Après des allégations au sujet d’honoraires réclamés pour des visites à domicile non effectuées, des médecins de la Sécurité sociale sont de nouveau montrés du doigt. Cette fois, ils sont accusés de ne pas faire ce qu’il faut pour trouver les personnes censées bénéficier d’un service d’aide médicale à domicile.
Remous à la Sécurité sociale, plus particulièrement au sein de la Medical Unit. Après des allégations au sujet d’honoraires réclamés pour des visites médicales à domicile non effectuées, des médecins de cette unité sont désormais accusés de ne pas faire suffisamment d’efforts pour retracer les bénéficiaires de ces aides.
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Ces plaintes seraient principalement dirigées contre de jeunes médecins fraîchement recrutés. « Quelques-uns ne prennent même pas la peine de trouver les bénéficiaires. Ils se contentent, avec une certaine facilité, de rapporter au ministère que ces bénéficiaires étaient introuvables », déclare un médecin.
Il ne cache pas que les médecins de la Sécu se retrouvent parfois avec peu d’informations sur un bénéficiaire. « On nous donne un nom, une adresse et un numéro de téléphone. Mais il arrive que ces données ne soient pas précises ou à jour. Le bénéficiaire n’habite plus à cette adresse ou il a tout simplement changé de numéro de téléphone. C’est au médecin de se démener pour le trouver », dit-il.
Chaque médecin a sa manière de procéder pour y arriver. « Un des moyens consiste à se rendre au bureau de poste le plus proche, car les facteurs sont les mieux placés pour connaître l’adresse exacte d’un habitant. Certains se rendent au poste de police pour obtenir des informations. ‘Ena al demann dan tabazi’ », explique le médecin.
Il se désole que des jeunes confrères baissent les bras trop rapidement. « Il peut arriver que sur 10 patients, nous n’arrivions pas à en retracer un. Mais le nombre de bénéficiaires introuvables qui tombent sous la responsabilité de certaines nouvelles recrues dépasse le seuil normal », souligne-t-il.
Le Dr Yaarthi Soopal Lutchmun, directrice de la Medical Unit du ministère de la Sécurité sociale, confirme avoir recensé des cas semblables. Il s’agirait, selon elle, de médecins qui n’auraient pas suffisamment d’expérience sur le terrain. « N’empêche que nous leur faisons comprendre fermement qu’ils doivent faire leur maximum pour trouver ces personnes », affirme-t-elle.
Elle précise qu’elle maintient une ligne de communication avec les médecins pour s’assurer qu’aucun bénéficiaire n’est négligé. « D’ailleurs, malgré les deux confinements successifs liés à la pandémie de COVID-19, nous n’avons recensé aucune plainte de la part de bénéficiaires disant qu’ils n’ont pas reçu la visite d’un de nos médecins ou encore qu’ils n’ont pas eu leur prescription pour obtenir leurs médicaments dans un centre de santé », soutient-elle.
« Passage éclair » chez des bénéficiaires
C’est faux de dire que des médecins ne passeraient pas plus de deux minutes chez certains bénéficiaires. Déclaration d’un médecin de la Sécurité sociale. « Entre la prise de la tension artérielle pour certains et le test du diabète pour d’autres, en passant par la vérification de la carte de rendez-vous à l’hôpital, la rédaction de la prescription et le remplissage d’une fiche qui doit être remise au ministère, la durée moyenne passée chez un bénéficiaire est de 15 à 30 minutes », dit-il.
Selon lui, il s’agit, pour la plupart, de personnes souffrant de maladies chroniques. Il ajoute que le temps de faire un bilan et de discuter avec elles, les médecins dépassent de très loin les deux minutes que certains les accusent de passer auprès des patients.
« La plupart de mes collègues vous le diront : les bénéficiaires attendent notre passage avec enthousiasme. ‘Zot tret nou kouma dir fami inn vini’ », dit-il. Il concède qu’il se peut qu’un bénéficiaire ne soit pas là au moment où un médecin est passé. « Kapav dokter la inn kit papie a traver laport », conclut-il.
Allégations de fausses réclamations
Une tempête dans un verre d’eau. C’est en ces termes que des médecins de la Medical Unit du ministère de la Sécurité sociale qualifient les reproches qui sont faits contre certains d’entre eux au sujet des honoraires réclamés pour des visites à domicile qu’ils n’auraient pas faites.
Un médecin, qui compte plusieurs années de service au ministère de la Sécurité sociale, monte au créneau : « Il se peut qu’il y ait eu un ou deux cas, mais il ne faut pas exagérer. Il ne faut surtout pas généraliser. »
Il argue que « la grande majorité des médecins va voir ses patients ». Selon lui, les « rares collègues » qui s’adonneraient à cette pratique s’exposent au délit de « forgery ». « C’est comme pour un banquier. S’il le souhaite, il peut falsifier la signature d’un client qu’il sait trop sénile pour retirer l’argent de son compte. Mais s’il se fait attraper, il sait ce qui l’attend », soutient le quadragénaire.
Les difficultés du métier
Des médecins de la Sécurité sociale sont unanimes à dire qu’ils sont souvent appelés à travailler dans des conditions difficiles. « Nou bizin al partou, mem dan bann landrwa so », soutient l’un d’eux. Il souligne que certains de ses patients habitent dans un cul-de-sac. « Si ariv enn problem, pena lot sime sorti », dit-il.
Ce que confirme une doctoresse. « Ena plas nou ale, pe vann ladrog lor sime. Ou enn dokter ek lorla enn madam, ou krwar fasil sa ? » demande-t-elle. Des collègues, ajoute-t-elle, doivent parfois faire face à des personnes qui leur demandent constamment de l’argent. « Zot demann kas pou aste sigaret », dit-elle.
Sans compter, poursuit le médecin, que des collègues auraient déjà rapporté des cas où leur voiture aurait été vandalisée. « Pa touletan nou resi bord loto divan laport benefisier la. Parfwa ou bizin kit loto ek mars 5 minit parski dimounn la res dan enn linpas retire », explique-t-elle.
Ces médecins déplorent le fait de devoir faire face parfois à des bénéficiaires difficiles. « Ils exigent que nous leur prescrivions des médicaments dont ils n’ont pas besoin. Lorsque nous refusons, ils nous rapportent, alléguant qu’ils n’auraient pas obtenu un bon service », précise un médecin.
Rs 45 000 à Rs 52 000 d’honoraires chaque mois
Malgré les difficultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leurs fonctions, les médecins interrogés déplorent leurs conditions de service. Ils expliquent qu’ils sont recrutés sur un contrat d’une année, lequel est renouvelable. Selon eux, ils sont payés Rs 650 pour chaque visite à domicile.
« Nous n’avons dont pas de revenu fixe à la fin du mois », disent-ils, soulignant qu’un médecin reçoit entre 70 et 80 bénéficiaires à lui seul. Ce qui revient à Rs 45 000 et Rs 52 000 par mois. Mais une fois leurs dépenses déduites, ils soutiennent que leur revenu mensuel est réduit d’au moins un tiers.
Ces médecins expliquent qu’ils ne perçoivent pas non plus une allocation pour le carburant. « Ce n’est pas évident, surtout lorsque le prix à la pompe flambe. ‘Nou bizin tir dan nou pos lerla’ », déclare l’un d’eux.
Idem pour les appels téléphoniques pour lesquels les médecins ne perçoivent pas d’allocation non plus, selon lui. « J’appelle chaque bénéficiaire au minimum deux fois chaque mois. D’abord pour l’informer quand je vais passer. Puis lorsque je suis en chemin pour me rendre chez lui. J’appelle alors une quinzaine de minutes au préalable pour m’assurer qu’il est bien à la maison », confie notre interlocuteur.
Voiture « duty-free »
Il est d’avis que ses collègues et lui auraient dû être éligibles à une voiture « duty-free ». « Sans notre voiture, il aurait été impossible de faire les visites à domicile. Sans compter que nous devons souvent parcourir de longues distances au quotidien. ‘We believe we should have enjoyed the same benefits as our colleagues working in hospitals’ », dit-il.
Ses collègues et lui ont certes tenté de faire entendre leur voix. Mais il précise que le ministère brandirait alors la menace de recruter davantage de médecins, réduisant ainsi leur « quota » de bénéficiaires.
Le Dr Yaarthi Soopal Lutchmun dit reconnaître les difficultés que rencontrent ces médecins sur le terrain. Mais pour ce qui est des conditions d’embauche, elle souligne que tout est régi par le Pay Research Bureau. « Le montant qu’ils perçoivent pour chaque bénéficiaire est destiné à couvrir les dépenses qu’ils doivent encourir. Leur souhait d’avoir une sécurité d’emploi est tout à fait légitime. Nous voyons dans quelle mesure leurs conditions d’emploi peuvent être améliorées », promet-elle.
Elle ajoute que le niveau de service doit rester satisfaisant. « Bann benefisier bizin gagn tou seki zot bizin », soutient-elle. Ces médecins, soulignons-le, peuvent aussi exercer dans le privé.
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