Vishnudave Subrun, malvoyant : «Il y a un décalage de deux jours entre 1700 et 1900 sur le calendrier de Google»

Vishnudave Subrun fêtera bientôt ses 60 ans. Cet ancien Bar Controller avance avoir fait une découverte en 2015. Le malvoyant indique qu’il y a un décalage de deux jours sur le calendrier virtuel de Google, ainsi que sur plusieurs autres sites, entre 1700 et 1900.

Vishnudave Subrun écrit ses propres calendriers, de la première année à l’an 22 300. Il saisit notre regard derrière ses verres épais.

Il dit avoir fait une découverte des plus incroyables. Et pour prouver ce qu’il avance, il n’a pas arrêté ses recherches. La pile de cahier, de documents qui jonchent le sol chez lui en témoigne.

Sa canne blanche à la main, il s’installe sur un fauteuil. D’emblée, il nous montre une boîte en carton. Des lots de papiers y sont jalousement préservés. Cet habitant de Camp-Caval à Curepipe s’empresse de nous relater son histoire « incroyable ».

Nous sommes en 1995. Il est devant sa télé pour suivre ses émissions préférées notamment Questions pour un champion et Kaun Banega Crorepati. « Des questions liées à des événements importants, qui ont contribué à façonner l’histoire du monde, sont souvent posées aux participants. En tant que téléspectateur, je me prêtais aussi au jeu.

Soudain, j’ai réalisé que nous retenions uniquement la date, le mois et l’année d’un événement particulier. Qu’en est-il du jour ? » s’interroge-t-il. Ce père de deux enfants se met alors à écrire des calendriers pour pouvoir déterminer le jour associé à chaque date.

Trois ans après, il réussit à établir les jours entre 1900 et 1995 sur de petits papiers en carton provenant du casino où il exerce en tant que Bar Controller. Puis, il les entasse en paquet. Chaque lot contient ainsi dix années. « Je consacrais deux à trois heures par jour à cet exercice. Mes enfants me taquinaient souvent », raconte-t-il. Cela ne le décourage pas pour autant. Il continue sur sa lancée, allant jusqu’aux années 2000.

En 2015, il s’intéresse de plus près à ses « recherches ». « Le 15 septembre 2015, nous avons commémoré les 300 ans de l’arrivée des premiers Français à Maurice. Je l’ai su en écoutant les radios. J’étais alors intrigué par cet évènement », partage notre interlocuteur. Il veut à tout prix connaître le jour de cet événement. Il remonte alors jusqu’à 1700. Son calendrier lui montre que le 15 septembre 1715 était un vendredi. Pour confirmer cela, il demande à ses amis de se connecter au moteur de recherche de Google.

« Ils ont vu que le 15 septembre 1715 était un dimanche. J’étais surpris. J’ai vérifié et contre-vérifié tous mes exercices. J’ai commencé à avoir des doutes. J’ai alors initié un nouvel exercice. Celui d’écrire tous les jours de 1700 à 2015. J’ai alors conclu qu’il y a un décalage de deux jours entre 1700 et 1900 sur le calendrier disponible en ligne », avance-t-il. Il ne sait pas encore d’où vient cette « erreur ».

Sans plus tarder, il feuillette ses cahiers pour nous montrer ses recherches. Muni d’une loupe, il lit et note sans cesse ses données. Chaque jour, date, mois et année sont soigneusement notés entre les marges. Il ajoute qu’il a posé des questions à ses amis et des historiens. Ces derniers sont restés perplexes devant ses découvertes.

« Je leur ai demandé de me donner plusieurs dates, afin de déterminer l’authenticité des informations mises en ligne. Avant 1700 et après 1900, le calendrier virtuel correspond à la réalité. La confusion se situe entre 1700 et 1900 », dit-il.

Il y a deux mois, le retraité contacte la Cybercrime Unit. « J’ai donné les deux sites sur lesquels mes amis ont effectué les calculs aux officiers de l’unité pour savoir d’où vient cette erreur », confie-t-il. Il déplore toutefois le fait qu’il ne peut se connecter à l’Internet, car il est malvoyant.

Il raconte que c’est en 2010 qu’il a commencé à avoir des problèmes aux yeux. « Mon œil droit était rouge et je me suis rendu à l’hôpital. Le médecin m’a expliqué que cette infection est le résultat d’une conjonctivite que j’ai eu en 1977. L’infection s’est propagée à l’œil gauche. J’ai subi deux opérations à l’œil droit. En 2013, un médecin d’une clinique privée m’a conseillé de ne pas me faire opérer à nouveau, car il n’y a pas de guérison », soutient-il.

Il perd graduellement la vue, même s’il continue à suivre ses traitements. Il prend sa retraite après 39 ans de service, le 1er février 2017. Depuis, il se consacre à plein temps à ses calendriers. Il s’y met de 9 heures à 23 heures. Il est pour l’instant sur l’année 22 300. « Je souhaite aller jusqu’à l’année 50 000 », conclut-il.