Après l’enlèvement d’un kit chirurgical de son ventre le 19 janvier 2020, suite à son accouchement de triplés le 16 décembre 2019 à l’hôpital Victoria, Candos, la santé de la plaignante s’est détériorée. Le 25 novembre dernier, elle a obtenu une importante indemnisation de l’État et du ministère de la Santé.
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Cette affaire résulte d’une plainte déposée par une Rodriguaise de 40 ans devant la Cour Suprême pour faute lourde en raison de négligence médicale. Elle reprochait au ministère de la Santé et à ses préposés une mauvaise gestion de son cas et réclamait un dédommagement de Rs 10 millions pour le préjudice subi.
Dans sa plainte rédigée par Me Pazany Thandarayan (avoué), la quadragénaire parle de sa situation familiale. De son premier mariage, elle a eu deux garçons, l’un né le 22 juillet 2002 et l’autre le 17 septembre 2004. Ils sont aujourd’hui âgés de 20 et 22 ans respectivement. Après le décès de son époux le 3 décembre 2009, elle s’est mise en couple avec un Rodriguais. De cette relation est né un garçon, actuellement âgé de 12 ans. Puis, elle a eu des triplés - deux garçons et une fille - le 16 décembre 2019 à l’hôpital Victoria à Candos, Quatre-Bornes. Ces derniers sont présentement âgés de cinq ans.
Puis, la plaignante est revenue sur les circonstances entourant la négligence médicale dont elle a été victime. Alors enceinte de ses triplés, elle avait été envoyée à Maurice le 6 décembre 2019 où elle avait été admise à l’hôpital Sir Seewoosagur Ramgoolam National (SSRN), à Pamplemousses, pour deux jours. Elle s’était ensuite installée à Quatre-Bornes, chez sa belle-sœur. À Rodrigues, elle était suivie à l’hôpital de Crève-Cœur.
Après des examens médicaux, une césarienne à 38 semaines de grossesse lui avait été recommandée pour le 19 décembre 2019. Cependant, le 16 décembre, elle avait été transportée d’urgence à l’hôpital Victoria par le SAMU, étant donné qu’elle résidait chez sa belle-sœur à Quatre-Bornes.
Une fois sur place, une doctoresse avait pratiqué une césarienne d’urgence. Ses trois bébés, nés en bonne santé, avaient été pris en charge par le pédiatre. Le même jour, selon la plaignante, la doctoresse avait pratiqué une hystérectomie abdominale subtotale avec salpingo-ovariectomie bilatérale sans son consentement, ni même celui de son compagnon.
Après l’intervention, elle avait été admise à l’Unité de soins intensifs (ICU) de l’hôpital. Ce n’est que plus tard que son concubin et sa famille avaient été informés qu’elle avait subi une hystérectomie. Le 20 décembre 2019, la plaignante avait regagné le domicile de sa belle-sœur. Entre-temps, elle devait effectuer un pansement deux fois par semaine. La plaignante raconte qu’à son retour chez sa belle-sœur, elle ne pouvait ni s’occuper ni allaiter ses enfants. Ses proches, dont son concubin, avaient pris soin des triplés.
Le 5 janvier 2020, les douleurs s’étant aggravées, elle s’était rendue à l’hôpital Victoria pour se faire soigner. Après consultation, le médecin lui avait conseillé de prendre du Panadol, mais les douleurs persistaient. Sept jours plus, elle avait été reconduite d’urgence à l’hôpital Victoria où une radiographie avait été effectuée. Les médecins qui l’ont examinée l’avaient informée qu’il y avait des matières fécales dans son estomac, entre autres. On lui avait alors prescrit de l’huile de paraffine et un laxatif. Elle était ensuite retournée chez sa belle-sœur à Quatre-Bornes.
Le 19 janvier 2020, deux de ses triplés, malades, avaient été transportés à l’hôpital Victoria pour examen. La plaignante, souffrant toujours de douleurs abdominales, avait passé une deuxième radiographie, puis avait été référée à un gynécologue. Une échographie avait révélé un abcès nécessitant une intervention chirurgicale.
Un surgical Pack découvert dans son ventre
Ensuite, une nouvelle échographie et un scanner (CT scan) avaient été réalisés à la demande du médecin. Ce dernier lui avait expliqué qu’une anomalie avait été constatée dans la cavité abdominale et qu’une intervention chirurgicale était requise. Après l’opération, elle avait découvert qu’un " "surgical pack" avait été retiré de son ventre, et une photo de celui-ci avait été montrée à sa famille. Suite à cette opération, un sac de colostomie avait été fixé à son estomac et elle avait dû être admise à l’hôpital pendant un mois.
Après cette découverte, elle avait porté plainte auprès du Medical Superintendent de l’hôpital pour négligence médicale. Selon elle, le ministère de la Santé et de la Qualité de vie avait lancé une enquête, mais elle n’avait pas été informée des résultats.
Désormais, la Rodriguaise affirme souffrir de douleurs abdominales récurrentes et de constipation régulière. Elle doit compter sur sa famille pour l’aider à prendre soin d’elle et de ses enfants. De plus, elle continue à se rendre à l’hôpital de La Ferme à Rodrigues pour ses traitements.
« Faute lourde »
La plaignante fait aussi état des observations d’un consultant gynécologue obstétricien après son intervention chirurgicale en janvier 2020. Ce sont :
- La doctoresse qui a été appelée le 16 décembre 2019 n’a pas précisé quand elle a remarqué que l’utérus de la plaignante était atone et lorsque l’hémorragie a commencé.
- Il existe un doute quant à la procédure correcte suivie en cas d’hémorragie post-partum.
- La césarienne d’urgence pour triplés diffère d’une césarienne programmée, car les complications d’hémorragie post-partum ou intra-partum doivent être anticipées.
- Une hystérectomie est réalisée en dernier recours.
- Le kit chirurgical laissé à l’intérieur de l’abdomen de la plaignante a provoqué un abcès, entre autres.
Aujourd’hui, elle ne jouit pas d’une bonne santé. Elle est dépressive, stressée et de mauvaise humeur. Non seulement elle a perdu toute joie de vivre, mais elle dépend des autres pour effectuer ses activités quotidiennes. Elle ne peut plus concevoir, ayant été forcée à une ménopause précoce. De plus, en raison de son état de santé instable et de sa faiblesse permanente, elle est dans l’incapacité de trouver un emploi.
La plaignante considère avoir subi un énorme préjudice en raison de « négligence grave », d’« imprudence » et de « manque de professionnalisme » de la part des préposés du ministère de la Santé et de la Qualité de vie. Selon elle, il y a eu « faute lourde » de leur part, d’où sa réclamation de Rs 10 millions.
Le 25 novembre 2024, devant la Cheffe juge Bibi Rehana Mungly Gulbul, Me Doorgesh Kumar Manikaran, Principal State Attorney, représentant l’État et le ministère de la Santé et de la Qualité de vie, a proposé une indemnisation de Rs 2,5 millions à la plaignante. Mes Shadmeenee Mootien et Pazany Thandarayan (avocat) représentant la plaignante ont soutenu que cette dernière acceptait l’offre. Ainsi, la Cheffe juge a officialisé l’accord entre les deux parties par un jugement.
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