurs traitements dans les centres de santé et les hôpitaux. Les patients sont pris en charge par des équipes multidisciplinaires composées de Diabetes Specialists Nurses et de diabétologues. Outre les soins aux malades, ils donnent des conseils et expliquent aux patients les risques auxquels ils s’exposent s’ils ne revoient pas leur mode de vie. Les patients sont encouragés à pratiquer des activités physiques, à cesser de fumer et à consommer de l’alcool de manière excessive.
Pour le Dr Rughoo, « la population doit prendre des mesures de prévention afin de se protéger des maladies non transmissibles, dont plusieurs dépendent du mode de vie, ce qui constitue des facteurs modifiables. Certaines maladies non transmissibles résultent de l’âge et de facteurs génétiques, communément appelés facteurs non modifiables ». Avec le vieillissement de la population, le nombre de cas de cancers augmentera, car les cellules ne sécrètent plus les substances qu’il faut en vieillissant. Le sexe est un facteur non modifiable, le nombre élevé de cancer du sein chez les femmes (37,2 %) est une indication (1 % chez les hommes).
Par ailleurs, si le nombre de fumeurs baisse, le nombre de consommateurs d’alcool est en hausse. Si en 2009, le taux de consommation d’alcool était de moins de 50 %, ce taux est passé à 52,8 % en 2015. Le nombre d’admissions à l’hôpital Brown Séquard suite aux problèmes liés à l’alcoolisme tournait autour de 50 % l’an dernier. Ce qui inquiète le plus les autorités, c’est le ‘binge drinking’ qui touche principalement les jeunes.
54,2 % de la population est obèse
Plus de la moitié de la population mauricienne est obèse ou en surpoids. C’est ce qu’indique le NCD Report 2015. Ce qu’il faut savoir, c’est que l’obésité augmente par 30 % le risque de maladies non transmissibles. Selon le Nutrition Survey 2012, 17,6 % des enfants de 5 – 11 ans étaient en surpoids ou obèses.
Une autre enquête menée auprès des adolescents en 2013, le Global School based Student Health Survey, dans la tranche d’âge des 13-15 ans, a démontré que 27,2% d’entre eux sont en surpoids ou obèses. Ce qui indique qu’ils mènent une vie sédentaire et qu’ils ne font pratiquement aucune activité physique.
Pour connaître son indice de masse corporelle (IMC) – et savoir si on est dans la norme – il faut prendre son poids en kilogrammes, le diviser par sa taille en mètre (x2). Par exemple, si une personne pèse 80 kilos et mesure 1m65, son IMC = 80/1,652.
18-24 – poids normal
25 – 29 – surpoids
>30 – obèse
Cancer en hausse
Le nombre de nouveaux cas de cancer est en hausse tant chez les hommes que chez les femmes, indique le National Cancer Registry. En 2014, 1 068 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés chez les hommes et 1 319 cas chez les femmes.
Chez les hommes, le cancer du colorectal est le plus courant (12,2 %), suivi du cancer de la prostate (10,5 %) et celui du poumon (9,4 %). Chez les femmes, le cancer du sein est le plus fréquent (37,2 %) suivi du cancer du colorectal (8,7 %) et celui de l’utérus (7,5 %).
Hypertension en baisse
Le NCD Survey 2015 démontre que la prévalence de l’hypertension est en baisse. Le taux était de 38 % de la population en 2009, il est passé à 28,4 % en 2015. Cela indique que les programmes de prévention et de sensibilisation fonctionnent.
Toutefois, selon le Dr Rughoo, seuls 50 % des personnes souffrant de l’hypertension prennent des médicaments. Pour chaque cas traité, il existe une personne qui ignore sa maladie et ainsi ne suit pas de traitement. Il préconise une vérification régulière de sa tension artérielle, tous les six mois ou une fois par an.
Action Plan
Un National Framework for Diabetes a été initié en 2007 pour réduire le nombre d’amputations des pieds et la cécité. Ce plan d’action étalé sur dix ans prévoit diverses mesures pour prévenir ces problèmes : notamment des tests de dépistage de la rétine. Les patients subissent un examen des yeux afin de bénéficier d’un traitement préventif et éviter ainsi de perdre la vue.
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