Dépression : parlons-en. C’était le thème de l’émission Xplik ou K santé de Radio Plus en lien avec le thème de la Journée mondiale de la santé. Le président de la Mental Health Association, le Dr Vinod Ramkoosalsing, psychiatre et Sradha Mana, psychothérapeute relationnel nous en disent plus.
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Perte d’appétit, anxiété, manque d’intérêt dans les activités qu’on prenait plaisir à faire pendant une longue période. Voilà quelques indices qui peuvent indiquer qu’une personne passe par une phase de dépression. Elle peut être légère, modérée ou sévère en fonction de sa durée, explique Dr Vinod Ramkoosalsing.
Il précise que cet épisode de dépression peut être accompagné d’un sentiment de tristesse, un manque d’énergie et un état de fatigue. La personne peut aussi avoir besoin de plus d’efforts pour faire les tâches dont elle à l’habitude. « Quand c’est moins de deux semaines, cela peut partir de lui-même mais cela devient une pathologie quand la tristesse qui accompagne tous ces symptômes est d’une grande intensité et qu’elle dépasse plus de deux semaines », précise le psychiatre.
Selon lui, dans le cas d’une dépression sévère la personne est presque figée ou fonctionne au ralenti, préfère rester en retrait et n’éprouve pas une grande envie de parler et avoir des troubles de sommeil.
« La personne peut avoir du mal à s’endormir ou à dormir, se réveiller au milieu de la nuit et avoir de la peine à se rendormir ou alors elle éprouve le besoin de dormir beaucoup. » En cas d’une dépression sévère, la personne peut penser au suicide, prévient le psychiatre. Il conseille aux proches ou amis d’être à l’affût de tout changement d’attitude d’un des leurs afin de pouvoir lui proposer diverses formes d’aide disponibles.
Selon Dr Ramkoosalsing, la dépression peut toucher tant les adultes que les enfants et les adolescents. « Environ 15 % de la population connaît un épisode de dépression dans une année », affirme-t-il. Il soutient aussi que les femmes sont plus affectées par la dépression que les hommes en raison des multiples tâches et autres responsabilités qu’elles doivent assumer à la maison et au travail.
La psychothérapeute relationnelle, Sradha Mana, explique que les hommes sont aussi touchés par la dépression selon les études scientifiques effectuées. Ils en parlent moins contrairement aux femmes qui s’expriment plus ouvertement entre elles. Les hommes, eux, se jettent dans plusieurs activités pour se distraire afin d’éviter de parler de leur état psychologique et, par exemple, de ce qui ne marche pas dans leur couple. Nombreux sont ceux qui sont dans le déni et qui refusent d’admettre qu’ils puissent faire une dépression observe-t-elle. « Dans la psychothérapie relationnelle, j’amène la personne à une acceptation de ce qu’elle vit émotionnellement au lieu de rester dans le tiraillement intérieur. » Sradha Mana ajoute que faute d’une éducation émotionnelle, les gens on tendance à penser que c’est normal de connaître des moments difficiles.
Tout le monde devrait avoir un mentor, estime la psychothérapeute relationnelle. Il doit être quelqu’un auquel on fait confiance et qui va accepter qu’on peut ne pas se sentir bien. Ce qui n’est pas donné à tout le monde, dit-elle.
Selon Sradha Mana, il est souvent difficile d’accepter des remarques de son entourage. « On devrait mettre son égo de côté et accepter de se faire aider quand notre entourage remarque qu’on est mal dans sa peau. » C’est ce qui fait qu’il n’est pas facile d’aider des gens dans bon nombre de cas car ils refusent d’admettre qu’ils vont mal.
Cette situation serait due au fait que la dépression est souvent associée aux maladies mentales avec tous les stigmates qui les entourent, disent les Dr Ramkoosalsing et Sradha Mana. Pour le psychiatre, la dépression est une maladie comme une autre et elle peut être traitée dans la majorité des cas. « Nous avons des médicaments très efficaces pour la soigner cette maladie. »
Situation de la dépression à Maurice
16,7% des personnes interrogées présentaient des symptômes de la dépression. C’est ce qu’a révélé le rapport 2015 sur les maladies non-transmissibles. Selon l’enquête menée, la prévalence de la dépression était plus grande chez les femmes que les hommes avec 19,6% et 13,1% respectivement.
Cette étude concernait les personnes âgées entre 18 et 74 ans. Selon le Global Non Communicable Disease Action Plan Indicators de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la prévalence de la dépression était de 16% avec 18,7% chez les femmes et 12,3% chez les hommes.
D’après l’OMS, 300 millions de personnes souffrent de dépression dans le monde. Il y a eu une hausse de 18% de cette maladie depuis ces dix dernières années. Dans le cadre de la Journée mondiale de la santé, observée le 7 avril dernier, l’OMS rappelle qu’il est important de combattre les préjugés autour de cette maladie afin que ceux qui en souffrent osent chercher un soutien.
Une question d’attitude
En plus du traitement par des médicaments, la dépression peut être soignée par un accompagnement psychologique où la personne a l’occasion de parler de ses émotions. Pour Sradha Mana, il faut interpeller les gens afin qu’ils arrivent à se situer dans leur vie et faire le point sur ce qu’ils vivent.
L’écoute de la personne est importante afin qu’elle retrouve sa valeur, dit-elle. Combattre la dépression, c’est aussi une question d’attitude vis-à-vis des règles établies.
Sradha Mana souligne qu’on ne peut pas tout avoir dans la vie et qu’il faudrait pouvoir se satisfaire de ce qu’on a afin d’éviter tout tiraillement entre ses envies et la réalité. Pour elle, les pensées négatives ruminées peuvent mener à la dépression car elles sont accompagnées d’émotions qui sont comme un feu qui peut s’embraser rapidement et consumer une personne. « La vie n’est pas comme on veut qu’elle soit, elle est comme elle est », affirme Sradha Mana.
Lutter contre les stigmates
Afin de combattre les stigmates de la dépression, le ministère de la Santé a pris diverses mesures en lien avec les recommandations de l’OMS. Ainsi, les services psychiatriques et psychologiques ont été décentralisés afin d’être disponibles, pas uniquement à l’hôpital Brown-Séquard, mais aussi dans les hôpitaux régionaux et les centres communautaires de santé.
Le but est que ceux qui souffrent de ce type de problème puissent avoir les traitements appropriés plus facilement pour pouvoir reprendre une vie normale. Pour marquer la Journée mondiale de la santé axée cette année sur la dépression, le ministère de la Santé organise un symposium, ce lundi 10 avril, et des causeries à l’intention des élèves du secondaire et les enseignants du primaire ainsi que les personnes âgées.
Diverses campagnes de sensibilisation sur la dépression sont aussi prévues.
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