Vishnu Lutchmeenaraidoo: «Quand on me jette à l’eau, je nage»

Le ministre des Affaires étrangères a accordé à Téléplus son premier entretien à la presse depuis deux mois. Au micro de Jugdish Joypaul, Vishnu Lutchmeenaraidoo parle surtout de la diplomatie économique et de ses projets pour son nouveau ministère.

C’est votre premier entretien après deux mois de silence. Quel est votre état d’esprit ? J’étais ministre des Finances, je suis maintenant ministre des Affaires étrangères. Vous connaissez certainement mon tempérament. On me jette à l’eau et je sais nager. Je trouve que c’est un ministère passionnant, à condition qu’il ne reste plus un ministère des Affaires étrangères classique, avec un ministre qui va à des cocktails, etc. Nous devons faire en sorte que ce ministère devienne un instrument de développement économique. Plus encore qu’un instrument, il peut devenir un centre de développement économique. Nous disposons de vingt ambassades et nous avons donc une présence au niveau planétaire qui est très importante. Pourquoi ne pas utiliser toutes ces infrastructures et faire ce que font des pays comme les États-Unis, la France, le Japon ou encore l’Inde ? Pour ces pays, les affaires étrangères, c’est surtout le business, le développement économique et les investissements. Il faut surtout faire en sorte que ce ministère devienne un centre pour la création d’emplois.

Même à contre-courant vous pouvez nager… Je l’ai toujours fait. Vous avez rencontré une délégation de Côte d’Ivoire. Dans quel contexte cette rencontre a-t-elle eu lieu ? La Côte d’Ivoire fait partie de la nouvelle stratégie économique qui pourra nous donner une croissance à 6 %. Cette stratégie est basée sur trois choses. Premièrement, l’océan avec nos 2, 2 millions de km2 de Zone économique exclusive. Puis, le port sur une zone qui s’étend de Grande-Rivière-Nord-Ouest à la région de Jin Fei pour faire de Maurice le plus important hub maritime de la région. Nous souhaitons que la zone de Jin Fei devienne un grand port franc. Enfin, faire de l’Afrique un focus de notre développement économique. Le ministre du Commerce de la Côte d’Ivoire, qui était à Maurice, a invité une délégation mauricienne à une conférence. Mais plus encore, la Côte d’Ivoire et Maurice ont un destin commun. Il y a de nombreuses perspectives entre Maurice et la Côte d’Ivoire. Il y aura un nouveau rôle pour les ambassades… Oui, il ne faut plus que les ambassadeurs restent à attendre avec leurs attachés-cases. Prenons le cas de l’Afrique du Sud, où il y a un intérêt énorme pour venir à Maurice. Il ne tient qu’à nous de pouvoir attirer des investisseurs. Il est clair que l’Afrique du Sud demeure un marché. Avec l’Inde, nous avons la perception que les relations se sont refroidies. Avec l’Inde, nous avons une relation qui dépasse largement le rationnel. C’est une histoire d’amour. Beaucoup de Mauriciens ont des ancêtres originaires de l’Inde. Nous pouvons avoir des différences de point de vue. Mais sur la base de la coopération, c’est du solide.