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Violence conjugale : le combat de Françoise pour être libérée de son bourreau

La quinquagénaire veut pouvoir tourner la page.

C’est une nouvelle vie que Françoise veut commencer. Victime de violence conjugale pendant presque toute la durée de son mariage, elle tente de trouver une certaine indépendance et paix d’esprit. Mais les obstacles sont nombreux.

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Trente-sept ans, soit plus de la moitié de sa vie. C’est le nombre d’années qu’elle a passées sous le joug de son époux. Victime de violence conjugale, Françoise, âgée d’une cinquantaine d’années, a enfin décidé de briser ce cycle de violence dans lequel elle était enfermée. Aujourd’hui séparée de son bourreau, l’habitante des Plaines-Wilhems entend tout mettre en œuvre pour retrouver une vie normale.

« Je me suis mariée jeune, j’avais à peine la vingtaine », confie Françoise. Or peu de temps après, elle apprend l’infidélité de son époux. Amoureuse, elle pardonne les « erreurs » de ce dernier. En y repensant, elle se dit qu’elle aurait en fait dû mettre un terme à ce mariage.

« Un jour, en 1984, à la suite d’une bagarre, il m’a frappée », raconte Françoise. À l’époque, ce n’était qu’« une simple gifle ». Sous le choc, elle quitte le toit conjugal et retourne chez sa mère. « Mon époux est alors venu me chercher. Il m’a présenté des excuses, il m’a demandé de lui pardonner, il m’a dit qu’il ne recommencerait plus jamais, qu’il avait agi dans un accès de colère… »

Encore vingtenaire à l’époque, Françoise pardonne. « Je suis retournée avec lui. » C’est l’une des pires décisions de sa vie. Car les coups continuent de pleuvoir. Quatre ans après son mariage, elle tombe enceinte de son premier enfant. « J’étais enceinte et malgré cela, il n’a pas arrêté de me frapper et de me violenter. »

Arrêter de travailler signifiait que mon époux était le seul gagne-pain de notre foyer. Tout passait par lui»

Sa vie maritale va de mal en pis. Alors qu’elle attend leur premier enfant, son époux s’amourache d’une autre. « Il voulait refaire sa vie avec elle, il m’a dit qu’il allait divorcer. J’ai accepté. C’est d’ailleurs moi qui ai entamé les procédures de divorce », poursuit Françoise.

Or les procédures tombent à l’eau. D’une part sous la pression de sa belle-famille qui voyait d’un mauvais œil cette séparation. Et d’autre part, du fait que la maîtresse de son époux était elle-même mariée. « Ils n’ont pas pu aller de l’avant avec leur relation et du coup, il n’a pas voulu me donner le divorce. » Ce qui n’a pas empêché son mari de la tromper sans vergogne. 

De cette union toxique et pleine de violence, Françoise met au monde deux enfants qui sont aujourd’hui tous deux adultes. Elle relate que lorsqu’elle a accouché de son deuxième enfant, elle a été contrainte d’arrêter de travailler. Elle se retrouve dès lors financièrement dépendante de son bourreau. « Arrêter de travailler signifiait que mon époux était le seul gagne-pain de notre foyer. Tout passait par lui. »

Malgré l’enfer qu’elle vit, elle reste auprès de son époux. À cause des enfants, dit-elle. « Cela a été une belle erreur. Si je pouvais retourner en arrière, je serais partie. » Aujourd’hui, Françoise comprend que rester à cause des enfants n’est pas une raison valable. « Les enfants auraient pu s’adapter à la séparation. En restant, inconsciemment j’ai accepté ses coups… »
La mère de famille a tout fait pour cacher à ses enfants la violence qu’elle subissait. « Je ne disais pas tout à mes enfants. Devant eux, il me maltraitait surtout verbalement. Mais la violence physique, il attendait que les enfants ne soient pas là. »

C’est l’agresseur qui doit quitter la maison et non la femme, la femme ne peut être victime une seconde fois»

C’est en 2021 que Françoise prend enfin son courage à deux mains et décide de quitter son mari. Ses enfants étaient désormais grands et la situation ne s’était, entre-temps, guère améliorée avec son bourreau. « J’ai annoncé à mon époux que je souhaitais obtenir le divorce. Il m’a dit de faire ce que j’avais à faire. Je me suis rendue à un des centres du ministère pour faire une déposition. Ce n’était pas la première fois que je m’y rendais. »

Le jour de son rendez-vous, la quinquagénaire en informe son époux. Elle avance qu’en une fraction de seconde, ce dernier l’a projetée sur le lit avant de l’agresser et de déchirer ses vêtements. « J’ai heureusement pu m’échapper et je me suis rendue au poste de police pour faire une plainte. »

Reste que le soir même, elle a dû regagner le toit conjugal. « Ce n’est que le lendemain que j’ai obtenu un Protection Order de la cour », fait-elle ressortir. À ce jour, Françoise a obtenu non pas un ni deux, mais sept ordonnances de protection contre son époux. « Et pourtant, il n’a jamais été inquiété par les forces de l’ordre et n’a pas été arrêté », déplore-t-elle.

La quinquagénaire parle de « failles » dans le système. Son divorce n’a également toujours pas été prononcé. Ce qui fait qu’elle est contrainte de faire face à son bourreau constamment. En effet, n’ayant nulle part où aller, elle est contrainte de vivre sous le même toit que lui. 

« Quand une femme dépasse la cinquantaine, elle trouve difficilement du travail. Et louer une maison est inimaginable lorsqu’on ne travaille pas », fait-elle comprendre. Françoise est catégorique : « C’est l’agresseur qui doit quitter la maison et non la femme, la femme ne peut être victime une seconde fois. »

Dans la foulée, elle lance un appel aux victimes de violence conjugale, comme elle. « Ne restez surtout pas avec votre bourreau, sous aucun prétexte. »

L’application Lespwar 

L’application Lespwar peut être téléchargée gratuitement sur un smartphone. L’utilisateur y enregistre ses coordonnées, ainsi que celles de toutes les personnes à contacter en cas d’urgence. Un « Panic Button » permet à la personne de signaler un danger à la police. Une fois l’alerte reçue au Main Command Centre de la police, la personne est immédiatement localisée et la police peut intervenir dans les plus brefs délais. 

La Hotline 139 

Le ministère de l’Égalité du genre a mis la hotline 139 à la disposition de toutes les victimes de violence domestique. Des dispositions ont été prises afin que le nombre de lignes soit augmenté pour que plus d’officiers puissent répondre aux appels de détresse. Ce numéro de téléphone est gratuit.

 

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