Nouvel incident au Parlement. Maya Hanoomanjee excédée, estimant que son autorité a été bafouée, décide de suspendre la séance pendant plus de trente minutes.
En l'espace de trois semaines, la Speaker, Maya Hanoomanjee, a dû rappeler aux membres de l'Assemblée nationale, les règles élémentaires concernant le comportement à adopter dans l'hémicycle.
Après le bagarre évitée de justesse entre Paul Bérenger, leader de l'opposition, et Ravi Rutnah, backbencher du Muvman Liberater (ML), il y a deux semaines, cette fois c'est une vive altercation entre Rajesh Bhagwan, Whip de l'opposition, et Pravind Jugnauth, leader du Mouvement socialiste militant (MSM), qui a animé le Parlement.
Maya Hanoomanjee a, cette-fois, choisi de suspendre la séance pendant plus d'une demi-heure. Et a dû faire la leçon aux mauvais élèves de la classe une fois de plus.
C'est une question adressée à Roshi Bhadain qui met le feu aux poudres. Rajesh Bhagwan pose une question concernant les programmes annulés par la Mauritius Broadcasting Corporation et met en cause son impartialité au moment des questions supplémentaires. C'est là que, subitement, les choses dérapent. Rajesh Bhagwan lance en direction de Pravind Jugnauth : «To mem ki pe kontrol tou». Ce dernier, visiblement irrité par l'accusation, lance une réplique en direction de celui qui l'accuse. Le député mauve n'apprécie pas et rétorque: «Twa to lor kosyon twa!» tout en croisant les poings devant lui, mimant des poignets menottés. C'est là que tout part en vrille.
Entre Bhagwan et Jugnauth, les choses vont crescendo. ll devient difficile de distinguer ce que tout un chacun se lance. Rajesh Bhagwan continue de mimer les poignets menottés et Pravind Jugnauth finit par rétorquer : «Akoz twa mo pou mars kumsa aster!», reprenant le geste de son vis-à-vis, de manière sarcastique.
«Gouvernman voler»
Mahen Jhugroo, Chief Whip, est le plus vocal de ceux qui défendent le leader du MSM. Sa voix couvre celle des autres, alors que quelques sièges plus loin, Xavier-Luc Duval et Ivan Collendavelloo observent la scène, silencieux et impassibles. Mahen Jhugroo rappelle à Rajesh Bhagwan les négociations du MMM avec le Parti travailliste et qualifie l'ancien régime de «gouvernman voler». Face à l'emportement de Mahen Jhugroo, le leader du PMSD et Premier ministre suppléant finit tout de même par lui faire signe de se calmer. Sans succès. Entre-temps, Maya Hanoomanjee s'est mise debout pour tenter de ramener le calme. Face au peu d'intérêt que lui portent les honorables députés (alors qu'un Speaker debout est signe qu'on doit se taire sur le champ), elle finit par s'écrier : «I am suspending the session!» Et quitte, le pas brusque, l'hémicycle. Ce geste d'exaspération semble avoir un certain effet sur les parlementaires qui se calment tant bien que mal après quelques derniers échanges. Puis, on attend le retour de Maya Hanoomanjee. D'abord, chacun à sa place, puis, au gré des minutes, en se baladant à travers l'hémicycle et se réunissant en petit comité de deux ou trois, mêlant parfois membres de la majorité et de l'opposition. On passe le temps comme on peut. Finalement, vers 16 h 30, Maya Hanoomanjee effectue son retour. Place au sermon. Le deuxième en trois semaines. La Speaker reproche aux parlementaires d'avoir «disregard the authority of the Chair» et qu'en tant que «honorable members, your conduct should reflect this status». La question parlementaire est un mécanisme important offrant un «oversight of government action», alors que certains en profitent pour faire des allégations ou des gesticulations en position assise (en théorie, il faut être debout et avoir officiellement la parole pour s'exprimer au sein de l'hémicycle). «I will not hesitate to take action as appropriate », prévient Maya Hanoomanjee.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !